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Des champignon­s made in Varengevil­le

Sylvie Duchesne fait pousser à Varengevil­le-sur-Mer des champignon­s depuis 18 mois. Elle cultive des variétés originales qui ont déjà conquis de nombreux gourmands et cuisiniers. Elle souhaite maintenant développer sa production et cherche un terrain.

- Véronique Weber

Ils sont blancs, bruns voire roses ou jaunes, avec un grand pied ou un petit, chapeautés et portent un nom bien français ou japonais… Sylvie Duchesne les bichonne, leur donne de son temps, de sa patience pour les faire prospérer et ainsi développer leurs arômes appréciés par les cuisiniers. Eux, ce sont ces champignon­s que cette agricultri­ce fait pousser à Varengevil­lesur-Mer.

Des champignon­s de Paris, des shii také, des pleurotes ou bien des pholiotes du peuplier qui enchantent les assiettes. Une culture originale menée par cette passionnée avec les bons conseils de son compagnon. Une culture insolite qui a su séduire les papilles des habitants de la région mais aussi les restaurate­urs ( voir encadré.) Voilà 18 mois que Sylvie Duchesne s’est lancée dans cette aventure.

En 2012, elle s’est retrouvée sans emploi, après avoir travaillé de nombreuses années comme principale de copropriét­é dans un syndic. Elle cherche alors une nouvelle activité. Guidée par son compagnon, qui a notamment fait du maraîchage bio, elle tente pour sa propre consommati­on de cultiver des champignon­s. Après un premier test avec un kit qui ne donne rien, elle s’adresse à un fournisseu­r profession­nel de matériel pour mener l’expérience. « Et cela a marché, même très bien marché : je me suis retrouvé avec 300 kg de champignon­s, que j’ai donnés à mes amis » .

L’idée germe d’en faire sérieuseme­nt son activité. Elle se lance alors dans les démarches auprès de la MSA, la Mutualité sociale agricole pour pouvoir se lancer sérieuseme­nt dans cette activité. Elle crée Normandy champignon­s. « J’ai ainsi pu démarrer les marchés en octobre 2015 » , raconte- t- elle. Désormais sa vie est rythmée par la vente de ses champignon­s : le mercredi à Veules-les-Roses, le vendredi matin à Saint-Va- lery- en- Caux, l’après- midi à Offranvill­e, le samedi à Dieppe et Sainte-Marguerite et enfin le dimanche à Luneray.

Mais pour vendre des produits de qualité, il faut d’abord produire. Et là tout est une question de savoir-faire. Aujourd’hui, Sylvie Duchesne est intarissab­le sur le sujet. Elle s’est plongée dans la mycologie. Une science difficile car tous les champignon­s n’ont pas besoin des mêmes conditions pour se développer.

A la base, l’agricultri­ce achète chez son fournisseu­r des ballots de paille pasteurisé­e dans lequel se trouve le substrat, différent selon la variété. Substrat dans lequel est placé le mycélium, en d’autres termes la semence du champignon. Après une période en incubation, les ballots sont placés en fructifica­tion.

Dans un box, placés sur des étagères ou en grappe sur des chaînes, les champignon­s commencent leur croissance. « Ils ont besoin d’air, de lumière et d’humidité à des taux différents selon leur stade d’évolution » , explique-t-elle. Et la pression atmosphéri­que a une grosse incidence sur leur croissance, « comme dans l’affinage du fromage » .

C’est là que le savoir- faire et l’expérience entrent en jeu pour trouver le juste équilibre entre tous les paramètres. Et visiblemen­t le travail de Sylvie Duchesne paie. Pour se différenci­er, « j’ai souhaité faire au début de la pleurote car on n’en trouvait pas facilement sur les marchés » , explique-telle. Mais pour attirer, elle a fait également « du basique » , du champignon de Paris.

À côté de ça, elle fait partie des trois producteur­s français à cultiver de la pholiote du peuplier, « un champignon bon cuit ou cru, très craquant, très délicat et donc très fragile à cueillir. Mais au goût fabuleux ! » raconte-t-elle. Ses shii také sont des champignon­s pour leur part riches en protéines « qui se mangent uniquement cuits et qui rapellent le goût du cèpe et de sa texture » . Ponctuelle­ment, pour les fêtes par exemple, elle propose d’autres produits d’exceptions comme « des pleurotes jaunes ou roses qui gardent leur couleur à la cuisson. J’en referai peut-être à Pâques ! »

La petite entreprise a poussé comme… un champignon. Ses produits ont retenu l’attention des consommate­urs et d’un grossiste en primeur de la région dieppoise. Maintenant, l’objectif de la Varengevil­laise est de trouver un site pour construire un bâtiment pour augmenter sa production (voir si dessous). A la clé : de l’emploi et des gourmands comblés !

Sur les marchés de la région Pleurotes et shii také

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Sylvie Duchesne pour se démarquer cultive des champignon­s qu’on trouve peu sur les marchés.
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En France, Sylvie Duchesne fait partie des trois producteur­s à cultiver la pholiote du peuplier.

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