L’épicerie itinérante crée du lien
L’épicerie-bar-tabac de campagne est une espèce en voie de disparition. A Angiens, celle tenue par le couple Boulier fait de la résistance. Cinq fois par semaine, l’épicier part à la rencontre de ses clients en milieu rural au volant de son camion.
Ouverts quasiment tous les jours, jamais de vacances, les époux Boulier à la tête de l’épicerie-bar-tabac d’Angiens, offrent à leur clientèle une disponibilité exceptionnelle. Et depuis 16 ans, cinq fois par semaine, cinquante semaines par an – qu’il pleuve, vente ou neige –, leur camion La Tournée normande sillonne les petites routes du Pays de Caux, de Blosseville-sur-Mer à Drosay en passant par une dizaine de villages. Partant de l’épicerie où il charge les denrées qu’il va livrer, Monsieur Boulier laisse Madame à la boutique et s’en va au-devant de ses clients, qui, invalides ou non motorisés, ne peuvent venir à lui.
De la nourriture et du lien
Il leur propose, à domicile, un échantillon de tout ce qu’ils trouveraient au magasin : épicerie fine, presse, tabac, produits frais…
Une tournée qui peut durer sept heures et qu’il effectue selon les jours en trois circuits différents. Il s’agit d’un service précieux pour ses clients qui relève aussi du lien social : « Avec le facteur, je suis parfois la seule personne qu’ils voient dans la semaine, alors, je reste un peu à discuter, je donne des nouvelles, ça fait partie du boulot. Il m’est arrivé de ramasser une dame qui était tombée chez elle depuis des heures »
Le camion des Boulier est, pour tous les villages traversés, le dernier commerce subsistant, presqu’un symbole du maintien de la vie dans les campagnes. Un symbole fragile, car la clientèle, vieillissante, ne se renouvelle pas.
Les commerçants, eux, continuent à s’adapter. On peut désormais jouer au Loto dans la boutique, un moyen de plus de tenir bon, accueillants et ouverts presque chaque jour à la croisée du carrefour d’Angiens.