« La France est la lanterne rouge de l’Union européenne »
Guillaume Blavette est un membre actif de l’association France nature environnement. Il défend la construction de d’éolien offshore au large de Dieppe-Le Tréport pour amorcer la transition énergétique et le développement industriel du port.
Êtes-vous surpris par l’avis négatif rendu par le conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale ?
Oui, cet avis a surpris tout le monde. Même si on sent un vent mauvais depuis des années face à ce projet éolien, en particulier, mais aussi par rapport au développement de l’offshore, en général. Notamment, à Fécamp et Courseulles-sur-Mer, dans le Calvados, où des recours ont été déposés. Le projet au large de Dieppe-Le Tréport est un des pôles d’opposition les plus véhéments.
Néanmoins, il dispose aussi de soutiens, notamment des écologistes de France nature environnement que je représente, et des antinucléaires à Dieppe. Pourquoi, en tant que membre de France nature environnement, vous défendez la construction de ce parc ?
Nous avons toujours été favo- rables au projet pour trois raisons. La première : il permet une transition énergétique pour diminuer l’utilisation du nucléaire. La seconde : il crée de l’emploi en termes de maintenance mais aussi de construction de nacelles et de pales au Havre.
Le développement de l’éolien permettrait aussi de booster la recherche et le développement en lien avec le travail de « thésards » de l’Institut national des sciences appliquées de Rouen. Les acteurs économiques voient ce projet comme une véritable opportunité. Pourtant une étude d’impact montre qu’il pourrait y avoir des conséquences sur la ressource halieutique…
C’est le troisième point que je voulais développer. Grâce à ce projet, il y a eu des études de faites, des études d’impact que l’État ne pouvait pas payer. Et grâce à elle, nous avons appris beaucoup de choses sur le mi- lieu, sur la biodiversité. On peut alors se dire qu’une démarche naturaliste est possible. Les connaissances vont progresser. Il faut voir les choses dans une optique gagnant/ gagnant. À noter, que le comité régional des pêches recevrait près d’1/3 des taxes liées au parc…
L’utilisation des fondations type jacket ne va pas détruire le milieu. Elles ont été conçues pour respecter l’environnement. N’oublions pas que le nombre de mâts a été divisé par deux par rapport au projet initial. Vous expliquez que la France est très en retard en termes d’énergie renouvelable…
Oui, ce projet a été imaginé, il y a dix ans, par Jean-Michel Germa, le fondateur de la Com- pagnie du vent. La France est la lanterne rouge de l’Union européenne ! La situation est catastrophique ce qui entraîne des problèmes majeurs au niveau industriel. En Écosse, il y a un parc éolien flottant ; dans l’estuaire de la Tamise, trois parcs éoliens tournent… Allez-vous continuer à militer pour ce parc ?
Oui, car il faut freiner le changement climatique pour que le poisson ne migre pas davantage vers le Nord. Savez- vous que des crabes bleus, mangeurs de tourteaux, se sont développés au bout de la conduite de rejet de Penly ! Aujourd’hui, l’activité nucléaire est plus polluante que le parc notamment en termes de métaux lourds. Si les pêcheurs ont des soutiens locaux, nous aussi nous en avons dont Edouard Philippe, le Premier ministre, qui a tout fait pour accueillir les usines au Havre.