Les Grands Dossiers de Diplomatie
Quelles stratégies pour la défense chinoise ?
La modernisation de l’armée chinoise constitue pour Pékin l’un des vecteurs indispensables d’affirmation de sa puissance. Elle avait pour objectif d’être une « armée mécanisée » d’ici à 2020, une « armée modernisée » d’ici à 2035 et une « armée de classe mondiale » d’ici à 2049. Où en est cette modernisation ? Qu’entend le gouvernement chinois par « une armée de classe mondiale » ?
A. Bondaz : Lors du XIXe congrès du Parti communiste chinois (PCC) en octobre 2017, le secrétaire général Xi Jinping a présenté l’objectif de « compléter la défense nationale et la modernisation militaire d’ici 2035 » et de transformer l’Armée populaire de libération (APL) en une « armée de classe mondiale d’ici le milieu du siècle ». Le terme chinois utilisé — « shijie yiliu jundui » — ne signifie pas que l’objectif est d’en faire la meilleure armée au monde, mais d’en faire l’une des meilleures, notamment afin d’être « capable de mener et de gagner des guerres à l’ère de l’information », comme souligné dans le dernier livre blanc de 2019 (1). Le concept ne s’applique donc pas aux ambitions de l’APL ou à la manière dont elle envisage d’utiliser la force, et ce alors que la priorité reste donnée à l’Asie de l’Est en raison de conflits de souveraineté non résolus, en particulier avec Taïwan, et du risque de conflit avec les États-Unis dans le cadre de ces conflits (2).
Le concept d’armée « de classe mondiale » met donc l’accent sur la nécessité de poursuivre l’effort de modernisation des forces armées, entamé dans les années 1990, et ce dans trois dimensions : modernisation capacitaire — souvent la plus visible et médiatisée —, modernisation doctrinaire et modernisation institutionnelle. La modernisation capacitaire repose en partie sur la hausse des dépenses militaires rendue possible par le formidable développement économique chinois. Selon le SIPRI, les dépenses militaires chinoises ont été multipliées par douze, passant de 21 milliards de dollars en 1999 à 260 milliards de dollars en 2019. À titre de comparaison, sur la même période, les dépenses japonaises ont augmenté de cinq milliard de dollars, pour atteindre 48 milliards de dollars, et les dépenses taïwanaises ont stagné à 10 milliards de dollars… Cela se traduit entre autres par une modernisation quantitative des équipements. Entre 2014 et 2018, la marine chinoise a ajouté à sa flotte l’équivalent, en tonnage, des flottes française et italienne réunies.
Rappelons également l’effort de modernisation institutionnelle enclenché fin 2015. La structure du commandement a été réformée afin de renforcer la prépondérance de la Commission militaire centrale présidée par Xi Jinping. La nouvelle structure de l’APL comprend notamment deux nouvelles armées, l’armée de Terre et l’armée des Lanceurs, et deux nouvelles forces, la Force de soutien stratégique en charge des capacités cyber et spatiales et la Force de soutien logistique interarmées. L’objectif est, entre autres, de normaliser une organisation institution
nelle dans laquelle le poids des forces terrestres a historiquement été prépondérant, d’accroitre l’importance accordée aux forces armées en charge de l’arsenal balistique conventionnel et nucléaire, ou encore de répondre au défi de l’interopérabilité. Cet effort explique également la création du titre de Commandant en chef du Centre de commandement interarmées des opérations octroyé à Xi Jinping en avril 2016.
Dans quelle mesure l’innovation technologique et les technologies de rupture (IA, robotique, missiles hypersoniques…) constituent-elles des enjeux stratégiques pour Pékin ? Quels sont les points forts et les points faibles de la Chine à ce niveau-là ?
La modernisation qualitative des équipements militaires est un véritable défi pour la Chine, qui souffre encore d’un retard technologique important, de façon générale, par rapport aux forces armées occidentales, et surtout américaines. Depuis le début des années 2000, les militaires chinois, tout comme les militaires occidentaux d’ailleurs avant eux, considèrent que la guerre est informatisée et, désormais, que la guerre de demain sera même « intelligente ». Dans ce contexte, le développement de capacités permettant d’accroitre les capacités ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance] dans tous les domaines est une priorité, tout comme maitriser des technologies de pointe. Le dernier livre blanc précise bien qu’il convient « d’accélérer le développement de systèmes militaires intelligents » et d’utiliser — ce qui est mentionné pour la première fois dans un livre blanc — l’intelligence artificielle, le calcul quantique, le big data, le cloud, ainsi que l’Internet des objets, car le pays serait « confronté à des risques de surprise technologique et d’écart technologique générationnel croissant ».
Dans ce cadre, il faut bien prendre conscience des efforts chinois considérables afin d’accroitre l’intégration civilomilitaire, le processus visant à combiner les bases industrielles et technologiques de défense et civile afin que les technologies, les procédés de fabrication et les équipements, le personnel et les installations puissent être utilisés en commun. Xi Jinping, après avoir promu l’intégration civilo-militaire au rang de stratégie nationale en mars 2015, préside même une Commission du Comité central pour son développement depuis janvier 2017. L’enjeu pour les armées est de bénéficier des capacités d’innovation de nouveaux acteurs, civils et privés, y compris des start-ups, dans un écosystème de défense qui ne peut plus dépendre uniquement d’une dizaine de conglomérats d’État, même si leur rôle reste très largement prédominant. Cela est fondamental dans la Chine contemporaine, car contrairement aux technologies militaires classiques, ce sont les entreprises privées, des start-ups aux géants comme Tencent ou Alibaba, qui sont les plus innovantes et parfois les mieux financées en ce qui concerne les technologies émergentes, comme la robotique et l’IA. Cela n’est d’ailleurs pas sans poser de questions sur la nature de certaines coopérations internationales qui, sous couvert de coopérations dans le domaine civil, pourraient avoir une finalité militaire. Sans tomber dans l’excès, il est impératif d’avoir conscience du risque d’instrumentalisation des échanges universitaires, et des coopérations scientifiques et techniques au service de la captation de technologies étrangères, parfois dans des domaines sensibles, au profit de la Chine (3). Il est fondamental que les acteurs administratifs et politiques prennent conscience du risque et en fassent une priorité car, à long terme, la compétitivité économique de la France, mais aussi la sécurité nationale, sont menacées.
En 2020, le Pentagone annonçait que la Chine possédait la plus grande marine au monde. Si Pékin ne cache pas son intention de se doter de la première force maritime au monde, les Américains conservent pour le moment l’avantage dans le domaine technologique. Pourquoi la marine est-elle si importante pour Pékin et quels sont concrètement ses atouts ? La façade maritime de la Chine rassemble l’essentiel de la population, des capacités de production et des centres de décision
Selon le SIPRI, les dépenses militaires chinoises ont été multipliées par douze entre 1999 et 2019. (…) Entre 2014 et 2018, la marine chinoise a ajouté à sa flotte l’équivalent, en tonnage, des flottes française et italienne réunies.
du pays, mais est également exposée à des menaces militaires perçues, notamment celles des États-Unis. En cela, il faut garder en tête que du point de vue des stratèges chinois, il y a eu, à la fin de la guerre froide, une évolution de la perception de la menace, d’une menace continentale septentrionale à une menace maritime méridionale. Depuis le milieu des années 2010, une priorité plus grande est donc accordée aux questions maritimes dans les documents officiels, afin notamment « d’abandonner la mentalité traditionnelle d’une supériorité de la terre sur la mer » (4). Dès 2015, les missions de la marine de l’Armée populaire de libération (PLAN) ne sont plus seulement d’assurer la « défense des eaux côtières », expression utilisée dans les livres blancs de 2010 et 2013, mais d’être en mesure de garantir la « défense des eaux côtières et la protection en haute mer », et de développer des capacités en termes de « combat naval ». Cet accent est parfaitement compréhensible.
En 2020, la PLAN comptait 360 navires de surfaces, soit 60 de plus que la marine américaine, selon l’Office of Naval Intelligence (ONI) américain. Surtout, la Chine a non seulement triplé la taille de sa marine en vingt ans, mais elle commissionne des navires de plus en plus sophistiqués et performants, et de tout type : porte-avions, destroyers, frégates, bâtiments de débarquement, SNLE, SNA, pétroliers-ravitailleurs, navires brise-glace, etc. Ces nouvelles capacités permettent à la Chine d’appuyer ses revendications territoriales et d’accroitre la pression militaire sur ses voisins. Par exemple, les incursions navales chinoises dans la zone économique exclusive des îles Senkaku/Diaoyu se sont multipliées, passant de 28 en 2009 à plus de 1000 en 2019…
Au-delà de ces capacités navales, la Chine diversifie les acteurs dans ses mers périphériques pour avancer ses intérêts et renforcer son contrôle dans la zone. En cela, le rôle de la milice maritime ( haishang mingbing) est fondamental, et complémentaire de ceux joués par la Marine chinoise et par les garde-côtes. Cette milice maritime est contrôlée par la Commission militaire centrale et financée par l’État chinois, et pourrait se définir, selon Andrew Erickson du Naval War College, comme « une organisation paramilitaire irrégulière utilisée d’une manière conçue pour être clandestine et déstabilisante ». La professionnalisation croissante de ces milices pose de vrais défis pour garantir la sécurité maritime et ce alors que différentes milices ont, ces dernières années, multiplié les opérations : harcèlement en 2009 du navire états-unien de surveillance océanique USNS Impeccable ; confrontation en 2012 avec des navires philippins vers le récif de Scarborough, que la Chine occupe depuis ; quasi-blocus physique de l’îlot philippin de Thitu par une centaine de navires ; ou plus récemment intimidation à partir du lagon de Whitsun Reef. Ces opérations illustrent clairement et de plus en plus le recours par la Chine à des opérations de guerre hybride.
La Chine a ouvert en 2017 une base militaire à Djibouti, la première à l’étranger. D’autres ouvertures de base sontelles programmées et si oui, où ? Comparé aux nombreuses bases que possèdent les Américains à travers le monde, n’est-ce pas là un frein aux capacités de projection de la puissance chinoise ?
Si la Chine, contrairement aux États-Unis, ne bénéficie pas d’un réseau d’alliances, à l’exception de son traité d’amitié, d’aide mutuelle et de coopération avec la Corée du Nord datant de 1961, les forces armées chinoises interviennent de fait déjà hors de ses frontières et ce, alors que la protection des intérêts chinois à l’étranger est désormais une priorité, en lien notamment avec la multiplication de ces intérêts liée à l’augmentation de ses ressortissants (touristes, businessmen, étudiants, etc.), de ses investissements et des sources d’approvisionnement en matières premières.
Le pays participe à des opérations de maintien de la paix depuis les années 1990 et a envoyé des troupes combattantes pour la première fois au Mali en 2014, conduit des opérations de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden depuis 2008, multiplie des opérations d’évacuation de ses ressortissants comme en Libye en 2011 ou au Yémen en 2015, ou encore mène des opérations de contre-terrorisme en Asie centrale. En dehors du cas de Djibouti, une interrogation demeure sur la présence de forces armées chinoises au Tadjikistan dans le corridor du Wakhan, à la frontière de l’Afghanistan, afin de sécuriser en amont la province du Xinjiang du risque de déplacement de groupes terroristes. Concernant de nouvelles bases militaires, les hypothèses se multiplient depuis des années, par exemple
La Chine diversifie les acteurs dans ses mers périphériques pour avancer ses intérêts et renforcer son contrôle dans la zone. En cela, le rôle de la milice maritime est fondamental, et complémentaire de ceux joués par la Marine chinoise et par les garde-côtes.
au Cambodge, mais aucune décision formelle n’a été annoncée. Au-delà, un défi se pose de plus en plus pour les dirigeants chinois : comment articuler la défense des intérêts chinois à l’étranger et l’approfondissement de partenariats de défense, notamment avec le Pakistan, tout en conservant un discours officiel d’opposition à « l’interventionnisme » américain et à leur « mentalité de guerre froide » ?
Le Pentagone s’inquiète de l’aggravation de la menace nucléaire chinoise qui souhaite doubler la taille de son arsenal militaire d’ici dix ans. De plus, Pékin développe notamment de nouveaux missiles balistiques, ainsi que des avions de chasse équipés de missiles nucléaires. Quid du programme nucléaire militaire chinois ? Quelle est la stratégie de Pékin dans ce domaine ?
Depuis son premier essai nucléaire en 1964, la Chine a considérablement développé les capacités allouées à sa dissuasion nucléaire sans changer toutefois sa doctrine nucléaire publique, qui reste articulée autour du non-emploi en premier, et dont la crédibilité repose sur une capacité garantie de frappe en second. Or, cette capacité pourrait être remise en cause, entre autres, par la défense antimissile stratégique américaine qui fait l’objet des critiques chinoises depuis plusieurs décennies (5). Le pays a donc besoin d’améliorer la capacité de pénétration de ses missiles mais aussi la capacité de survie de ses systèmes. Dans ce cadre, une des priorités est « d’assurer la survie des forces nucléaires dans le cadre d’attaques surprises nucléaires afin d’assurer une contre-attaque nucléaire de représailles effectives », et, dans le cadre de la modernisation des capacités, de renforcer le C4ISR [ Command, Control, Communications, Computers, Intelligence, Surveillance and Reconnaissance], de disperser l’arsenal afin de limiter l’impact de toute tentative de frappes préventives, et d’accroître la réactivité du lancement d’une contre-attaque nucléaire.
Dans le dernier rapport du Département de la Défense américain sur les capacités militaires de la Chine, on note que les éléments d’analyse sur la dissuasion nucléaire chinoise — stratégie et capacités — sont considérablement plus étoffés que dans les éditions précédentes, signe des inquiétudes américaines (6). Il y est mentionné que l’arsenal nucléaire chinois est estimé avec une fourchette basse à environ 200 armes « opérationnelles » (« low 200 »), proche des estimations de la Federation of American Scientists de 215 armes opérationnelles, et 290 au total. Surtout, le rapport souligne que le nombre d’armes pourrait doubler au cours de la prochaine décennie, ce qui est cohérent non seulement avec la modernisation des capacités nucléaires du pays — et notamment l’accroissement du nombre d’ICBM mirvés [missiles balistiques intercontinentaux portant plusieurs ogives] à l’instar du DF-41 —, mais aussi la concrétisation d’une triade stratégique souvent présentée dans les médias comme un enjeu de crédibilité mais aussi de statut international.
Alors que la composante terrestre constitue le coeur de la dissuasion nucléaire chinoise depuis les années 1960, et ce même si la Chine ne teste son premier ICBM qu’en 1980, le pays renforce les composantes océanique et aérienne. La Chine développe une nouvelle génération de SNLE — Type 096 — équipée d’un nouveau SLBM [missile mer-sol balistique stratégique], le JL-3, dont la portée accrue pourrait permettre à la Chine de cibler des villes du Nord-Ouest des États-Unis à partir des mers périphériques. Le pays a également officialisé que le H-6N serait son premier bombardier capable de ravitaillement en vol à capacité nucléaire, et une incertitude demeure sur sa capacité d’emporter deux ALBM [missiles aérobalistiques], potentiellement nucléaires. La Chine poursuit aussi le développement du bombardier stratégique furtif, le H-20, qui sera également à capacité nucléaire.
Enfin, dans quelle mesure la question taïwanaise impacte-telle la politique de défense chinoise ?
Soyons clairs, Taïwan est la principale raison de l’effort considérable de modernisation et demeure, à ce jour, la priorité des priorités politiques et militaires. L’édition 2013 de La Science de la stratégie militaire (7) revient longuement sur les types de conflits auxquels le pays pourrait faire face et précise bien, par exemple, que le conflit le plus probable et auquel l’APL doit
se préparer, est « une guerre dans la périphérie de la Chine, à grande échelle et de haute intensité, dans un champ de bataille maritime et dans un contexte de dissuasion nucléaire », i.e. un potentiel conflit avec Taïwan avec le risque d’une intervention américaine. En ce sens, l’APL cherche à dissuader les États-Unis d’intervenir ou, au moins, à limiter leur capacité à intervenir. C’est un changement majeur pour les États-Unis qui, durant des décennies, avaient des capacités militaires sans équivalent dans la zone, démontrées par exemple par le passage du groupe aéronaval de l’USS Nimitz dans le détroit de Taïwan en 1996 lors d’une crise entre Pékin et Taipeh, une humiliation pour le régime communiste.
La pression militaire directe sur l’île se renforce considérablement depuis deux décennies. Après avoir développé une capacité de frappe de précision, balistique et aérienne, le pays développe désormais ses capacités amphibies ainsi que le Corps des Marines de la PLAN, dont les effectifs devraient à terme passer de 10 000 à 100 000 hommes. Pékin renforce également les exercices au large de Taïwan ainsi que les provocations. Depuis le début de l’année, l’APL multiplie les incursions dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan. Le 12 avril 2020, ce sont 25 avions militaires dont 4 bombardiers H-6K et 18 chasseurs J-10 et J-16, qui y ont pénétré, un record. Les objectifs ne sont pas que militaires : normaliser ces incursions en « internalisant » le détroit de Taïwan, tester la défense antiaérienne et accélérer le vieillissement des capacités aériennes de Taïwan, démoraliser la population et exercer une pression psychologique sans précédent, et jauger la réaction de la communauté internationale, etc.
La Chine n’a jamais renoncé à l’utilisation de la force dans le détroit. L’article 8 de la loi anti-sécession chinoise de mars 2005 stipule que la Chine peut utiliser des « moyens non pacifiques » si « les forces sécessionnistes provoquent la sécession de Taïwan de la Chine », si « des incidents majeurs entraînant la sécession de Taïwan » se produisent ou si « les possibilités de réunification pacifique » sont épuisées. La Chine cherche ainsi à accroître la flexibilité de sa réponse politique et militaire en maintenant une ambiguïté stratégique délibérée. La Chine a donc une stratégie politique d’unification, qui a une composante militaire. De plus, les scénarios de conflit dans le détroit de Taïwan ne se limitent pas à la caricature largement répandue en Europe d’une invasion massive de Taïwan par la Chine. Ils pourraient impliquer toute une série d’actions de la part de Pékin, notamment la prise de contrôle des îles Dongsha, la violation de l’espace aérien taïwanais ou même l’organisation d’un blocus maritime autour de l’île. Loin de rester local et limité à la Chine et à Taïwan, tout conflit serait d’une ampleur bien plus globale. Il impliquerait au moins les États-Unis et potentiellement le Japon, ainsi que d’autres alliés conventionnels des États-Unis dans la région — tous des pays qui sont des partenaires économiques et de sécurité essentiels pour l’Europe.
Les décideurs européens doivent comprendre qu’ils ont un rôle important à jouer pour empêcher que ces conflits ne se produisent. Pour cela, il faut passer avec confiance du statut d’observateur passif à celui de partie prenante active dans la région. En étroite coordination avec leurs partenaires de la région Indopacifique, les Européens devraient adopter une stratégie visible et crédible pour dissuader la Chine en la convainquant que toute modification unilatérale du statu quo par la force serait non seulement trop risquée, mais surtout trop coûteuse (8).
Loin de rester local et limité à la Chine et à Taïwan, tout conflit serait d’une ampleur bien plus globale. Il impliquerait au moins les États-Unis et potentiellement le Japon, ainsi que d’autres alliés conventionnels des États-Unis dans la région.