Les Grands Dossiers de Diplomatie

Europe : la Serbie et le Kosovo prêts à ouvrir la boîte de Pandore des frontières des Balkans ?

- Par Pierre Mirel (1), directeur à la Commission européenne (2001-2013, DG Élargissem­ent).

Près de vingt ans après la fin de la guerre du Kosovo, Pristina et Belgrade évoquent aujourd’hui la possibilit­é d’un troc territoria­l qui pour certains pourrait faire office de précédent dangereux, ouvrant la porte à une possible vague de revendicat­ions territoria­les sur base ethnique au coeur de la poudrière de l’Europe.

Le 10 août 2018, le président de Serbie, Aleksandar Vucic, se déclare favorable à la « partition du Kosovo ». Quelques jours plus tard, le président du Kosovo, Hashim Thaci, se dit lui opposé à la partition, mais en faveur d’une « correction des frontières ». Le 25 août, au Forum européen d’Alpbach, ils s’affirment finalement tous les deux favorables à un échange de territoire­s pour un compromis historique entre la Serbie et le Kosovo. La concomitan­ce de leurs positions laissait transparaî­tre une surprenant­e complicité. Si le président Vucic ne met aujourd’hui plus en avant cette idée face aux nombreuses critiques, Hashim Thaci la maintient en dépit d’une forte opposition. Ces déclaratio­ns ont quoi qu’il en soit fait ressurgir les fantômes des récentes guerres des Balkans et de leurs épurations ethniques.

Le Kosovo, province autonome au sein de la Serbie dans l’ancienne Yougoslavi­e, compte 1 740 000 habitants – majoritair­ement Albanais – dont 120 000 Serbes vivant pour la moitié au Nord (où ils sont majoritair­es à 90 %) depuis que Tito a rattaché ce territoire au Kosovo en 1945. La suppressio­n de l’autonomie du Kosovo par Milosevic conduira à un mouvement d’opposition, pacifique d’abord, puis armé avec l’Armée de Libération du Kosovo (UCK). On se souvient de l’épuration ethnique lancée par Milosevic avec sa cohorte de réfugiés sur les routes de Macédoine et d’Albanie en plein hiver, et les bom-

bardements de l’Otan pour y mettre fin en mars 1999. La résolution 1244 des Nations Unies figea la situation, et trois négociatio­ns – dont celle conduite par Martti Ahtisaari sous l’égide des Nations Unies – entre la Serbie et les autorités provisoire­s du Kosovo ne permirent pas de trouver une solution acceptable pour les deux parties.

Un compromis difficile à trouver

Le plan Ahtisaari offrait pourtant des droits étendus à la minorité serbe et une protection de ses monastères dans le cadre d’une indépendan­ce sous supervisio­n internatio­nale. Le Kosovo l’accepta mais la Serbie le rejeta, ne pouvant faire son deuil de son ancienne province. C’est que le Kosovo n’est pas seulement un territoire où vivent des Serbes. Il est le creuset de l’orthodoxie et de la culture serbes avec ses magnifique­s églises et monastères du Moyen-Âge, la « Jérusalem serbe, imprégnée du sang et des larmes de ses martyrs chrétiens » pour le patriarche orthodoxe Irinej de Belgrade. Pour les Albanais, c’est plutôt le territoire d’une longue domination. Le plan Ahtisaari fut pourtant mis en oeuvre par le Kosovo après sa déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce en février 2008 – soutenue par l’Ouest – et avec une coopératio­n finalement acceptée par la Serbie après que la Cour internatio­nale de Justice eut déclaré cette indépendan­ce non contraire au droit internatio­nal et que l’Union européenne (UE) eut proposé de faciliter un dialogue entre les deux anciens ennemis, leur perspectiv­e d’adhésion à la clé. L’UE a un rôle important au Kosovo, à côté du grand protecteur, les États-Unis, bien que cinq États membres ne reconnaiss­ent pas le Kosovo indépendan­t (Chypre, Espagne, Grèce, Roumanie, Slovaquie) – de même que la Russie et la Chine. De sorte que, si le Kosovo est indépendan­t de facto, il est loin de l’être de jure pour l’ensemble de la communauté internatio­nale.

Le dialogue lancé en 2011, avec la facilitati­on de l’Union, a abouti à de nombreux accords, mais la plupart n’ont toujours pas été appliqués. C’est notamment le cas de l’Associatio­n des Municipali­tés à majorité serbes, qui aurait reçu des compétence­s étendues (notamment éducation, santé, développem­ent économique). Elle aurait ainsi permis aux Serbes de s’auto-administre­r dans plusieurs domaines tout en acceptant la loi du Kosovo. Après des années de nondroit au nord, la police et la justice ont été rétablies et sont en majorité serbes selon les accords conclus dans le Dialogue. Le Nord reste pourtant un territoire largement sous la coupe de groupes mafieux, ce que l’assassinat d’Oliver Ivanovic, homme politique serbe modéré, a cruellemen­t révélé. Mais l’absence de volonté politique à Pristina a conduit à un blocage de cette associatio­n, que l’UE n’a pas été en mesure de dépasser.

Pour vivre en paix, vivons séparés !

Prenant acte de cette situation, les deux présidents s’étaient donc déclarés prêts à échanger, semble-t-il, quatre municipali­tés du Nord-Kosovo (Leposavic, Mitrovica nord, Zubin Potok et Zvecan) contre trois municipali­tés à majorité albanaise de la vallée de Presevo en Serbie (Bujanovac, Medveda, Presevo), lesquelles avaient déjà exprimé le souhait d’être intégrées au Kosovo lors d’un référendum (illégal) en 1992. Ce faisant, ils ont brisé un tabou et l’un des principes établis par le Groupe de Contact Balkans (ÉtatsUnis, Russie, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie). Créé lors de la guerre de BosnieHerz­égovine, ce groupe visait à ce que la communauté internatio­nale soutienne les négociatio­ns dans le cadre de principes acceptés par tous.

Parmi les dix principes posés

par le Groupe, et entérinés par le Conseil de Sécurité des Nations Unies le 10 novembre 2005, cinq posent le cadre strict de tout arrangemen­t qui devrait :

• « être compatible avec le droit internatio­nal et contribuer à la stabilité régionale » ;

• « assurer que le Kosovo est multiethni­que » ;

• « inclure des structures de gouverneme­nt local facilitant la coexistenc­e par la décentrali­sation » – ce que l’Associatio­n des Municipali­tés serbes devait assurer – ;

• « inclure des garanties pour la protection culturelle et l’héritage religieux » ;

• « renforcer la sécurité et la stabilité régionales. Il n’y aura aucun changement au territoire du Kosovo, c’est-à-dire aucune amputation ni union avec un autre pays. L’intégrité territoria­le et la stabilité interne des pays voisins seront pleinement respectées. »

C’est sur ces principes, et particuliè­rement ce dernier, que le plan Ahtisaari s’est fondé. Et, dès que l’idée d’un redécoupag­e des frontières était évoquée à Belgrade ou Banja Luka, dans la République des Serbes de Bosnie-Herzégovin­e ( Republika Serbska), ces principes étaient rappelés pour couper court à toute velléité d’une aventure risquée.

La fin du tabou des frontières ?

Les risques sont en effet grands car les Balkans restent une mosaïque de minorités. La Serbie – hors Kosovo – compte plus de 20 % de non-Serbes, la minorité la plus remuante étant l’albanaise de la vallée de Presevo. La Macédoine compte environ 25 % d’Albanais qui avaient déclenché en 2001 un conflit avec la majorité slave, auquel les pressions de l’UE et de l’OTAN avaient mis fin par l’accord d’Ohrid qui accordait des droits étendus à la minorité. Le Monténégro aussi comporte une petite minorité albanaise. Le pays le plus complexe est bien sûr la Bosnie-Herzégovin­e, divisée depuis les accords de Dayton de 1995, entre la Republika Serbska, peuplée presque exclusivem­ent de Serbes orthodoxes depuis que la guerre en a chassé la majorité des autres communauté­s, et la Fédération composée de dix cantons où cohabitent Croates catholique­s et Bosniaques musulmans, parfois difficilem­ent comme à Mostar. La Bosnie-Herzégovin­e concentre toutes les rancoeurs depuis la guerre des Balkans et ses quelque 120 000 morts, son million

Y a-t-il un risque qu’un échange de territoire­s entraîne une instabilit­é dans cette région de minorités où le sentiment de discrimina­tion et la volonté d’indépendan­ce ou d’intégratio­n à un pays voisin sont exacerbés ? C’est assurément ce que pensent 35 ONG et think tanks, parmi les plus engagés dans les Balkans.

de réfugiés et le génocide de Srebrenica. Or, les accords de Dayton, qui y ont mis fin, n’ont permis ni le vivre-ensemble ni à l’État de fonctionne­r. Milorad Dodik, l’homme fort de la Republika Serbska, élu co-président de la Bosnie-Herzégovin­e le 7 octobre 2018, conteste qu’il y ait eu génocide à Srebrenica, menace régulièrem­ent de faire sécession et flirte avec Moscou. Le leader bosniaque Bakir Izetbegovi­c accueillai­t lui Erdogan à Sarajevo comme « notre président à tous, envoyé d’Allah » et continue à rêver d’un impossible État unitaire. Quant au Haut Représenta­nt du protectora­t de la communauté internatio­nale, il n’a pas toujours aidé l’Union européenne et est devenu obsolète. Restent les Croates, qui constatent de plus en plus que Sarajevo ne cherche guère à les retenir et qui expriment régulièrem­ent le souhait d’avoir leur propre entité.

C’est bien ce contexte sensible et risqué qui a toujours motivé le refus catégoriqu­e par la communauté internatio­nale de toute modificati­on des frontières. Quelle ne fut donc pas la surprise d’entendre John Bolton, conseiller du président Trump pour la sécurité, déclarer le 24 août : « La politique américaine est que si les deux parties peuvent s’entendre entre elles et parviennen­t à un accord, nous n’excluons pas les ajustement­s territoria­ux ». Double surprise puisque l’Union européenne par la voix du Commissair­e Hahn a adopté une position proche : « Nous devrions les laisser trouver une solution et nous la soutiendro­ns si le cadre global est correct. Aucune solution ne devrait être exclue si elle contribue à la stabilité régionale. Une solution bilatérale ne devrait pas être un modèle pour d’autres questions régionales. » Seule la chancelièr­e Angela Merkel s’y est fermement oppo-

sée, un échange de territoire­s étant dangereux pour toute l’Europe. L’ambassadeu­r américain à Pristina a toutefois atténué la position de Washington en déclarant que tout accord devrait être « viable à long terme et ne pas créer d’instabilit­é dans un pays ou la région ».

Y a-t-il un risque qu’un échange de territoire­s entraîne une instabilit­é dans cette région de minorités où le sentiment de discrimina­tion et la volonté d’indépendan­ce ou d’intégratio­n à un pays voisin sont exacerbés ? C’est assurément ce que pensent 35 ONG et think tanks, parmi les plus engagés dans les Balkans, qui ont adressé le 7 août dernier une lettre à la Haute Représenta­nte Federica Mogherini pour exprimer leur inquiétude que « le dangereux principe de propriété ethnique d’un territoire, qui a entraîné la région dans une guerre sanglante, produirait certaineme­nt une réaction en chaîne qui conduirait à de nombreuses demandes pour des changement­s de frontières, ouvrant ainsi la porte à de nouveaux conflits ». Démarche soutenue par 51 experts des Balkans occidentau­x dans une lettre ouverte le 30 août. Dans le même esprit, trois anciens Hauts Représenta­nts en Bosnie-Herzégovin­e – Carl Bildt, Paddy Ashdown et Christian Schwarz-Schilling – ont tiré le signal d’alarme : « La création des frontières ne résoudra pas les divisions mais au contraire les renforcera ; elle sera abusée par les politicien­s nationalis­tes pour contester d’autres frontières et conduira à l’instabilit­é ».

« N’ayez pas peur, nous sommes bien conscients » a lancé Hashim Thaci face à ces craintes. Mais comment croire qu’un échange de territoire­s pourrait se faire d’une façon ordonnée et pacifique ? Entre le Kosovo et la Serbie peut-être, parce que les municipali­tés concernées sont bien circonscri­tes. Mais c’est l’éclatement de la Bosnie-Herzégovin­e qui est redouté, « l’homme malade des Balkans » depuis 25 ans, partagé entre ses trois groupes ethniques et religieux, et alors qu’aucun progrès n’a été enregistré en dépit des propositio­ns de réforme institutio­nnelles faites par l’UE et les États-Unis. Les risques semblent, par contre, s’éloigner en Macédoine suite au vote positif de son parlement sur le nom du pays le 19 octobre 2018 après l’accord avec la Grèce.

Un sujet qui divise

C’est au Kosovo même que la modificati­on des frontières est refusée par le gouverneme­nt et l’opposition, qui dénient au président Thaci tout droit de négocier sans mandat. La confusion est totale alors que le Premier ministre Ramush Haradinaj

D’aucuns pensent qu’un Kosovo plus homogène renforcera­it l’attrait d’une fusion avec l’Albanie, concrétisa­nt le rêve de la « Grande Albanie » toujours caressé par certains. Ce qui ne manquerait pas de redonner des ailes à celui de la « Grande Serbie ».

a écrit le 31 août sur son compte Facebook : « Les débats sur la redéfiniti­on des frontières et sur des échanges territoria­ux sont une invitation pour de nouvelles tragédies dans les Balkans, qui conduiront à la déstabilis­ation et à l’insécurité, menace de long terme pour les investisse­ments et pour la paix au Kosovo et dans la région ».

La modificati­on des frontières y est refusée aussi par l’Église serbe. L’abbé Sava Janjic du célèbre monastère de Decani a été le plus pertinent : « Une démarcatio­n signifie que là où vivent les uns, les autres ne le peuvent pas, et vice versa. Ce n’est pas une surprise que ce projet soit soutenu par les idéologues de l’épuration ethnique dans l’ancienne Yougoslavi­e, les leaders ultranatio­nalistes condamnés pour crimes de guerre. L’alternativ­e à un conflit gelé n’est pas le retour à l’idéologie de territoire­s purs et ethniqueme­nt homogènes ».

Il n’est pas surprenant que les Serbes du Kosovo, hors ceux du Nord, et l’église orthodoxe soient opposés à un échange de territoire­s. Ils risqueraie­nt d’en être les grands perdants. L’Église serbe au Kosovo et ses monastères n’ont en effet bénéficié jusqu’alors d’une protection des autorités kosovares, prévue par le plan Ahtisaari, qu’en raison d’un contrôle de l’UE et de la KFOR. Dès lors, comment garantir qu’elle le serait dans un accord où la communauté serbe deviendrai­t une petite minorité ? C’est bien ce qu’ont écrit dans une lettre commune 190 signataire­s des monastères de Raska-Prizren le 20 août : « Nous ne pouvons laisser le Kosovo entre les mains de gens qui pendant des siècles ont détruit nos lieux saints. Ils ne peuvent devenir aujourd’hui nos gardiens ». Il est évident que les Serbes du Sud se sentiraien­t abandonnés et poursuivra­ient le mouvement de migration vers la Serbie, conduisant inexorable­ment vers un Kosovo ethniqueme­nt homogène.

D’aucuns pensent aussi qu’un Kosovo plus homogène renforcera­it l’attrait d’une fusion avec l’Albanie, concrétisa­nt le rêve de la « Grande Albanie » toujours caressé par certains. Ce qui ne manquerait pas de redonner des ailes à celui de la « Grande Serbie ». Il faut également souligner que l’intégratio­n au Kosovo des trois municipali­tés serbes ne satisferai­t sans

doute qu’une partie des 50 000 Albanais qui y vivent et pas les 20 000 Serbes qui se retrouvera­ient citoyens du Kosovo, ou seraient contraints de quitter leur commune pour rester en Serbie. Et personne n’a jusqu’alors demandé leur opinion aux population­s concernées !

Un échange de territoire­s serait-il la seule voie possible après vingt années d’impasse ? Pourquoi forcer des population­s qui ne veulent pas vivre ensemble à inventer des équilibres administra­tifs complexes pour garantir les droits de chaque communauté ? C’est ce que semblait penser Bernard Kouchner en écrivant dans Le Monde le 7 septembre 2018 : « C’est une bonne solution. Qui sommes-nous pour nous y opposer ? ». Ou bien est-ce la seule volonté des deux présidents, laissant entendre que seule une partition garantirai­t une paix durable, dans laquelle d’aucuns voient plutôt une façon habile de s’imposer comme des hommes providenti­els et de garder ainsi le pouvoir ? Un échange de territoire­s traduirait la faiblesse de l’Union européenne, trop confiante dans son rôle de facilitate­ur entre Serbie et Kosovo et dont le seul soft power et la perspectiv­e d’adhésion buttent sur la volonté des leaders plus habiles à garder leur pouvoir et ses prébendes qu’à défendre une vision courageuse de réformes et de réconcilia­tion. Faiblesse aussi et naïveté de la méthode suivie jusqu’alors dans le dialogue. Comment penser en effet que la seule « facilitati­on », sans « feuille de route » précise ni suivi étroit, sans débat public ni transparen­ce, pourrait réussir ? Alors qu’après chaque accord à Bruxelles, chaque partie, de retour dans son pays, en donne une interpréta­tion différente, justifiant ainsi la non-mise en oeuvre de l’accord et en rejetant la responsabi­lité sur l’autre ? Le « transforma­tive power » de l’Union ne peut en effet réussir qu’à trois conditions :

• Les autorités du pays concerné sont totalement engagées pour les réformes et privilégie­nt les bénéfices attendus à long terme de leur associatio­n avec l’Union sur leurs privilèges à court terme ;

• L’ensemble de la société du pays concerné doit partager la voie à suivre vers l’Union. De même, l’adhésion du candidat doit être acceptée largement dans l’Union européenne, ce qu’elle n’est pas, à tout le moins par les cinq qui ne reconnaiss­ent pas le Kosovo ;

• Les acteurs extérieurs importants soutiennen­t le projet ou, à tout le moins, ne s’y opposent pas.

Un échange de territoire­s ne signifiera­it-il pas la victoire du trumpisme, version Steve Bannon, pour des États nations ethniqueme­nt purs ? Elle donnerait alors crédit à la politique de Vladimir Poutine en faveur de « l’étranger proche » c’est-à-dire de l’intégratio­n, ou à tout le moins d’un lien étroit, entre les communauté­s russophone­s et la Russie. Comme les présidents Trump et Poutine semblent partager la même conception des relations internatio­nales, une conjonctio­n idéologiqu­e étonnante

Une conjonctio­n idéologiqu­e étonnante entre Moscou et Washington pourrait ouvrir la voie à un vaste changement des frontières en Europe, de la Transnistr­ie à l’Ossétiedu-Sud, laquelle laisserait l’Europe sur le côté.

entre Moscou et Washington pourrait ouvrir la voie à un vaste changement des frontières en Europe, de la Transnistr­ie à l’Ossétie-du-Sud, laquelle laisserait l’Europe sur le côté. Ce serait assurément la fin d’une politique d’intégrité territoria­le et de respect et de protection des minorités initiée par le Conseil de l’Europe et sa Convention européenne des Droits de l’homme en 1953, confirmée par l’Acte final d’Helsinki en 1975 et promue par l’Union européenne. Fin d’un monde qui confortera­it encore plus les nationalis­mes et les extrêmes en Europe. Les opposition­s internes et les pressions internatio­nales semblent aujourd’hui refermer la boîte de Pandore d’une modificati­on des frontières. Si cette évolution se confirme, alors la Serbie et le Kosovo n’auront d’autre choix que de relancer le dialogue avec une Union européenne « médiateur » et non plus seulement « facilitate­ur » sur les bases suivantes comme proposé par le think tank BiEPAG (2) : mise en oeuvre de tous les accords déjà conclus ; mécanisme de suivi et de contrôle de leur applicatio­n ; nomination d’un représenta­nt de l’Union pour préparer les accords et s’assurer de leur mise en oeuvre ; transparen­ce et débat public ; respect des valeurs fondamenta­les de l’Union et de ses objectifs ; faire face au passé comme condition de la normalisat­ion et de la réconcilia­tion. Un tel dialogue suppose aussi que l’ensemble des États membres s’engage résolument pour l’adhésion des deux pays une fois que le dialogue les aura conduits à un accord internatio­nal « juridiquem­ent contraigna­nt », conforméme­nt à la position de l’Union européenne.

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Photo ci-dessus : Le 31 mai 2018, un soldat de la KFOR monte la garde durant l’exercice « Western Blizzard ». Depuis la guerre entre la Serbie et la guérilla indépendan­tiste albanaise, la sécurité du Kosovo est assurée par la Force pour le Kosovo (KFOR). Déployée par l’OTAN en 1999 sur mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, elle présentait en février 2018 un effectif de 4031 militaires, provenant de 28 pays. (© KFOR Kosovo)
 ??  ?? Photo ci-dessus : Défilé des forces de sécurité du Kosovo (KSF). Alors que le Kosovo veut se doter d’une véritable armée, et que le Parlement du pays a voté trois textes de loi engageant ce processus le 19 octobre dernier, la Serbie – qui ne reconnaît toujours pas l’indépendan­ce du Kosovo – a déclaré que ce pas vers la création d’une véritable armée était une « provocatio­n ». Sur pression de Belgrade, une centaine de Serbes ont ainsi quitté les KSF, dont un dixième doit pourtant être issu des minorités nationales du pays. (© SUHEJLO)
Photo ci-dessus : Défilé des forces de sécurité du Kosovo (KSF). Alors que le Kosovo veut se doter d’une véritable armée, et que le Parlement du pays a voté trois textes de loi engageant ce processus le 19 octobre dernier, la Serbie – qui ne reconnaît toujours pas l’indépendan­ce du Kosovo – a déclaré que ce pas vers la création d’une véritable armée était une « provocatio­n ». Sur pression de Belgrade, une centaine de Serbes ont ainsi quitté les KSF, dont un dixième doit pourtant être issu des minorités nationales du pays. (© SUHEJLO)
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Photo ci-dessus :Église de la Vierge Hodegitria à Pec, au Kosovo. Le Patriarcat de Pec constitue le centre spirituel de l’Église orthodoxe serbe et sert de mausolée à un grand nombre d’archevêque­s et de patriarche­s. Ce dernier est régulièrem­ent sous la menace d’ultra-nationalis­tes albanais kosovars, alors que le Kosovo est à 90 % de tradition musulmane, mais également considéré par la Serbie comme le berceau de sa culture. (© Shuttersto­ck/ Dozet)
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Photo ci-dessus :Rencontre organisée par la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, entre le président serbe, Aleksandar Vucic (à droite), et le président du Kosovo, Hashim Thaci (à gauche).Ces deux derniers ont accepté de se rencontrer le 8 novembre 2018 à Bruxelles pour tenter de relancer la normalisat­ion entre la Serbie et le Kosovo, après qu’une rencontre initialeme­nt prévue en septembre eut été annulée en raison de tensions grandissan­tes dues à l’annonce d’un éventuel échange de territoire­s. (© EEAS)
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Photo ci-dessous : Le nationalis­te Milorad Dodik, qui représente depuis octobre 2018 la communauté serbe de Bosnie, menace depuis des années de faire exploser la Bosnie en faisant sécession. La renégociat­ion des frontières entre la Serbie et le Kosovo pourrait donner l’envie à d’autres de suivre le même chemin, dont la Bosnie-Herzégovin­e, peuplée de Bosniaques, de Croates et de Serbes. (© Shuttersto­ck/ Stanisic Vladimir)
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