Les particules finement élémentaires
Malgré quelques alertes saisonnières, on se croyait à l’abri, on pensait que notre région serait épargnée. Non… pas à Dieppe, quand même ! Pas sur le littoral !
On a déjà assez à faire avec nos indésirables locaux comme autant d’OVTI ( organismes vivants très identifiés) résidant en ville. Tenez, les goélands, par exemple : personne ne les a invités à squatter nos poubelles, personne ne leur a permis de faire du rase-mottes sur les étals des marchandes de poisson, mais pourtant ils sont bien là, embusqués sur les lampadaires de la plage, campés sur le mobilier urbain, l’oeil figé sur on ne sait quoi, comme s’ils attendaient la marée du siècle.
Il faut faire avec : ils demeurent, ajoutant au charme ambigu de notre ville en bord de mer et se croyant même autorisés à lâcher quelques jaillissements blanchâtres sur les pare-brise quand ce n’est pas sur d’infortunées épaules. Contrairement aux déjections canines, il n’est pas prouvé que cela portebonheur… Tiens, voilà encore un désagrément sur lequel on pourrait disserter, mais on évi- tera ici. Toujours est-il qu’une fois les volatiles installés, difficile de les déloger ensuite. Bien des municipalités s’y sont cassé les dents. Il reste à invoquer sainte Rita, la patronne des causes désespérées ou bien demander au geek du curé une appli pour smartphone : « Délivrez-nous des bestiaux indésirables, amen ! »
Tout cela pour vous dire que nous voilà destinataires d’une calamité supplémentaire. En dépit de toute hypothèse raisonnable, une actualité qui n’aurait jamais dû nous concerner s’est brusquement rappelée à nos poumons nourris à la pureté de l’air marin. Les particules fines ont envahi notre région. Et pas qu’un peu !
La carte nationale est formelle, nous sommes en plein dans l’oeil du cyclone. Ce triste privilège ne serait donc pas réservé aux chanceux résidant en périphérie parisienne ? Il n’y en aurait pas que pour les montagnards rustiques de la vallée de l’Arve, pour les écolos de la cuvette grenobloise ou pour les banlieusards des coteaux du Lyonnais ? Ce ne serait donc pas la triste rançon des sites industriels forcément polluants ? Les particules fines sont arrivées jusqu’ici pour nous prouver qu’il n’y a rien de mieux partagé que les conséquences d’une course au « progrès » mortifère.