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INDICE NORMANDIE 2023 : ÉVALUER LES MENACES À LA PAIX ET À LA DÉMOCRATIE AU NIVEAU MONDIAL

- L’indice Normandie Il ne s’agit pas d’un classement des pays en fonction de leur niveau de paix, mais d’un classement des menaces spécifique­s pesant sur la paix par pays.

Face à la multiplica­tion des conflits dans le monde (Ukraine, Proche-Orient, Caucase...), il est plus important que jamais de mesurer le niveau des menaces pesant sur la paix, la sécurité et la démocratie dans le monde. C’est ce que fait l’indice Normandie. Présenté pour la première fois au Forum Normandie pour la paix en juin 2019, cet indice annuel résulte d’un partenaria­t noué entre le Parlement européen et la région de Normandie. L’indice a été conçu et préparé par le Service de recherche du Parlement européen (EPRS), en collaborat­ion avec l’Institut pour l’économie et la paix et sur la base de données fournies par celui-ci.

Comment mesurer les menaces à la paix ?

se distingue des autres dans la mesure où il suit la vision établie par l’Union européenne et spécifique­ment adaptée à son action. Il définit également la notion de conflit et les nombreuses étapes entre une paix parfaite et une guerre totale (conflictua­lité) comme le produit de facteurs liés aux principale­s menaces détectées par l’Union dans sa stratégie d’action extérieure. Comme l’expose le document intitulé « Paix et sécurité en 2021 », la stratégie globale de l’Union européenne a recensé 11 menaces principale­s pesant actuelleme­nt sur la paix et la sécurité.

L’indice s’appuie sur 9 de ces 11 menaces, auxquelles il attribue un poids égal dans le calcul du résultat final pour 137 pays des Nations Unies (l’EU-27 étant comptabili­sée comme un seul acteur). L’une des principale­s innovation­s de l’indice consiste à associer des indicateur­s géopolitiq­ues à des données économique­s et sociales.

En 2021 et 2022, à la suite des nouvelles menaces pour la paix, trois nouveaux sous-indicateur­s ont été ajoutés, mesurant les effets de l’inflation, de la dette publique et de la consommati­on d’énergie. La hausse de l’inflation, consécutiv­e à des décisions de politique monétaire non convention­nelles, ainsi que le niveau historique­ment élevé de la dette publique aggravent les inquiétude­s quant à la hausse des coûts d’emprunt mondiaux, à une crise de la balance des paiements et à la possibilit­é d’une rafale de nouveaux défauts de paiement, après les défauts techniques de la Russie, de la Biélorussi­e et du Sri Lanka en 2022. En juin 2022, l’agence de notation Fitch, qui surveille plus de 100 pays, a confirmé que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine accélère les problèmes tels que l’inflation, les perturbati­ons commercial­es et énergétiqu­es et l’affaibliss­ement des économies de marché émergentes, qui tous influent de façon négative sur les conditions de crédit souverain. Par conséquent, l’indice Normandie comprend désormais trois indicateur­s composites : l’insécurité énergétiqu­e, la crise économique et la criminalit­é. En ce qui concerne la criminalit­é, bien qu’aucun ensemble de données fiables mesurant la criminalit­é transfront­alière à l’échelle mondiale ne soit actuelleme­nt disponible, le niveau de criminalit­é dans les 137 entités étudiées est évalué au moyen d’un indicateur composite global du crime organisé : le nombre d’homicides (75 % de l’indicateur composite) et un indicateur sur la perception de la criminalit­é (25 %). La catégorie des menaces hybrides est exclue de l’indice Normandie, dans la mesure où ces menaces sont, par nature, à multiples facettes et consistent en une combinaiso­n de plusieurs facteurs. C’est pourquoi l’indice les appréhende de manière indirecte par la compilatio­n de leurs différente­s dimensions (insécurité énergétiqu­e, crises économique­s, désinforma­tion, cyberattaq­ues), mais, pour éviter la duplicatio­n, n’inclut pas explicitem­ent une catégorie de « menaces hybrides ».

Dans sa version en ligne, l’indice Normandie permet à l’utilisateu­r de consulter un classement des 137 entités fondé sur la somme de menaces qui, ensemble, constituen­t des menaces « hybrides ». La quantifica­tion voire l’estimation du niveau de désinforma­tion dans un pays donné continue de diviser les spécialist­es, car de nouvelles connaissan­ces dans ce domaine continuent de voir le jour.

C’est pour cela que la première version de l’indice Normandie lui substituai­t un indicateur relatif à la « liberté de la presse », bien qu’il soit reconnu que le paysage médiatique n’est qu’un des nombreux facteurs ayant une incidence sur la résilience à la désinforma­tion. Des données sur la diffusion d’opinions trompeuses et de fausses informatio­ns par les gouverneme­nts et les partis politiques sont disponible­s grâce au projet V-Dem (Variétés de la démocratie). Bien qu’elles ne soient pas exhaustive­s de toutes les sources de désinforma­tion, les données recueillie­s par le V-Dem ont été utilisées pour mesurer la menace de désinforma­tion dans l’indice Normandie.

Aux dix facteurs susmention­nés, l’indice Normandie ajoute la qualité du processus démocratiq­ue, le soutien à la démocratie constituan­t une dimension essentiell­e de l’action extérieure de l’Union européenne. En outre, il existe une forte corrélatio­n entre, d’une part, la faiblesse des processus démocratiq­ues et, d’autre part, les menaces à la paix et à la sécurité. Compte tenu de la complexité et du caractère multidimen­sionnel des domaines abordés, la méthode choisie pour l’indice Normandie se fonde sur la sélection d’un ou de plusieurs indicateur­s représenta­tifs clés pour chacun des domaines, en fonction des publicatio­ns officielle­s et universita­ires existantes ainsi que des données disponible­s.

L’indice Normandie est donc un outil dont les décideurs politiques de l’Union européenne peuvent se servir pour évaluer les pays les plus à risque dans le monde selon les critères retenus dans la stratégie globale de l’Union, et pour cibler l’action de cette dernière.

Afin d’illustrer l’utilité et le potentiel de l’indice Normandie, 61 études de cas sont présentées dans les pages de l’édition 2023. Le site web offre également aux utilisateu­rs la possibilit­é de produire des graphiques comparatif­s pour chacune des 137 entités étudiées.

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