Les Informations Dieppoises

Une incitation financière GROSSESSE. pour arrêter de fumer

Une étude nationale évalue l’efficacité de l’incitation financière pour faire baisser le tabagisme chez les femmes enceintes. L’hôpital de Dieppe y participe.

- Paul Descamps

Dix-sept pour cent des françaises fument toujours après trois mois de grossesse. Afin de faire baisser ce chiffre, l’INCa, l’Institut national du cancer finance une expériment­ation originale, qui prévoit d’inciter financière­ment les femmes enceintes à arrêter de fumer.

Seize centres hospitalie­rs français participen­t à cette étude, nommée FISCP, lancée courant 2016. Celui de Dieppe a rallié le dispositif en avril dernier, à l’initiative du sage-femme Benjamin Lecollaire, spécialisé en tabacologi­e. « Outre une baisse de la fertilité, le tabagisme augmente la probabilit­é de mort subite du nourrisson et d’accoucheme­nt prématuré, explique le praticien dieppois. Il accroît également les risques d’asthme, d’otites ou de croissance perturbée de l’enfant. »

Prime d’abstinence

Ainsi, il perçoit l’incitation financière comme « un outil supplément­aire permettant de parfaire l’accompagne­ment » vers l’arrêt de la consommati­on de tabac. « Le recours à une forme de rémunérati­on heurte certaines personnes qui se disent «tiens, je vais me mettre à fumer moi aussi», observe-t-il. Mais d’après une enquête d’opinion, ce dispositif est très bien accueilli. »

Le principe ? Chaque mois, la patiente expose lors d’un rendez-vous sa consommati­on de cigarettes lors des sept jours pré- cédents. Si elle a été abstinente, elle obtient un bon d’achat de 20 €. Si elle l’est toujours le mois suivant, 40 € de plus lui sont offerts, puis 60 €, et ainsi de suite. S’il y a rechute, pas de récompense, et la « prime d’abstinence » retombe à 20 € le mois suivant.

Pour tester l’efficacité de la mesure, les femmes sont divisées en deux groupes durant l’expériment­ation : l’un est rémunéré, l’autre pas. « Les groupes sont faits aléatoirem­ent, par informatiq­ue, indique Benjamin Lecollaire. Si elles le désirent, les participan­tes à l’étude peuvent savoir dès le départ dans quel groupe elles sont placées, sachant que toutes reçoivent a minima 20 € au départ. »

Contrôle inopiné

À chaque rendez- vous, la patiente souffle dans un appareil appelé CO testeur, qui témoigne de sa consommati­on de tabac durant les dernières heures. Pour le mois précédent, les déclaratio­ns des participan­tes font foi. Toutefois, une analyse d’urine inopinée est pratiquée au cours du suivi afin de vérifier leurs dires.

Pour l’heure, seules sept femmes ont accepté de participer à l’étude à Dieppe. Benjamin Lecollaire espère qu’elles seront une vingtaine d’ici la date limite d’inclusion, fixée à avril 2018.

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