Les Grands Dossiers de Diplomatie
Scénario plausible de guerre dans l’espace
Ce scénario, certes vraisemblable, est à prendre comme simple exemple, sans préjuger des intentions réelles des différents pays concernés.
Le contexte
Crise politique et sociale dans un pays de l’Est européen. Le président L., réélu dans des conditions discutables, est fragilisé et menacé par un fort soutien populaire à l’opposition.
Les pays occidentaux ne reconnaissent pas la réélection de L. et demandent son départ. La Russie souhaite l’arrêt des manifestations et le maintien au pouvoir d’un allié sûr. Des paramilitaires russes, en soutien des forces de police contre les manifestants, ont été vus dans la capitale.
Les évènements
Les États-Unis signalent à l’OTAN : > l’arrivée de forces spéciales russes sur un aérodrome frontalier ;
> la mise en mouvement d’une unité antisatellite des forces aérospatiales russes vers la zone d’intérêt.
Quelques jours après :
> plusieurs satellites de communication et SIGINT de l’OTAN et de pays membres de l’OTAN sont perturbés, et rendent compte de brouillages réguliers ;
> tous les satellites d’observation optique, militaires et commerciaux des pays de l’OTAN sont illuminés par des lasers de moyenne puissance qui, sans être destructifs, empêchent l’acquisition d’images de haute résolution sur la zone d’intérêt.
L’US Space Force indique à ses alliés que : > plusieurs objets spatiaux, pour l’instant non identifiés, se sont mis en mouvement en orbite ;
> l’unité russe de missiles antisatellites a été mise en alerte.
La France confirme les mouvements suspects.
Les unités de l’OTAN basées dans les pays environnants reportent une forte augmentation des brouillages des signaux GPS et Galileo.
L’OTAN et les États-Unis demandent la convocation du Conseil de sécurité de l’ONU et émettent des protestations officielles vers la Russie.
Les États-Unis déstockent leurs missiles ASAT, les déploient sur une base aérienne et mettent en mouvement trois de leurs satellites antisatellites en orbite géostationnaire, en ciblant trois satellites russes télécommunications, alerte, SIGINT. Cette action est accompagnée d’un ultimatum vers la Russie.
Sans préjuger d’une fin pacifique de ce scénario, nous pouvons néanmoins en tirer plusieurs commentaires :
> le déni d’accès à des capacités spatiales est plausible et perturbateur du processus de prise de décision politique et diplomatique d’un pays souverain — les capacités nécessaires sont aujourd’hui techniquement accessibles et certainement déjà développées par certains ;
> l’élaboration de la situation spatiale et son analyse sont aujourd’hui deux capacités indispensables à un pays souverain ;
> à terme, la capacité de dissuasion spatiale fondée sur des moyens d’action sera nécessaire ;
> le processus décisionnel de commandement des opérations spatiales devra être rapide et réactif afin de minimiser les effets d’actions hostiles.