Alexandre Bourard ressuscite les méthodes anciennes
À Hautot-sur-Mer se trouve un champ un peu particulier. Là-bas, pas de rang d’oignons ou d’arroseur automatique, mais plutôt des structures en bois, des fleurs, un poulailler… Sur cet hectare et demi de verdure, Alexandre Bourard, membre fondateur de l’association Nouvelles élégances 3A.0, vit et travaille la terre, celle de sa mère, qui lui loue pour la cultiver. « Au départ, on n’avait que quelques plants de légumes, aujourd’hui ça prend des proportions d’entrepreneur » , plaisante-t-il.
En 2015, lui et deux amis se lancent dans un projet de permaculture : rendre cultivable une terre avec des méthodes naturelles, comme le classique fumier ou les copeaux de bois. Ils sont maintenant une vingtaine à graviter autour du projet, en aidant à cultiver ou en achetant les produits.
En quête de méthodes
Pour produire leurs fruits et légumes, Alexandre Bourard et son association Nouvelles élégances 3A.0, ont recours à des techniques anciennes où venues d’ailleurs. « On s’inspire de nos voyages respectifs, de livres, de ce qu’on trouve sur internet aussi… On ne cherche pas à revenir à la bougie ! On veut juste un retour à la qualité. »
Aucun produit chimique n’est utilisé sur le terrain, mais beaucoup d’autres alternatives pour faire pousser les végétaux… Tomates sur des bottes de paille comme il a vu faire au Canada, pyramide de bois utilisée plusieurs siècles plus tôt pour favoriser les bonnes énergies, espèces de fleurs par dizaines pour maximiser la biodiversité… À chaque pas, le décor change. « Là, c’est une serre enterrée. J’ai découvert ça en Amérique du Sud. Elle protège des intempéries et du gel » , explique Alexandre Bourard en pointant du doigt une porte située un mètre et demi plus bas.
L’association achète ses graines biologiques, bien que plus chères, à une association qui favorise les anciennes variétés, plus résistantes et sans pesticide. L’objectif : proposer des produits jamais traités. Pour autant, pas de petite étiquette sur les produits vendus sous une grande tente mauritanienne à l’entrée du terrain. « On n’a pas de label « bio » , et je n’en veux pas, confie Alexandre Bourard. Le bio, c’est devenu une industrie. Des fruits biologiques qui viennent de l’autre bout du monde en bateaux, en avion… ça n’a plus de sens. »
Les projets fusent
À Hautot- sur- Mer, pas de machine en vue ! Tout est fait à la main. L’un des nombreux projets qui trottent dans la tête d’Alexandre Bourard : un âne pour tracter et faciliter le travail tout en évitant l’émission de CO2.
Pour lui, c’est certain : un autre monde est possible, comme le lui rappelle le tatouage qu’il porte au poignet. Les nouvelles alternatives qu’il met au point, il souhaite les partager. Lui et son association bâtissent peu à peu de futurs projets avec des écoles et avec Les Ateliers du coeur qui réinsère les personnes par le travail.
Sous un soleil de plomb, il slalome entre les plantations, cherchant sans doute déjà d’autres façons d’utiliser la terre, en douceur.