Les Grands Dossiers de Diplomatie
Japon et libre-échange : quelle stratégie commerciale pour Tokyo ?
quelle stratégie commerciale pour Tokyo ?
Alors que le Premier ministre japonais mise sur une stratégie économique qui passe par une plus grande ouverture internationale, le Japon s’est converti depuis une vingtaine d’années à une diplomatie commerciale basée sur des accords de libre-échange (ALE). Quel est l’impact de ces stratégies dans un monde marqué par les tensions commerciales exacerbées entre Pékin et Washington ?
L’histoire des négociations du Partenariat transpacifique (TPP) illustre à la fois l’inflexion du Japon vers plus de libre-échange et celle des États-Unis vers plus de protectionnisme. Le Japon est absent des premières négociations du TPP lancées en mars 2010. À la veille du sommet à Yokohama de l’APEC (Coopération pour l’Asie-Pacifique) en novembre de la même année, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, annonce son intention de rejoindre les négociations. Contredit par son ministre de l’Agriculture, il est finalement contraint de renoncer. Quand l’accord est mis en oeuvre en décembre 2018 sous le nom de CPTPP ( Comprehensive and Progressive Agreement for the TPP), le Japon est l’un des onze pays membres de l’accord, ayant rejoint tardivement les négociations en juillet 2013, après l’élection de Shinzo Abe fin 2012. Mais un an après la signature de l’accord et avant sa mise en oeuvre, les États-Unis ont décidé de se retirer de l’accord en janvier 2017, au lendemain de l’élection de Donald Trump. Est-ce que les accords commerciaux ne sont finalement que le reflet d’aléas politiques, ici les élections de Shinzo Abe ou de Donald Trump ? Certes, la Chine a désormais remplacé le Japon comme antagoniste principal des États-Unis dans les discussions commerciales, mais l’« unilatéralisme agressif » des États-Unis, pour reprendre une expression vieille de trente ans (1), n’est pas une chose nouvelle. Du point de vue japonais, la difficulté d’arbitrer entre des objectifs multiples et parfois contradictoires peut expliquer les inflexions de sa politique commerciale. Au-delà de changements temporaires, deux tendances longues déterminent l’évolution de cette politique : le vieillissement démographique et son implication pour l’économie et les entreprises japonaises ; l’enlisement du multilatéra