Des précisions
Suite à notre article sur le projet de parc éolien en mer au large de Dieppe qui a été rejeté par le conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale (lire Les Informations dieppoises du 24 octobre), le comité régional des pêches a tenu à apporter les précisions suivantes :
« Depuis 2005, c’est-à-dire huit ans avant l’appel d’offres de l’État de 2013, les pêcheurs professionnels sont opposés à l’implantation du parc sur cette zone en raison de son importance halieutique majeure. Mais les marins-pêcheurs, et les CRPMEM qui représentent leur point de vue, ne sont pas opposés à l’éolien offshore en général, en témoigne notre travail en étroite collaboration avec EDF sur le projet éolien offshore de Fécamp, par exemple.
Nous sommes donc bien conscients des enjeux de la transition énergétique dans le contexte de changement cli- matique que l’on connaît et ne sommes nullement partisans d’une vision anti-éolienne. Nous estimons cependant qu’il n’est pas normal, dans le contexte de planification de l’espace maritime initié par l’Europe depuis quelques années, qu’une filière émergente (ici l’éolien en mer) vienne remplacer purement et simplement les filières préexistantes (ici les activités de pêche maritime et les emplois induits à terre) sans que ces dernières ne puissent être entendues ni écoutées.
Vous citez dans votre article les emplois « locaux » que pourrait créer la construction du projet éolien, mais vous omettez les emplois que cet espace de 110 km² génère à ce jour. Pour vous convaincre de l’importance économique de cette zone pour la pêche maritime, rien de plus facile : il suffit de citer le promoteur éolien lui-même ou les études de l’Ifremer.
Les chiffres du Système d’In- formation Halieutique (SIH) de l’Ifremer montrent qu’en 2016 : un peu plus de 100 navires de pêche fréquentent la zone, soit près de 400 marins-pêcheurs embarqués ; 23 % de ces navires artisans passent plus de sept mois par an sur la zone ; la zone représentait en 2016 un total estimé à 6 785 heures de pêche ; les chiffres de l’étude d’impact socio-économique du projet éolien sur la pêche (étude du promoteur éolien que vous aurez du mal à vous procurer, c’est dire leur transparence sur le sujet) ; une estimation basse du chiffre d’affaires annuel que représente cette zone pour la pêche : entre 3,1 et 9 millions ; 80 à 100 emplois temps plein (soit plus de 100 emplois réels) sur la zone d’implantation et son pourtour immédiat : marinspêcheurs, emplois portuaires et emplois du bassin local.
Les techniques de constructions prévues (battage de pieux et fuite des poissons sur plu- sieurs centaines de km² ; enrochements sur les câbles aux pieds des fondations ; épaves qui se retrouvent au beau milieu des couloirs interéoliennes et empêcheraient les chalutiers de travailler dans le parc) rendent impossible le maintien de la pêche sur cet espace si le projet venait à aboutir.
Nous espérons donc que le conseil d’administration de l’Agence française de la biodiversité validera le vote défavorable du Parc naturel marin pour sauvegarder ces emplois locaux de marins. Comme cela aurait dû être fait depuis bien longtemps, il s’agira alors de se réunir pour définir ensemble, en bonne concertation et si l’État le souhaite, une nouvelle zone d’implantation qui ait un impact moindre sur nos activités. C’était déjà les conclusions des deux débats publics organisés sur ce projet en 2010 et 2015. »