Les chemins de traverse
Bien sûr, il y a les artères périurbaines bordées de commerces, qu’elles soient au sud ou à l’ouest. Bien sûr, il y a le projet de l’entrée de ville qui se profile enfin et ce viaduc sur la Scie qui finira bien par s’ouvrir un jour. Bien sûr, il y a les rondspoints taillés au bulldozer pour laisser passer les convois de pales d’éoliennes… Tous ces itinéraires présents ou futurs que l’on dépasse au volant et qu’on laisse sans états d’âme parce qu’ils se ressemblent tous et n’invitent pas au rêve mais desservent nos déplacements contraints.
Et puis il y a les petits sentiers sans gloire. Discrets, ils se mettent en quatre pour laisser passer nos croquenots de marche. Un brin raviné lorsqu’il pleut des cordes, un peu boueux aussi, mais tellement attachants, ils nous accompagnent le temps d’une virée, nous offrent en toute simplicité le paysage inédit réservé à celui qui se cale sur le rythme du marcheur et une fois le cheminement accompli, ils retournent dans leur modeste anonymat.
Saluons donc la restauration du GR21, le chemin de randonnée entre Puys et Brac- quemont qui longe l’oppidum gallo-romain pour rejoindre la campagne du petit Caux. Rendu impraticable par les ronces invasives et la boue, il était devenu un terrain de jeu pour les amateurs de moto- cross. Le voilà donc à nouveau abordable, avec un panneau explicatif à l’entrée, des marches pour en faciliter l’accès et c’est bien ainsi.
Dommage cependant que cette volonté d’ouvrir le sentier rénové n’ait pas fait l’unanimité parmi les riverains et qu’un propriétaire ait refusé que la bordure de son champ soit fréquentée par les randonneurs. Une portion de l’itinéraire initial a donc été confisquée et les promeneurs doivent désormais se consoler avec un bout de chemin empierré privé de perspective et de panorama.
Une piètre alternative qui s’enfonce le long d’un fossé comme une tranchée forestière. C’est en sortant de celleci que l’on aperçoit enfin en se retournant, un bout de mer à l’horizon. Autrefois, de petites pistes herbeuses couraient sur les versants des falaises, on pouvait s’y aventurer, le nez au vent, avec une vue à couper le souffle sur la côte. C’était sauvage et grandiose comme devrait l’être un chemin de randonnée. Mais ça, c’est fini.