Les Grands Dossiers de Diplomatie
LA COLOMBIE EST-ELLE PRÊTE AU CONFLIT ?
L’armée de Colombie — pays antagoniste principal du Vénézuéla — est une armée de contreguérilla. Hormis la participation, en 1951-1954, de quelques centaines de personnels à la guerre de Corée, elle n’a pas l’expérience du conflit extérieur. Son armement est un armement de conflit interne : armes légères et de petits calibres, hélicoptères, vedettes fluviales. La pratique des exécutions extra-judiciaires a pris une dimension aujourd’hui dénoncée et condamnée en Colombie (« falsos positivos ») (1). Guillermo Botero, ministre de la Défense, a pour cette raison été contraint à la démission le 6 novembre 2019. Un certain nombre d’officiers, comme le général Nicacio Martinez, commandant en chef de l’armée de terre, doivent aujourd’hui rendre des comptes, parfois devant la JEP (Juridiction spéciale de la paix) créée par les accords de paix entre le gouvernement et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). D’autres ont été mis en cause pour corruption. Plusieurs généraux ont ainsi été mis en examen, contraints à la démission ou sanctionnés (2). La Colombie, qui est par ailleurs contrainte à la modération par l’écart en chars lourds existant avec son voisin vénézuélien, n’est donc pas, elle non plus, en mesure de prendre une initiative militaire. (1) Voir la presse locale : hebdomadaire Semana, 27 janvier 2009 ; « Falsos positivos: balance del segundo semestre de 2008 », Centro de Investigación y educación popular, avril 2009 ; Rapports annuels d’Amnesty international.
(2) Tels Jorge Romero Pinzón (commandant du développement de l’armée de terre), Adelmo Fajardo (commandant en second des forces armées) et Eduardo Quiroz (chef du commandement de soutien à la contre-intelligence militaire).