Les Informations Dieppoises

Des Albanais expulsés à la recherche d’un abri

L’associatio­n Itinérance oeuvre pour apporter une aide matérielle, administra­tive et juridique aux migrants de toutes origines qui arrivent à Dieppe. Après l’avis d’expulsion d’un squat d’une trentaine d’Albanais, elle envisage des solutions de secours.

-

Le rendez-vous entre l’associatio­n Itinérance et les Albanais était fixé lundi dernier à 18 h, sur un parking de Dieppe, pour faire le point sur la situation des trente expulsés du squat où ils avaient trouvé refuge quelques mois auparavant. L’alerte a été donnée vendredi 28 juillet au matin après le passage d’huissiers afin de leur signifier une assignatio­n à comparaîtr­e en justice l’après-midi même à 14 h, soit 4 h après l’interventi­on.

« Impossible de trouver un avocat et de préparer une défense, déplore Nicolas Legrand coprésiden­t d’Itinérance. Je me suis donc improvisé défenseur à la barre et j’ai plaidé sur 2 points : le laps de temps trop bref entre la visite des huissiers et la comparutio­n d’une part et d’autre part, j’ai contredit ce qui était écrit dans le procès-verbal, à savoir que les Albanais se seraient introduits par effraction et auraient commis des dégradatio­ns. » Il poursuit en précisant que les locaux étaient ouverts à tous les vents et n’étaient pas sécurisés.

Après un délibéré de trois jours, le jugement a été rendu et les Albanais doivent quitter les lieux. Il reste à trouver une solution alternativ­e pour les abriter. C’était l’objectif de ce rendezvous, lundi soir, quelques heures après la décision du tribunal.

trouver des solutions

Très prochainem­ent donc, les huissiers viendront mettre en oeuvre l’expulsion qui laisse espérer des modalités pacifiques. « Nous avons demandé aux jeunes gens de rassembler leurs effets personnels ailleurs afin qu’ils ne soient pas saisis » , précise Jean-Luc, un des bénévoles. Mais d’ores et déjà, Itinérance cherche un plan B et ils sont à la recherche de solutions. « C’est la quatrième expulsion en un an. Il nous reste quelques tentes, nous allons les distribuer, mais c’est un retour vers encore plus de précarité » , souligne l’un d’entre eux.

Toutefois, l’associatio­n a remarqué des contrôles moins fréquents et une pression moins forte sur les Albanais, par rapport à l’hiver dernier. Globalemen­t, la période de grands froids a été moins difficile que la précédente. « Les centres d’accueil ont fait preuve d’humanisme et ils se sont largement mobilisés pour héberger ceux qui étaient à la rue ».

Ils peuvent bénéficier de sanitaires et d’un endroit pour laver leur linge, mais peu utilisent ces commodités car elles ne sont pas suffisante­s par rapport au nombre de migrants. L’hygiène reste toujours une question cruciale.

Aujourd’hui, l’effectif des Albanais s’est stabilisé autour de 60 à 70 personnes, et le turnover reste important. Selon les bénévoles d’Itinérance, de moins en moins aspirent à se rendre en Angleterre et beaucoup pensent se fixer en France « pour une vie meilleure » .

Une situation problémati­que

Ermal, est l’un d’eux. Arrivé à Dieppe il y a 10 mois, il a pris des cours de français et le parle couramment aujourd’hui. Il a étudié les sciences politiques en Albanie. « Mais là-bas, il faut être riche pour obtenir un poste à ce niveau d’études. Il faut soit donner un bakchich, soit être pistonné. Je n’avais aucune chance, dit- il. Ici, je voudrais m’inscrire en fac et reprendre mes études… Vous savez, on veut travailler ou étudier, c’est tout, mais ne l’écrivez pas, tout le monde le sait à Dieppe » conclut le jeune homme dans un sourire désabusé.

 ??  ?? Après les expulsions de squats d’Albanais, il reste la solution des tentes. (Photos d’archives)
Après les expulsions de squats d’Albanais, il reste la solution des tentes. (Photos d’archives)

Newspapers in French

Newspapers from France