Les Grands Dossiers de Diplomatie
Les cinq films chinois les plus rentables de l’histoire en dehors de Chine
américaine Iron Man 3 (Black, 2013), une scène marquante de près de trois minutes, dans laquelle un chirurgien chinois interprété par Wang Xueqi sauve la vie du héros Tony Stark, a ainsi été rajoutée dans la version chinoise. Dans ce même film, plusieurs lignes de texte ont également été offertes à l’actrice Fan Bingbing, qui n’apparaît pas dans la version internationale. Dans ces scènes, les acteurs chinois interviennent en tant qu’adjuvants dans un rôle clé.
Si l’on revient à la dimension internationale, le soft power chinois ne peut que sortir renforcé du fait que le pays est désormais globalement montré dans les films hollywoodiens comme une puissance positive dans l’échiquier international, comme un adjuvant de plus en plus essentiel. Depuis les années 2010, on trouve cette transformation dans plusieurs adaptations filmiques, où la Chine n’est plus l’antagoniste principal ou la source du danger (dans Iron Man 3, le « Mandarin », méchant emblématique de la série Marvel, est transformé en ersatz de terroriste islamiste ; dans World War Z, le virus ne vient plus de Chine comme dans le roman, mais de Taïwan), dans des films qui font de la Chine et des Chinois des adjuvants (dans Seul sur Mars, l’aide de l’agence spatiale chinoise CNSA permettra de sauver le héros ; dans Transformers : l’Âge de l’extinction, les autorités chinoises viennent au secours de l’humanité en péril en luttant contre les Decepticons), ou des alliés clés des héros occidentaux (dans X-Men : Days of Future Past, la très populaire actrice chinoise Fan Bingbing incarne Blink, c’est elle qui permet aux X-Men de combattre les Sentinelles au péril de sa vie ; dans Independence Day: Resurgence, Angelababy Yang, une actrice très populaire en Chine, joue le rôle de Rain Lao, une pilote chinoise participant à l’anéantissement du grand méchant du film). À côté de cette évolution scénaristique, les métropoles chinoises, au premier rang desquelles Shanghaï et
Hong Kong, sont également de plus en plus présentes dans les films américains, représentées comme des pendants exotiques aux métropoles occidentales.
Leur intégration dans le sillon métropolitain international et la mise en avant de la Chine comme puissance alliée, dont les codes, bien que différents, sont compris et acceptés par l’Occident, sont bénéfiques pour la RPC. Le bénéfice est d’autant plus important que les autorités chinoises sont moins susceptibles d’être accusées de propagande que lorsqu’il s’agit de représentations véhiculées par des films chinois, puisqu’elles ne maîtrisent pas, ou font mine de ne pas maîtriser, le discours qu’Hollywood tient sur elles. Il s’agit là, en définitive, du dernier stade de réussite du soft power : ce moment décisif où les autres nations, celles que vous voulez séduire, se mettent à produire elles-mêmes un discours à votre bénéfice qui provoquera à son tour l’adhésion d’autres nations.