Les Grands Dossiers de Diplomatie
Japon-Chine : une rivalité à relativiser
Depuis plusieurs décennies, la Chine et le Japon sont souvent, voire presque systématiquement, présentés comme des entités rivales. Mais, plus que sur les rivalités liées à l’actualité, c’est sur la question historique que cette tension entre la Chine et le Japon semble particulièrement forte, et c’est donc sous cet angle qu’elle doit être essentiellement traitée. Dans la relation entre le Japon et la Chine, plus que dans d’autres situations de rivalité, l’histoire joue un rôle essentiel
La rivalité entre Pékin et Tokyo se décline d’abord dans leur compétition économique, puisque ces deux pays se hissent respectivement au deuxième et troisième rang mondial — et donc au premier et deuxième rang asiatique. Et cette photographie actuelle n’offre pas de différence fondamentale avec le poids économique du Japon et de la Chine dans l’histoire, l’un ou l’autre ayant souvent occupé les avant-postes à échelle continentale. Cette rivalité est également stratégique, si l’on s’en tient aux rapports de force articulés autour des différends maritimes et des perceptions liées aux intentions hégémoniques. Elle est politique, voire même idéologique, en particulier dès lors que la différence de régime politique se traduit par des modèles de gouvernance totalement opposés, ce qui est le cas depuis plus d’un siècle. Elle est enfin historique, ou plus exactement historiographique, car puisant ses sources dans des éléments de frustration qui sont le résultat de l’histoire mouvementée et tourmentée de ces deux pays au cours des cent cinquante dernières années.
Temps long et mémoire immédiate
Sur quelle temporalité doit-on s’appuyer pour analyser la relation historique entre la Chine et le Japon ? Ces deux civilisations aussi anciennes que riches d’Asie orientale sont en contact depuis des siècles. Si ce contact fut, selon les époques, plus
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