Les Grands Dossiers de Diplomatie
L’Europe, le continent le plus vieilli au monde
Dans une Europe confrontée à un « hiver démographique », où la croissance de la population ne dépend que de l’excédent migratoire, la démographie est devenue un sujet politiquement sensible qui prête à controverse.
La population des pays européens ne devrait plus guère augmenter dans les trente prochaines années. L’Europe a initié la transition démographique et en est sortie avant tous les autres continents. Ce continent est le premier à expérimenter une « seconde transition démographique », où la fécondité descend durablement à des niveaux très bas, alors que l’espérance de vie a poursuivi sa progression du fait d’une véritable « transition épidémiologique ». En conséquence, le vieillissement s’amplifie. Excepté pour une minorité de pays, la croissance de la population européenne ne dépend plus que de son excédent migratoire. Mais l’installation de ces populations nouvelles ne fait pas l’unanimité. L’altérité culturelle des immigrés se heurte à une Europe hantée par la peur du « grand remplacement ».
Marginalisation de l’Europe dans le monde
En inventant la mécanisation et en étendant sa domination à la moitié du monde, l’Europe est le premier continent à expérimenter la « transition démographique » aux XVIIIe et XIXe siècles. Ce recul séculaire et décisif de la mortalité résulte de l’amélioration des conditions d’existence, de l’affranchissement de la servitude du travail agricole pour le plus grand nombre et de la disparition de l’insécurité alimentaire qui caractérisait l’ancien régime démographique et alimentait une grande part des crises de mortalité qui fixaient un « frein malthusien » à l’accroissement du nombre des êtres humains. L’Europe joue ensuite un rôle pionnier dans le recul de la fécondité, dans une seconde phase de la transition démographique, qui aboutit à un « vieillissement » de la population et au ralentissement de sa croissance. La transition se diffuse au reste du monde au cours du XXe siècle. En 1950, Les 28 pays membres actuels de l’Union européenne comptent 379 millions d’habitants, soit 15 % de la population mondiale. La population des 28 progresse à 512 millions d’habitants en 2018 (1), moins de 7 % d’une population mondiale estimée à 7,6 milliards. Selon les projections, l’UE28 ne devrait plus regrouper que 5 % de la population mondiale
en 2050. L’Europe est déjà le continent le plus vieilli du monde. La moitié de la population de l’Union européenne est âgée de plus de 43,1 ans en 2018, contre un âge médian mondial estimé à 30,9 ans par les Nations Unies pour 2020. Ce sont 19,7 % des Européens qui ont déjà célébré leur 65e anniversaire au 1er janvier 2018, contre une moyenne mondiale de 9 % (source Population Reference Bureau (2)). Inversement, les moins de 15 ans ne représentent que 15,6 % des Européens, contre une moyenne mondiale de 26 %.
Fécondité, une « seconde transition démographique »
Pionnière dans la transition démographique, l’Europe en est définitivement sortie quand l’Afrique subsaharienne n’arrive en moyenne aujourd’hui qu’à la moitié du chemin. Les effets d’un demisiècle de fécondité structurellement inférieure au seuil de renouvellement de la génération commencent à devenir sensibles. Compte tenu du ratio naturel de 105 garçons pour 100 filles à la naissance et des taux de mortalité par âge, il faut une fécondité d’environ 2,1 enfants par femme pour assurer le renouvellement de la génération de femmes en âge d’avoir des enfants.
Les années 1960-1980 voient la remise en cause du modèle familial traditionnel et une recomposition du paysage sociétal vers des formes de « familles recomposées » plus complexes au sein desquelles la taille de la descendance décroît. L’introduction de la contraception médicalement assistée dans les années 1960 a fait passer les femmes européennes de l’ère de la fécondité subie à celle de la fécondité choisie. La proportion des jeunes femmes ayant des enfants avant l’âge de 20 ans devient très faible, et l’âge
La moitié de la population de l’Union européenne est âgée de plus de 43,1 ans en 2018, contre un âge médian mondial estimé à 30,9 ans par les Nations Unies pour 2020. Ce sont 19,7 % des Européens qui ont déjà célébré leur 65e anniversaire au 1er janvier 2018, contre une moyenne mondiale de 9 %.
moyen de la première maternité passe de moins de 25 ans en 1980 à plus de 29 ans en 2017, et la proportion de femmes qui restent sans enfants augmente.
Une première phase d’émancipation a fait passer l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) (3) en-dessous de 2,1 enfants par femme pendant les années 1970 en Europe occidentale, et dans les années 1980 en Europe méridionale et orientale. Les pays qui sortent de la transition démographique s’installent durablement dans des situations de fécondité inférieure au seuil de renouvellement de la génération. L’ICF moyen en Europe a reculé de manière continue, encore voisin de 2,1 enfants par femme en 1975, il tombe à un minimum historique de 1,46 enfant par femme en 2001-2002. On assiste ensuite à un léger rebond jusqu’à 1,62 enfant par femme en 2010, suivi d’une rechute liée à la crise économique jusqu’à 1,55 en 2013 et une remontée vers 1,59 en 2016-2017 selon Eurostat. La première conséquence de cette fécondité durablement déprimée est le rétrécissement des jeunes générations, suivi 20 ans plus tard de la réduction des effectifs des cohortes de femmes en âge d’avoir des enfants qui entraîne une nouvelle réduction du nombre total des naissances à comportement égal. Si aucun pays européen n’assure plus le renouvellement de la génération, quelques pays ont une fécondité supérieure à la moyenne européenne, au premier rang desquels se trouve la France avec 1,93 enfant par femme en moyenne sur les années 2015-2017, en baisse de -0,1 depuis 2010. Après la France viennent la Suède (1,83 en baisse de -0,15), l’Irlande (1,81 en baisse de -0,24), le Royaume-Uni (1,78 en baisse de -0,14) et le Danemark (1,75 en baisse de -0,12). Une part plus faible de femmes restées sans enfants est la principale différence avec le reste de l’Europe.
Un deuxième groupe de pays se situent au voisinage de la moyenne européenne. C’est le cas de l’Allemagne (1,56 enfant par femme en moyenne sur les années 2015-2017, en hausse de +0,17 depuis 2010), qui fait un retour remarqué après des décennies de sous-fécondité très prononcée à l’Ouest depuis 1970 et à l’Est après la réunification en 1990. Plusieurs pays d’Europe centrale et orientale sont dans une situation comparable, même si la reprise de fécondité est moins spectaculaire en Autriche, en Hongrie ou en Roumanie. Le comportement de ces pays n’est pas homogène. Avec 1,4 enfant par femme en moyenne sur les années 20152017, la fécondité est encore en baisse en Pologne, qui appartient à un troisième groupe de pays dont la fécondité est la plus déprimée.
Les pays méditerranéens font aussi partie de ce troisième groupe avec des valeurs de l’indice conjoncturel de fécondité inférieures à 1,5 enfant par femme. L’Espagne et Malte occupent le dernier rang (1,33 enfant/femme), l’Italie et Chypre sont à 1,34, la Grèce à 1,35, le Portugal à 1,4…
Parmi les facteurs explicatifs, l’importance du soutien à la famille, incluant des dispositifs de garde d’enfant subventionnés, la garantie des droits professionnels des mères (congés maternités, flexibilité du temps de travail) est décisive. Des politiques publiques de soutien au revenu des familles jouent également un rôle positif (allocations, fiscalité). Les pays qui considèrent que la famille doit assurer elle-même la plupart de ces charges sont ceux où la fécondité est la plus déprimée, tandis que ceux qui aident le plus les ménages obtiennent les meilleurs résultats.
Espérance de vie, une « transition épidémiologique »
L’espérance de vie à la naissance progresse en Europe. De 72,7 ans en moyenne en 1980, elle est passée à 80,8 ans en moyenne sur les années 2015-2017 selon les données Eurostat. En moyenne, l’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes est de 5,5 ans aujourd’hui. La progression a été rapide entre 1980 et 2010, près de 2,5 ans gagnés par décennie, mais elle a ralenti depuis 2010, où une seule année d’espérance de vie a été gagnée entre 2010 et 2017. Les facteurs de cette progression sont connus. Haut niveau de vie et d’éducation, recul des addictions les plus meurtrières telles que l’alcoolisme, le tabagisme et la violence routière et « transition épidémiologique ». Cette expression désigne une transformation des causes de décès, les maladies infectieuses reculant progressivement devant les maladies chroniques et dégénératives parmi les causes principales de décès au fur et à mesure des progrès médicaux et du vieillissement de la population. Toutefois, il convient de s’inquiéter des nouvelles causes de morbidité chronique associées à la sédentarité et à la malbouffe, ainsi qu’à l’exposition récurrente à divers toxiques et perturbateurs endocriniens omniprésents dans notre environnement (4).
La situation des pays européens est assez diversifiée. Les pays méditerranéens jouissent de la situation la plus favorable. Avec une moyenne de 83,4 ans en Espagne en 2017, ce pays arrive en tête du palmarès des pays membres de l’Union européenne, dont 80,6 ans pour les hommes et 86,1 ans pour les femmes. L’Italie (83,1) et la France (82,7) occupent respectivement les 2e et 3e rangs. Premier pays nordique pour l’espérance de vie, la Suède n’arrive qu’en 4e position à 82,5 ans. Les pays d’Europe centrale et orientale accusent un net retard d’espérance de vie. La Bulgarie ferme la marche avec une espérance de vie moyenne à la naissance qui ne dépasse pas 74,8 ans en 2017. La République tchèque est le pays de l’Est dont la situation est la meilleure (79,1 ans), tous les autres se situent entre les deux. L’Allemagne se situe en milieu de classement à 81,1 ans. La réunification avait fait baisser la moyenne en 1990, car la situation de l’ancienne Allemagne de l’Est était beaucoup moins favorable que celle de l’Allemagne de l’Ouest. Depuis cette date, les disparités régionales se sont atténuées. Sur l’ensemble des 28 pays membres, les disparités internationales ont augmenté entre 1990 et 2010, avant de se réduire depuis. L’espérance de vie progresse plus vite à l’Est qu’à l’Ouest et les pays de l’élargissement sont en phase de rattrapage.
Un vieillissement démographique inexorable
Le vieillissement démographique est la déformation de la pyramide des âges vers les tranches d’âge élevées. Il résulte à la fois de la réduction du nombre des naissances, on parle alors de vieillissement par le bas, et de l’allongement de la durée de la vie, soit un vieillissement par le haut. Différents indicateurs peuvent exprimer ce vieillissement, dont l’âge médian qui partage la population en deux groupes d’effectif égal est le plus simple. L’âge médian de la population des 28 pays membres actuels de l’UE a augmenté de 10 années en l’espace d’une génération, passant de 33,2 ans en 1980 à 43,1 ans en 2018. Les disparités entre pays membres, qui avaient eu tendance à se réduire jusqu’en 2000, se sont remises à augmenter. L’Italie est le pays le plus vieilli d’Europe, avec un âge médian de 46,1 ans en 2018. L’Allemagne la talonne à 46 ans ; viennent ensuite la Bulgarie, la Grèce, le Portugal avec plus de 44 ans, et l’Espagne, la Croatie, la Lettonie, la Lituanie, l’Autriche et la Slovénie qui sont au-dessus de la moyenne européenne. Avec un âge médian de 37,3 ans, l’Irlande est le pays qui dispose de la population la plus jeune en Europe avant Chypre. Grâce à l’immigration, le Luxembourg est en-dessous de la barre symbolique de 40 ans, Le Royaume-Uni est à 40,1 ans. Avec 41,6 ans, la France fait encore figure de pays relativement jeune en Europe.
On compte plus de cercueils que de berceaux en Europe aujourd’hui. Dorénavant, seul l’excédent migratoire alimente la croissance démographique.
Les disparités du mouvement naturel de la population européenne
Sur les 28 pays membres actuels de l’Union européenne, on enregistrait 6,5 millions de naissance par an en 1980, 5 millions en 2017. Dans le même temps, le nombre annuel de décès est passé de 4,9 millions en 1980 à 5,25 millions en 2017. Les deux courbes se sont croisées pour la première fois en 2015, et l’écart augmente. On compte plus de cercueils que de berceaux en Europe aujourd’hui. Dorénavant, seul l’excédent migratoire alimente la croissance démographique.
Pays le plus vieilli en Europe, l’Italie arrive au premier rang des pays où le solde naturel est le plus fortement déficitaire (environ -190 000 par an). L’Allemagne est le 2e pays contributeur à ce déficit (environ -150 000 par an). Parmi les autres pays européens, les pays dont le solde naturel est encore excédentaire et ceux où il est déjà déficitaire se compensent en valeur absolue, mais en valeur relative, rapportée à leur population, la situation est extrêmement dégradée en Bulgarie (-6,1 pour 1000 en moyenne sur la période 2015-2017), Croatie, Lituanie et Lettonie, Roumanie (-3 pour 1000), Grèce, Italie (-2,7 pour 1000), Portugal et Allemagne (-1,8 pour 1000). L’Estonie, la Pologne, l’Espagne et la Finlande sont aussi entrées en territoire négatif.
Parmi les pays qui enregistrent encore plus de naissances que de décès, les taux de soldes sont devenus très faibles dans la plupart des cas. Sept pays membres seulement ont encore des soldes naturels excédentaires supérieurs à 2 pour 1000, Chypre, la Suède, le Royaume-Uni (+2,6), la France (+2,8), le Luxembourg, Malte et l’Irlande (+7,1).
Solde des migrations internationales, contraste des situations nationales
L’excédent migratoire des 28 pays membres de l’UE était de 0,3 million par an dans les années 1980, il progresse à 0,9 million dans les années 1990, 1,1 million dans les années 2000 et 1,4 million en moyenne sur les années 2015-2017 selon les données Eurostat (5). L’immigration est devenue indispensable pour assurer l’avenir de l’Europe, mais elle provient essentiellement de pays d’Afrique et d’Asie dont les cultures diffèrent fortement des cultures européennes, et l’introduction de cette diversité nouvelle ne va pas de soi sur un continent qui a longtemps été une terre de départ. Peu de pays européens en effet ont une expérience historique d’une immigration diversifiée. Il s’agit principalement des deux anciennes grandes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne, qui ont accueilli des immigrants originaires de leurs empires coloniaux respectifs dès la Première Guerre mondiale. Pour un pays tel que l’Allemagne, l’arrivée de nombreux immigrants originaires des Balkans et de Turquie remonte aux années 1960. La Suède, les Pays-Bas et la Belgique ont également connu un apport migratoire précoce. Par contre, les pays méditerranéens sont longtemps restés des pays de départ, et l’immigration n’y débute que dans les années 1980. Pour ce qui est des pays d’Europe centrale et orientale, l’expérience historique est inverse. La première moitié du XXe siècle est traumatisante et se traduit par des processus de « purification ethnique », de massacres et de déportations qui ont au contraire réduit au minimum la diversité culturelle de leur population. La période de domination soviétique se traduit ensuite par un gel des migrations internationales. Après la chute du communisme en 1989, ces pays deviennent des terres de départ. Aujourd’hui, certains pays, Estonie, République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie ont mis un terme à l’exil de leurs ressortissants, et ont retrouvé un léger excédent migratoire avec des migrants venant de l’exURSS (Ukraine notamment), mais de nombreux pays de l’Est sont toujours des pays de départ. La Roumanie est le pays qui a le plus souffert de cet exil, qui touche en priorité les jeunes diplômés. Sur une population de 23,2 millions en 1990, la Roumanie a cumulé un solde migratoire de -2,5 millions d’habitants entre 1990 et 2018, de sorte que le pays ne compte plus aujourd’hui que 19,5 millions d’habitants. En termes relatifs, les pertes humaines sont encore plus importantes en Lettonie,
La substitution croissante du capital au travail est très rapide et le développement de l’intelligence artificielle va encore élargir le champ des substitutions possibles. Une part importante de cette valeur ajoutée devrait pouvoir alimenter les mécanismes de solidarité entre les générations, si et seulement si l’ensemble des gains de productivité et de valeur résultants ne sont pas privatisés par les actionnaires.
dont la population 2018 est de 28 % inférieure à celle de 1990, en Lituanie (-24 %) et en Bulgarie (-20 %). Les pertes cumulées de l’Estonie sont proportionnellement aussi fortes (-16 %), et la Croatie est dans une situation assez proche (-14 %).
Des perspectives communes, mais de forts contrastes internes en Europe
Ayant terminé précocement leur transition démographique, les pays européens sont confrontés au défi du vieillissement démographique. La question du vieillissement actif est posée, sachant que l’espérance de vie sans incapacité n’excède guère 66 ans aujourd’hui en Europe. Contrairement aux idées reçues, la question de l’équilibre financier des caisses de retraite est plus un problème économique qu’un problème démographique. La substitution croissante du capital au travail dans les facteurs de production, y compris dans les services, est très rapide et le développement de l’intelligence artificielle va encore élargir le champ des substitutions possibles. Une part importante de cette valeur ajoutée devrait pouvoir alimenter les mécanismes de solidarité entre les générations si et seulement si l’ensemble des gains de productivité et de valeur résultants ne sont pas privatisés par les actionnaires. Le risque véritable réside dans la montée structurelle des inégalités dans le cadre des politiques économiques néolibérales qui ne servent que les intérêts d’une oligarchie étroite au détriment du plus grand nombre. Mais le travail et l’activité économique ne se réduisent pas au labeur, et le vieillissement actif peut consister à la participation croissante des seniors, y compris pensionnés, à des activités gratifiantes et socialement utiles susceptibles de compléter leurs ressources tout en créant du lien social intergénérationnel. La question de la diversité dans des sociétés multiculturelles et multiconfessionnelles est plus épineuse, dans la mesure où cette diversité n’est pas acceptée unanimement au sein des sociétés européennes et qu’un contexte géopolitique malheureux, entaché des crimes de l’islamisme radical alimente un rejet plus ou moins violent de l’islam, confession la plus répandue parmi les immigrants dans de nombreux pays européens. Les sociétés européennes ne peuvent s’abstraire des autres pays riverains de la Méditerranée. L’enjeu de la laïcisation des sociétés qui cantonnent les religions à la sphère privée est particulièrement fort dans les pays d’origine des migrants comme dans les pays d’accueil pour prévenir l’émergence de partis confessionnels et la montée de la violence sectaire. En ceci comme en toute chose, l’émancipation des individus de l’emprise sectaire qui étouffe leur liberté est la vraie solution au problème, mais des forces politiques rétrogrades et obscurantistes se liguent sur les deux rives de la Méditerranée pour s’opposer à cette libération, en particulier celle des femmes, et pousser au contraire vers de fausses solutions faites de murs et d’exclusion qui ne peuvent conduire qu’à la désintégration sociale et à la montée de la violence.
Avec de tels enjeux communs, les pays européens devraient avoir une approche coordonnée des deux questions du vieillissement et de l’intégration des communautés issues de l’immigration, mais force est de constater que tout reste à faire en la matière. La « crise des migrants » de l’été 2015 est riche d’enseignements. Le gouvernement allemand a certes fait cavalier seul dans cette affaire, mais la réaction d’enfermement et de rejet outragé de la part des pays situés sur la « route des Balkans » a conduit à des violations inacceptables du droit d’asile. Par la suite, la crise humanitaire en Méditerranée a de nouveau manifesté le manque de solidarité entre pays européens. Plus qu’à un « suicide démographique » (Fondation Robert Schuman 2018 (6)), nous assistons en direct au suicide politique de l’Europe.
L’émancipation des individus de l’emprise sectaire qui étouffe leur liberté est la vraie solution au problème, mais des forces politiques rétrogrades et obscurantistes se liguent sur les deux rives de la Méditerranée pour s’opposer à cette libération.