La chasse à l’alouette, une chasse de dames
Samedi 21 octobre, à Belleville- en- Caux, a eu lieu un événement exceptionnel : une chasse à l’alouette au miroir. Cette pratique traditionnelle remontre au 18e siècle. La chasse aux alouettes est permise entre le 15 octobre et le 15 novembre. Durant cette période, les alouettes migrent en grand nombre. On connaît mal leur territoire et leurs lieux de passage. La pratique de la chasse aux alouettes semble remonter depuis des époques très reculées.
Les marins et les personnes sans emploi qui voulaient améliorer l’ordinaire se livraient à la pêche à l’alouette sur les falaises et les plaines en bordure de mer, des côtes de la Manche jusqu’en Europe du Nord. Les hommes tendaient des lignes à ras de sol. Le long de la corde tendue, étaient positionnées des boucles de crin qui formaient autant de pièges pour capturer les oiseaux de passage. Cette technique qui s’apparentait au braconnage, fut abandonnée. En effet de nombreuses espèces se retrouvaient prises dans les collets et la pratique soulevait de nombreuses polémiques.
Une quantité limitée à 15 pièces
À la fin du 19e siècle s’est répandue une autre pratique : la chasse au miroir. Sur les lieux de passage des alouettes, des pièces de bois aux formes variées sont déposées au sol. Sous l’effet du vent, elles tournent sur elles- mêmes. Les oiseaux les aperçoivent en vol, se posent à proximité et à ce moment le chasseur en profite pour les chasser au fusil. Il s’agit d’une chasse tranquille, qualifiée à une époque de « chasse de dames » , puisque les dames qui s’y adonnaient, attendaient, tranquillement assises, que les alouettes se posent.
Les miroirs qui ornaient les leurres et leur avaient donné leur nom sont maintenant interdits. La chasse est très réglementée : la période est courte, un mois par an, la quantité est limitée à 15 pièces par poste de chasse et par matinée. Des milliers d’alouettes traversent le ciel pendant leur migration, quelques dizaines sont ainsi prélevées.
La Confrérie des passionnés de l’alouette se réunit tous les ans pour une matinée de chasse au miroir. Généralement cette chasse se déroule dans l’Est de la France. Le but avoué de cette manifestation, c’est de se retrouver entre passionnés pour partager son amour de la nature sauvage et pour partager un bon repas. Certes l’alouette ne pèse qu’une cinquantaine de grammes mais son goût prononcé en fait un mets de choix.
Une collection insolite
Cette année, environ 40 chasseurs, gourmets, n’ont pas hésité à venir de toutes parts de la France pour cette chasse traditionnelle qui s’est déroulée à Belleville- en- Caux, et cette dégustation. Un restaurateur de la région avait pour mission de cuisiner le produit de leur chasse.
Jean-Marie Pate, collectionneur d’objets anciens et de mi- roirs aux alouettes, a profité de cette occasion unique dans notre secteur pour exposer son impressionnante collection de miroirs. L’exposition se déroule dans les locaux de la Maison de la Chasse et de la Nature à Belleville-enCaux, jusqu’en décembre. Un morceau de notre patrimoine à découvrir par tous, grands et petits, à l’occasion des vacances, par exemple.