FaireFrance, la marque de lait équitable qui monte
Ils sont éleveurs et ils ont créé leur propre marque, FaireFrance. Ils ont invité 2 députés pour leur exposer leur démarche et leur faire prendre le pouls d’une profession.
« Faire du lait pour faire du lait, ça ne nous intéresse pas ». Marre de ne pas être assez rémunérés, ces éleveurs en ont marre. Mais ils ne veulent pas non plus verser dans la plainte. Alors ils ont décidé qu’ils pouvaient euxmêmes proposer d’autres règles du jeu, en créant leur propre marque, « transmissible de générations en générations » : FaireFrance*. Premier produit estampillé : le lait. Non, le « lait équitable », ce qui n’a rien à voir ou presque. Reste à communiquer sur leur démarche hors le cercle de l’association des producteurs de lait indépendants (APLI**), l’éminence grise de la société FaireFrance SAS à laquelle ils adhèrent.
Relais à l’Assemblée
Aussi ces éleveurs associés ont-ils invité le député PS de la 1ère circonscription de la Mayenne Guillaume Garot et le député PS de la 4ème circonscription de la Sarthe Stéphane Le Foll, respectivement ex ministre délégué à l’agroalimentaire et ex ministre de l’agriculture dans l’exploitation La Frogerie, chez Sébastien Brehault, à Villaines-la Juhel pour la défendre, en espérant trouver des relais d’opinion dans les rangs de l’Assemblée nationale contre « les abuseurs de brèches dans le système ». Et leur glissant, au passage, qu’on a oublié de les inviter aux Etats généraux de l’alimentation.
Redonner du sens
« Je suis allé à ma première rencontre avec la grande distribution avec la peur au ventre ». Reste qu’Adrien est de ces éleveurs qui ont su convaincre une grande enseigne de la distribution de mettre en rayon les briques de lait FaireFrance au « juste prix ». Les fameuses briques bleues contiennent du lait demi-écrémé***, qui est celui que les consommateurs privilégient : c’est le moyen le plus opportun de faire connaître la marque, le produit d’appel de notoriété jugé le plus efficace. Derrière, il y a bel et bien « un concept ». Et ces éleveurs associés savent se dépasser tant ils ont l’envie furieuse de réussir à imposer leurs valeurs, qui sont les seules à leurs yeux à rendre son sens à leur métier.
« Juste prix »
« Quand on n’arrive pas à entrer dans les centrales d’achats, on entre dans les magasins ». Les magasins sont évidemment libres de décider du prix de vente, mais il leur est conseillé de ne pas le faire tomber endeçà de la barre des 99 cents. 99 cents, le prix que les éleveurs associés jugent « équitable » parce qu’il permet de rémunérer tout le monde sans léser personne : ni le producteur, ni le distributeur, ni le consommateur. «Au lieu de négocier, on a pris les choses à l’envers, en demandant au préalable à ce qu’il revienne 45 cents au producteur ». Aujourd’hui, le lait FaireFrance est présent dans 7 500 magasins de l’hexagone. 500 éleveurs sont embarqués en France dans l’aventure. 73 sont ligériens, 13 sont mayennais. En revanche, il n’y en a pas encore un qui soit sarthois. Pourtant, la démarche a déjà attiré l’attention des Japonais.
Pour un dialogue durable
« Hep, là, ce n’est qu’une première rencontre ! ». Sébastien Brehault a rattrapé les élus par la manche, avant qu’ils s’en aillent. Pas question de leur laisser à penser que le dialogue va s’arrêter là, comme quand une visite de courtoisie a été honorée. Sauf à ce qu’ils refusent de porter la notion d’équité indexée sur les besoins de chacun, chère à ces éleveurs associés, par opposition à celle d’égalité, soumise à une comptabilité qui mélange les choux et des carottes pour oublier les contributions réelles de chacun.