Les Grands Dossiers de Diplomatie
L’Amérique latine, un continent en proie à la violence ?
Depuis plusieurs années maintenant, l’Amérique latine est l’une des régions, si ce n’est la région, la plus violente au monde. Si le continent américain compte pourtant peu ou pas de conflits – en comparaison avec la situation au MoyenOrient ou en Afrique par exemple –, l’Amérique latine enregistre néanmoins des taux de violence records avec des pays parmi ceux ayant les taux d’homicides les plus élevés au monde. Pouvez-vous dresser un panorama de la violence en Amérique latine ?
J. Daudelin : Bien qu’il n’y ait pas de guerres en tant que telles, l’Amérique latine est effectivement une région de violences extrêmes. Il faut cependant noter de grandes variations d’un pays à l’autre. Ce n’est pas un panorama homogène entre les pays, ni même à l’intérieur des pays concernés.
Il y a d’abord un premier groupe de pays avec le Costa Rica, le Nicaragua, le Panama, le Pérou, la Bolivie, l’Équateur, le Chili, l’Argentine, le Paraguay ou l’Uruguay, qui sont relativement peu violents – bien qu’il faille apporter quelques nuances, car la situation en Argentine ou au Costa Rica par exemple est en train de se détériorer et elle est parfois fragile dans d’autres États. Au sein d’un pays comme le Brésil, les villes connaissent également des situations très différentes. Sao Paulo connaît un taux d’homicide de 10/100 000 alors que les villes du Nord-Est telles que Recife enregistrent des taux quatre, cinq à six fois plus élevés. On retrouve aussi d’autres villes relativement paisibles dans des pays considérés comme « violents », avec par exemple Mexico au Mexique, ou Bogota en Colombie. On peut donc constater une grande variation des niveaux de violence dans le continent et il serait ainsi faux de dire que l’ensemble de l’Amérique latine est violente.
Les zones les plus affectées se trouvent d’abord dans le Nord de l’Amérique centrale, au Honduras, au Salvador et au Guatémala, mais aussi au Vénézuéla et dans certaines régions du Brésil, où la violence connaît des niveaux extrêmes.
Contrairement à l’image de continent violent qui est véhiculée, il y a donc des zones, ou des villes, où la violence a diminué ?
Oui en effet, et le cas le plus représentatif est peut-être Sao Paulo, au Brésil, où le taux d’homicide est passé de 60 à 10 pour 100 000 en quelques années. Cette baisse peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’abord par une utilisation plus efficace des
services de police, mais aussi par la consolidation des organisations criminelles. Le monopole du PCC (Premier Commando de la Capitale) semble clairement avoir contribué à la diminution de la violence. Évidemment, la construction de ce monopole a été extrêmement violente, mais une fois celui-ci établi, et dans le contexte d’une dissuasion policière forte, les résultats ont été assez spectaculaires.
Quelles sont les origines de cette violence ? Existe-t-il un facteur commun spécifique aux pays de la région ? Et parallèlement, comment expliquer que certains pays tels que le Chili, l’Argentine ou l’Uruguay y échappent presque totalement ?
Comme vous le dites, le fait que certains pays de la région échappent presque totalement à la violence montre bien qu’il est très difficile de trouver des explications communes à l’ensemble de la région. Une large partie de la violence semble toutefois être liée à l’existence de marchés illégaux en expansion mais mal gérés par les organisations criminelles, en grande partie à cause des perturbations de ces marchés par le type d’action policière privilégié par les gouvernements. Par exemple, il est intéressant de souligner que la consommation de drogue du Brésil est inférieure à celle du Canada, mais qu’au Canada, les marchés illégaux ne sont pas violents. En effet, les organisations criminelles canadiennes ont des relations relativement stables et la police décourage systématiquement l’utilisation de la violence. Dans les pays d’Amérique latine qui rencontrent des phénomènes de violence, c’est exactement l’inverse qui se produit. L’action policière perturbe le fonctionnement des marchés illégaux et cela rend les relations entre organisations criminelles extrêmement instables. Par ailleurs, dans ces pays, la violence est très mal réprimée, avec des taux de résolution de crimes qui sont très bas, notamment dans le cas des homicides. Aujourd’hui, tuer quelqu’un à Recife n’est ni coûteux, ni très risqué. Ce n’est pas du tout le cas à Toronto ou à Paris.
Le 26 septembre 2016, le président colombien signait un accord de paix historique avec le commandant des FARC après 52 ans de conflit armé (1). Où en est cet accord de paix et quid de la situation réelle sur le terrain ?
À ma connaissance, l’essentiel des troupes des FARC est toujours engagé dans le processus de démobilisation. Je ne pense donc pas que l’on puisse assister à une remobilisation des FARC. En revanche, le groupe rebelle ELN (2) continue, lui, à être actif, bien que ses capacités militaires soient marginales. Le maintien dans le pays de quelques poches d’instabilité et de violence politique reste donc possible.
Il faut également noter que certaines unités des FARC ont préféré rejoindre des organisations criminelles plutôt que de se démobiliser. Les FARC s’appuyaient déjà depuis un certain temps sur le trafic de drogue pour assurer le financement de leur mouvement, et certains de leurs membres ont choisi de se convertir pleinement à ce type d’activités. Des organisations criminelles occupent maintenant le terrain laissé vacant par les FARC. Il y a donc une reconfiguration du contrôle territorial dans une partie des zones rurales – en particulier les régions productrices de coca – qui entraîne le maintien et même une recrudescence de la violence.
Par ailleurs, le nouveau gouvernement colombien élu en août 2018 a émis des réserves concernant les concessions qui avaient été faites aux FARC, par exemple en matière de réintégration à la vie civile et de participation à la vie politique. Un certain nombre d’engagements sont remis en cause par le nouveau président Ivan Duque. Cela pourrait avoir des conséquences
Dans les pays d’Amérique latine qui rencontrent des phénomènes de violence, l’action policière perturbe le fonctionnement des marchés illégaux et cela rend les relations entre organisations criminelles extrêmement instables.
sur le processus de démobilisation en cours, même si, comme je vous l’ai dit, je doute qu’une remobilisation des FARC puisse avoir lieu, notamment parce qu’ils ne disposent plus de sources stables de financement. Le gouvernement s’avère également incapable, ou peu enthousiaste, à l’idée de pleinement protéger les organisations civiles qui sont actives dans les zones anciennement contrôlées par les FARC. Ces organisations sont particulièrement vulnérables et on déplore déjà plusieurs victimes parmi leurs membres et leurs dirigeants.
Enfin, il faut aussi souligner que le premier chapitre des accords de paix, qui concernait les questions agraires, est très problématique. En effet, les terres anciennement consacrées à la culture de la coca, qui devaient être reconverties vers d’autres types de cultures, sont confrontées à un problème de viabilité économique. La valeur ajoutée de la production de coca est en effet incomparable et les agriculteurs se retrouvent aujourd’hui sur des terres qui ont peu de valeur car trop éloignées des marchés.
En Amérique centrale, et particulièrement au Honduras, au Guatémala et au Salvador, la violence extrême des « Maras » gangrène la région et pousse les populations à l’exil. Quelle est la stratégie adoptée par ces pays pour lutter contre cette ultra-violence ?
Les gouvernements de ces trois pays ont adopté depuis plusieurs années déjà une ligne politique dure à l’encontre des organisations criminelles et du trafic de drogue. Or, il s’avère que ce type de politique a très peu d’impact positif et qu’il contribue contribue plutôt à déstabiliser les relations entre organisations criminelles. De plus, la capacité de ces gouvernements à contrôler les Maras est extrêmement limitée. La puissance des Maras vient d’une part de leur capacité de mobilisation des jeunes, notamment dans les périphéries urbaines des pays de la région mais aussi aux États-Unis. Elle s’explique également en partie par les liens qu’entretiennent les Maras avec des réseaux criminels transnationaux extrêmement riches et puissants, par exemple les grandes organisations mexicaines de trafic de drogues et les gangs de prisons en Californie. Les gouvernements de la région se trouvent démunis face à cette situation, d’autant plus que les élites de ces pays ont toujours refusé de payer les taxes qui auraient permis à ces gouvernements de développer une capacité administrative et militaire effective. Sans argent, sans moyens et avec des politiques dysfonctionnelles, la lutte est inégale.
Est-il néanmoins possible que ces États reprennent le contrôle de la situation et de leur territoire ?
Du point de vue des ressources internes, c’est assez déprimant. Il est donc difficile d’imaginer une reprise en main qui ne passerait pas par un appui international.
La puissance des Maras vient d’une part de leur capacité de mobilisation des jeunes, et d’autre part des liens qu’entretiennent les Maras avec des réseaux criminels transnationaux extrêmement riches et puissants.
Mais un pays comme les États-Unis serait-il vraiment intéressé à participer ? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, on peut se demander si les gouvernements de la région sont vraiment prêts à s’engager pleinement dans un tel combat, et si l’aide internationale ne les encouragerait pas plutôt à limiter leur propre investissement.
Une autre option serait que ces gouvernements s’entendent avec les Maras, comme cela se fait actuellement dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, comme cela s’est fait en Birmanie avec la junte militaire, ou comme cela se ferait sûrement en Afghanistan si la force internationale se retirait. Mais le paradoxe, c’est que l’Amérique centrale est trop avancée dans son processus de démocratisation pour accepter ce type de condominium que les Mexicains appellent la pax narcotica. C’est justement ce qui se faisait au Mexique avant l’arrivée au pouvoir de Felipe Calderon, en 2006. Le pays était alors très peu violent, alors même que les cartels mexicains prenaient le contrôle du commerce continental de cocaïne en profitant de la marginalisation des trafiquants colombiens. Au cours de cette « montée en puissance », au tournant du siècle, les taux d’homicides au Mexique ont baissé de moitié. C’était le cas parfait d’une gestion fonctionnelle des marchés illégaux et d’une collaboration étroite entre les gouvernements et les organisations criminelles. Cet arrangement était bien évidemment incompatible avec la lente évolution démocratique du pays.
C’est toutefois pour des raisons d’opportunisme politique, que le président Felipe Calderon a décidé de lancer une offensive contre les cartels et a ainsi brisé la pax narcotica, plongeant le pays dans la violence [voir p. 41].
Depuis mi-avril, le Nicaragua est en proie à un mouvement social qui secoue le pays et qui aurait provoqué plus de 300 morts. Alors qu’une partie de la population réclame le départ du président Daniel Ortega, le pays peut-il basculer de nouveau dans la guerre civile (3) ?
Je ne le pense pas, tout simplement parce que le gouvernement actuel contrôle la police et l’armée, et que l’opposition est désarmée. La raison pour laquelle la guerre civile des années 1980 a pu durer aussi longtemps au Nicaragua, c’est parce que les États-Unis finançaient l’opposition armée. Ce n’est pas du tout le cas actuellement. Aujourd’hui, il y a un monopole de la violence qui est entre les mains du gouvernement et qu’il serait difficile de remettre en cause.
S’il devait y avoir un changement politique ou une déstabilisation, il faudrait qu’une brisure ait lieu au sein même du régime, entre Daniel Ortega et l’appareil militaire. On a pu observer que les manifestations qui ont eu lieu cette année ont bien souvent été démantelées par une milice politique, ce qui suggère que le président Ortega s’est construit un appareil parallèle, probablement parce qu’il n’a pas pleinement confiance en l’armée et la police. Cela pourrait jouer contre lui si les forces de sécurité officielles venaient à percevoir l’expansion de ces milices comme une menace. C’est un peu ce qui s’est passé au Vénézuéla avec les Chavistes, lorsqu’ils ont commencé à développer des milices parallèles. Mais Hugo Chavez, puis Nicolas Maduro, ont réussi à acheter les dirigeants militaires en leur donnant accès aux rentes pétrolières. Malheureusement, il n’y a pas de pétrole au Nicaragua. Tout dépendra donc de la relation entre Ortega et les militaires.
Que ce soit dans les favelas, dans les prisons, mais également dans les zones rurales, le Brésil est aujourd’hui un pays gangréné par la violence. Si le nouveau président brésilien a fait de la lutte contre la criminalité l’un de ses chevaux de bataille, le défi semble de taille alors que le ministre brésilien de la Défense a dénoncé une « faillite » du système de sécurité du pays avec un crime qui s’est « nationalisé, voire internationalisé ». Quelle est concrètement la situation ? Le Brésil peut-il connaître la situation du Mexique ? Premièrement, même si le pays est extrêmement violent, il faut d’abord bien comprendre que le Brésil n’est pas beaucoup plus violent aujourd’hui qu’il y a dix ans. Il n’y a pas eu une augmentation de la violence, mais un déplacement de la
Il faudrait faire en sorte que cela devienne risqué de tuer quelqu’un au Brésil, ce qui n’est pas le cas actuellement, surtout si la victime est pauvre ou présumée criminelle.
violence, essentiellement du Sud-Est du pays vers le Nord-Est. Elle est passée de régions où les marchés illégaux sont demeurés stables, où les appareils policiers ont été renforcés et où les organisations criminelles se sont consolidées, vers une région où la baisse de la pauvreté semble avoir favorisé une expansion des marchés illégaux, sans pour autant que les capacités policières aient augmenté significativement ou que la fragmentation des organisations criminelles ait diminué. Deuxièmement, il faut savoir que le Mexique n’a jamais été aussi violent que le Brésil. Certains ont parfois dit que le Mexique devait suivre la voie tracée par la Colombie, à un moment où le taux de criminalité colombien était pourtant supérieur à celui du Mexique. Il est vrai que la violence est actuellement en croissance au Mexique, mais le pays demeure encore moins violent que le Brésil. Selon les derniers chiffres que j’ai en main, le Mexique présente un taux d’homicide de 25/100 000 et le Brésil est à 31/100 000 (4), mais il faut bien prendre en compte qu’il y a une grande volatilité dans la violence, car elle est influencée directement par l’évolution des marchés de la drogue locaux.
Que peut-on attendre de Jair Bolsonaro dans la lutte contre la violence et la criminalité au Brésil ?
La situation criminelle au Brésil est en effet très mauvaise. Le nouveau président Jair Bolsonaro en a fait l’un de ses chevaux de bataille, mais il dispose de très peu de moyens et il semble très mal vouloir les utiliser. Pourquoi a-t-il si peu de moyens ? Tout simplement car la sécurité publique n’est pas de juridiction fédérale. De plus, le gouvernement fédéral a peu de ressources et l’un des grands défis de Jair Bolsonaro va être de gérer l’énorme déficit public. Enfin, l’appareil militaire n’est pas très bien financé et une large partie des fonds alloués servent à payer les salaires et les pensions. Le commandement des forces armées semble d’ailleurs très peu enthousiaste à l’idée de lancer des troupes à la poursuite de gangs bien armés, cachés dans les petites ruelles des villes brésiliennes. Là où Jair Bolsonaro peut agir, c’est en cautionnant l’utilisation de la violence par les gouvernements des États brésiliens. Il y a d’ailleurs déjà
eu des annonces à ce sujet de la part des gouverneurs de Sao Paulo et de Rio de Janeiro. Bien que les policiers soient déjà extrêmement violents dans ces deux États, ils risquent d’être d’autant plus protégés de recours légaux et seront encouragés à tirer pour tuer. Il y a également eu une annonce concernant la baisse de la majorité pénale, impliquant que les jeunes de 17 ans seront traités comme des adultes. Cela signifie que les prisons brésiliennes, déjà surpeuplées, le seront encore plus. Ce type de décision est dysfonctionnelle à plus d’un titre, en particulier car les prisons sont au coeur de l’appareil criminel au Brésil. En effet, les organisations telles que le Premier Commando de la Capitale (PCC) à Sao Paulo, le Commando Rouge ( Commando Vermelho) ou Les Amis des Amis ( Amigos dos Amigos) à Rio de Janeiro sont des groupes criminels qui sont nés en prison, qui sont en grande partie contrôlés depuis les prisons, et qui utilisent les prisons pour contrôler les marchés illégaux dans les grandes villes. Donc plus on met de gens en prison, plus on contribue à renforcer le pouvoir de ces organisations. Enfin, le nouveau chef de l’État ne semble pas du tout considérer la piste d’un assouplissement de la politique concernant les drogues, alors que cela permettrait pourtant de « détendre » le marché de détail des drogues illégales, qui concentre une partie importante de la violence dans le pays. Les autorités devraient laisser un peu de côté les petits trafiquants de drogue et mettre l’accent sur la dissuasion de la violence entre les gangs et dans la population en général, comme cela a brièvement été fait à Sao Paulo et à Recife, avec de bons résultats. La mise en place d’une ligne dure, comme l’annonce Bolsonaro, implique que la police n’interviendra pas pour empêcher que les criminels s’entretuent. Mais il faudrait plutôt faire en sorte que cela devienne risqué de tuer quelqu’un au Brésil, ce qui n’est pas le cas actuellement, surtout si la victime est pauvre ou présumée criminelle.
Face à ces violences, les populations latino-américaines sont bien souvent contraintes de choisir l’émigration. Que ce soient les Vénézuéliens, qui fuient un pays au bord du chaos, ou les populations d’Amérique centrale, qui fuient les Maras et la pauvreté à destination de l’Amérique du Nord, la région connaît d’importants changements de ses flux migratoires. Alors que le président américain menace de tirer sur les migrants clandestins, que le Pérou ferme ses portes aux réfugiés vénézuéliens et qu’un pays comme le Chili est aujourd’hui de plus en plus agité par le débat migratoire, les migrants peuvent-ils devenir une nouvelle source de conflit ou de tension en Amérique latine ?
Ce sera problablement une source de tensions. Mais il faut distinguer différents problèmes. Dans le cas de l’Amérique centrale, la dernière grande vague de réfugiés date des années 1980, lorsqu’ils fuyaient les grandes guerres civiles au Salvador, au Guatémala ou au Nicaragua pour trouver refuge au Costa Rica, au Mexique ou au États-Unis. Or, à l’époque, il n’y a pas eu de grands mouvements de résistance à leur migration. Ce phénomène de migration se poursuit aujourd’hui, pour d’autres raisons, et sans être nécessairement plus important, contrairement à ce que suggère la couverture médiatique aux États-Unis. En fait, la différence repose essentiellement sur un changement d’attitude du gouvernement américain vis-à-vis des réfugiés d’Amérique centrale, guidé par l’opportunisme politique de l’administration Trump.
Dans le cas du Vénézuéla, le phénomène est en revanche assez nouveau [voir p. 45]. Actuellement, les Vénézuéliens fuient la violence et une situation économique qui est épouvantable depuis plusieurs années. Cela peut certes mener à une déstabilisation et à certaines réactions politiques, voire à une mobilisation populiste autour de ce phénomène, mais cela m’inquiète moins que de voir l’exode vénézuélien déstabiliser – par son impact sur les marchés illégaux – des pays fragiles, comme le Pérou et la Bolivie. Ces deux pays sont de gros producteurs de cocaïne, mais ils sont remarquablement peu violents. L’arrivée de Vénézuéliens serait susceptible de perturber ces marchés, particulièrement en Bolivie, où les capacités du gouvernement sont limitées. Par ailleurs, le territoire de ces deux pays est assez mal contrôlé, à un niveau assez extrême en Bolivie où l’Est du pays est largement livré à lui-même. Mais il s’agirait donc plutôt d’un risque d’augmentation de la violence criminelle que de la violence politique.
L’arrivée de Vénézuéliens est susceptible de perturber les marchés illégaux, particulièrement en Bolivie, où les capacités du gouvernement sont limitées.