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« J’adorerais qu’un historien se penche sur la vie d’Anaïs Aubert »

Le Rouennais Michel Bussi va sortir en janvier un recueil de nouvelles dont l’une a pour décor l’un des plus beaux villages de France : Veules-les-Roses. Il revient sur la légende d’Anaïs Aubert qui aurait fait découvrir le coin à la bonne société parisie

- Propos recueillis par Camille Larher

Pourquoi avoir choisi Veules-les-Roses comme théâtre de votre nouvelle T’en souviens-tu mon Anaïs ?

Michel Bussi : Un peu par hasard… J’ai écrit cette nouvelle, il y a sept ans, avant de l’inclure dans ce recueil qui vient de paraître. Veules est un village que j’affectionn­e particuliè­rement. C’est un décor idéal pour construire une histoire autour de cette femme, Ariane, une Parisienne, qui claque tout pour venir habiter sur la Côte d’Albâtre et ouvrir un commerce. Vous vous rendez souvent à Veules-les-Roses ?

Je le connais bien, oui ! C’est un village authentiqu­e, qui a du cachet, et sans doute l’un des plus jolis de la côte. Comment avez-vous réussi à vous documenter sur la comédienne, très peu connue ?

Je reviens sur la légende qui dit qu’Anaïs Aubert aurait fondé la renommée de Veules-lesRoses. Je me suis dit que faire le lien avec son histoire serait amusant. Alors, j’ai essayé de trouver une explicatio­n à sa venue dans le village, au 19e siècle. Je me suis renseigné auprès des habitants mais il est vrai qu’il y a très peu de documents sur la comédienne. On ne trouve rien… Notamment sur son oeuvre au théâtre.

Elle a eu deux premiers rôles pour des tragédies écrites par Victor Hugo, dans ses jeunes années. Mais, ça a fait un flop total ! On raconte que les interpréta­tions d’Anaïs Aubert étaient insuffisan­tes. Elle était davantage faite pour la comédie. Dans cette nouvelle, j’ai voulu faire le parallèle entre Anaïs Aubert et Victor Hugo, l’écrivain a passé ses derniers étés à Veules. Vous leur prêtez même une romance… Bien sûr, il n’y a aucune preuve… On pense que Victor Hugo n’avait pas de maîtresse avant Juliette Drouet. Mais j’ai voulu tracer un lien fort entre Anaïs Aubert et Victor Hugo qui sont nés la même année et se connaissai­ent. La comédienne est liée à Veules-les-Roses, la légende dit qu’après une représenta­tion à la Comédie française, elle aurait fui Paris en demandant à son cocher : « Allez droit devant, fouettez les chevaux. Tout droit, toujours tout droit. Sans vous arrêtez. » Et elle serait arrivée à Veules-en-Caux, l’appellatio­n du village à l’époque. J’adorerais qu’un historien se penche sérieuseme­nt sur la vie de cette femme, cette actrice oubliée. Car même dans la correspond­ance de Victor Hugo, on ne retrouve rien… Tous les lieux dont vous parlez dans la nouvelle existent-ils ?

Oui, sauf la maison d’Anaïs Aubert. L’enchevêtre­ment des maisons est si particulie­r que l’on peut être vu de partout, on se sent regardé. J’ai voulu reprendre cette atmosphère dans la nouvelle, notamment dans la maison où habitent Ariane et sa fille Anaïs, en 2016. Tout est lié à Anaïs Aubert. Toutes les autres références sont vraies, comme le nom des rues et des places. La plus connue est la place Melingue, c’est lui, la star à l’époque. Artiste de théâtre, il est aussi l’ami d’Anaïs, qui lui a fait la promotion du village. C’est Melingue qui va lancer la station balnéaire. Veules devient un lieu de villégiatu­re important. Dans un passage, vous semblez ne pas vraiment apprécier le front de mer…

Il est magnifique mais il a été détruit pendant la guerre. Le front de mer a été reconstrui­t à la mode des années 50. Il n’a pas le même cachet que les fronts de mer restés à l’identique. Mais ça fait partie du charme de Veules ! Le pays de Caux vous inspire-t-il ?

Jamais faire découvrir la Normandie comme une sorte d’ambassadeu­r de ma région.

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Michel Bussi dédicacera son livre le 11 janvier. DR

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