La forêt d’amour de Rieko
Rieko Koga exposait dans le choeur de l’église de SaintPierre-le-Vieux. Une oeuvre à la fois géante par sa dimension et simple dans sa réalisation. Une multitude de morceaux de coton teints en bleu indigo suspendus à des fils qui traversent le choeur de l’église d’un bout à l’autre et qui rappellent le champ de lin lorsqu’il est en fleur.
L’artiste, née à Tokyo et vivant à Paris depuis une quinzaine d’années, explique : « indigo et amour se prononcent de la même façon en japonais, on dit aï » . C’est donc de cette association qu’est venue l’idée de projeter dans l’espace « l’amour inté
rieur » , dit-elle. Et d’exposer ces petits morceaux de bleu paisible, d’insuffler au monde un sentiment de paix. Rieko en est persuadée : « chaque personne a une mission et la mienne est de créer pour la paix ». Broder pour protéger
Elle a fait des études de modes au Japon, dans l’école qui a formé le styliste Kenzo, ainsi qu’à Paris. Délaissant le vêtement, elle s’est tournée vers des oeuvres textiles et la broderie contemporaine, réalisant parfois des installations comme cette forêt d’amour qu’elle présentait pour le festival. La broderie pour elle, le fil et l’aiguille, « c’est avant
tout un lien, dit-elle, permettant de relier et de faire se rejoindre les souvenirs dans la mémoire ». Mais également tournée vers l’avenir, une façon de faire « des voeux et des prières » . Ainsi, elle évoque « les tissus de prière » et fait référence à l’art sacré du textile. « Broder, dit-elle, c’est un acte spirituel. » Elle pense aux corps blessés qu’il faut recoudre. En passant l’aiguille dans le tissu, elle entend « soigner les sentiments, créer des oeuvres pour protéger quelqu’un ».