Le premier festival dieppois des graffeurs, une belle réussite
Dieppe a désormais son festival de street art. La première édition s’est déroulée le week-end dernier sur les friches de l’ancien garage Renault dans le quartier de Janval. Huit artistes venus de toute la France y ont apporté une touche colorée.
Dieppe a dorénavant son festival de street art. Le week-end dernier, la Maison Jacques-Prévert a accueilli la première édition de cette animation culturelle à laquelle sept graffeurs de bonne renommée ont pris part. Tous ont répondu à l’invitation de Konu, un artiste local et la principale cheville ouvrière de cette manifestation.
Avec la complicité de la Ville et de partenaires privés, les graffeurs ont eu pour mission de recouvrir environ 250 m2 de façade sur les locaux du centre social mais aussi sur les bâtiments de l’ancien garage Renault. Ces derniers sont destinés à une destruction prochaine. Les visiteurs ont pu faire connaissance et mieux appréhender cette pratique picturale tout au long des deux jours.
Absence de contraintes
Konu avait convié le dieppois Alone, il oeuvre depuis 20 ans dans la ville aux quatre ports en s’exprimant par des tags, des graffitis : « Quand on est piqué à ça, ça reste » , sourit-il derrière un masque pour dissimuler son visage. Il a débuté à jouer à la peinture à la bombe, il y a une vingtaine d’années, sur les friches de l’ancien abattoir dans le quartier du Pollet. Aujourd’hui, les friches se font rares – « mais quand il y en a, il faut se les approprier » – et il pratique là où il peut. « Je fais ça pour le plaisir, j’ai bien conscience que mes réalisations sont éphémères mais je m’en fiche. Je veux montrer que je suis libre, j’ai besoin de l’exprimer », explique-t-il en redécorant le transformateur situé à l’entrée de la MJP.
Près de l’entrée de la poste et de la mairie annexe, c’est le Rouennais Ecloz qui est chargé de recouvrir le mur. « J’ai deux jours pour réaliser mon travail, je n’ai rien préparé, je n’ai pas de contrainte, c’est plaisant » , dit- il. Considéré dans sa prime jeunesse comme un vandale, il a su faire de son art une échappatoire. Il réalise des chantiers de décorations pour des collectivités mais aussi pour des grandes entreprises. Une partie de son travail est d’ailleurs visible dans sa galerie, rue des Bons-Enfants à Rouen. « C’est une chance de nous prêter des murs sans savoir ce que l’on va faire, presque un fantasme, s’amuse-t-il. En tout cas, avoir une oeuvre destinée à rester à Diepppe reste une belle opportunité » . Figuratif, lettrage, wild style, Ecloz a fait un mix des différentes techniques pour réaliser son travail.
Konu a aussi convié deux autres Rouennais LKsir et Madkow ou encore les Parisiens Comer et Crey 132, deux graffeurs bien connus dans la capitale. Les visiteurs ont aussi pu apprécier le travail de Carlito, un artiste venu de Montpellier, qui s’est élancé dans une grande fresque avec toute sa sensibilité.
Le street art, c’est aussi un mouvement qui se couche sur la toile. A l’intérieur de la Maison Jacques-Prévert, les visiteurs ont admiré les tableaux de Dhoa, un artiste rouennais qui a suivi un cursus aux Beaux- arts de Bourges. Ce graffeur mélange l’explosif et l’académique dans ses oeuvres figuratives tout en transmettant ses émotions du moment.
Un art conventionnel
Ce premier festival à Dieppe a été un vrai succès. Les jeunes qui sont passés ont d’ailleurs pu s’exercer à la technique du graffiti. « De plus en plus de ville lance leur Citizen Art et je suis particulièrement heureux que Dieppe s’y soit mis, complimente Konu. Le street art est aujourd’hui plus conventionnel que par le passé, on a démontré qu’on pouvait faire ce type d’événement avec sérieux » . L’artiste dieppois anime régulièrement des ateliers dans les écoles et collèges, il n’est pas exclu qu’un atelier permanent en direction des jeunes soit mis en place prochainement dans la cité d’Ango.