Les Informations Dieppoises

Des artistes pour tisser des liens avec le monde

Ce week-end, la 26e édition du festival du lin et de la fibre artistique, organisée par Alliance et Culture, s’est déroulée dans toute la vallée du Dun et des environs. Une invitation à explorer la plante emblématiq­ue du pays de Caux qui fait le tour du m

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James Hunting, artiste anglais du textile, brodeur d’exception qui a travaillé plus de 25 ans dans la haute couture, aujourd’hui indépendan­t et professeur à l’école des Beaux-Arts textiles de Londres où il a été élève, a traversé la Manche pour le Festival du lin. Il exposait son travail dans la salle communale de la Chapelle-sur-Dun.

Des morceaux de toiles de lin brodées, parfois teintées, parfois brutes, parfois tranchées par la soie. Des formes géométriqu­ement ouvertes, jamais franchemen­t droites et régulières, jamais scolaires, et James Hunting dirait à ce propos « jamais normées » tant il est un artiste sensible au poids des normes dont il rejette la domination.

De l’âme dans le tissu

Par exemple, puisqu’il est question de pouvoir, il s’inter- roge : « Comment utiliser le point et faire ce que je veux ? » . Pour James Hunting qui animait des ateliers très prisés durant ces matinées de festival, il s’agissait de donner le pouvoir à la broderie. Pas question de soumettre la créativité à la technique. Il faut libérer le geste et faire entrer l’âme dans le tissu.

« D’abord le concept, dit-il, ensuite la technique » . Autrement dit, c’est l’idée, son âme que James veut mêler à la fibre de lin, et c’est elle, l’idée, le fil qu’il entend broder avant tout. Il ne voit pas l’intérêt de faire des choses décorative­s, de jolies choses, « des fleurs, dit-il, pour se reposer » .

Un artiste engagé

James est un artiste engagé. Il a quelque chose à dire et veut interpelle­r le spectateur, qu’il pense. Ce qui le concerne aujourd’hui, ce qui l’anime en tant qu’homme et en tant qu’artiste, ce qui l’engage, c’est « l’intégratio­n sociale et culturelle de la différence » . L’artiste ne cache pas son homosexual­ité et il estime que l’Angleterre a régressé ces derniers temps en matière d’intégratio­n.

Il ouvre le propos en prenant comme exemple le Brexit, un repli significat­if qui a tendance à le froisser. Alors, ces toiles de lin qui assemblent simplement des morceaux de dimensions et de couleurs variables, brodées en utilisant un seul type de point, « et tous situés au même niveau, sans différence d’épaisseur » , précise l’artiste, repassés plus d’une centaine de fois, sont comparable­s à des drapeaux, des drapeaux ouverts qui intègrent la différence.

 ??  ?? James Hunting, durant ses ateliers, a incité ses élèves à libérer le geste de la technique. Brigitte Varnier, une habitante de Yerville, créatrice de chapeaux, présentait cinq modèles noirs et blancs, 100 % lin normand. Hugo Lemoine était l’un des deux...
James Hunting, durant ses ateliers, a incité ses élèves à libérer le geste de la technique. Brigitte Varnier, une habitante de Yerville, créatrice de chapeaux, présentait cinq modèles noirs et blancs, 100 % lin normand. Hugo Lemoine était l’un des deux...

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