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À Dieppe, Clément Duyck le descendant d’une famille juive déportée découvre son histoire

Clément Duyck, arrière-petit-fils de Tsvila Herscovici, déportée le 6 novembre 1942 à Auschwitz, était présent à la pose de pavés de mémoire à Dieppe, le 8 mai, jour de commémorat­ion de la victoire des forces alliées sur l’Allemagne nazie.

- • Camille Larher

Deux pavés de mémoire ont trouvé leur place au 120 de la Grande-Rue, à Dieppe. Là où vivaient Tsvila Herscovici et sa fille Dora Kahana, avant d’être déportées au camp de concentrat­ion d’Auschwitz en 1942.

Cette mère de famille était marchande ambulante en bonneterie. Dora avait deux soeurs : Solange et Pauline. Le petit-fils de cette dernière, et donc arrière-petit-fils de Tsvila Herscovici, était présent à la cérémonie d’inaugurati­on de ces pavés de mémoire qui brillent désormais dans la rue commerçant­e dieppoise.

Clément Duyck vit à Paris, mais a passé son enfance à La Rochelle (Charente-Maritime). Il n’était jamais venu à Dieppe avant ce 8 mai. Sur les pas de ses ancêtres au destin tragique, l’arrière-petit-fils d’une déportée juive a pu tirer les fils de son histoire familiale.

Faire ressortir le passé

«Mon père n’est jamais parvenu à la raconter, commence-t-il. C’était trop dur ! Dans la cave de la maison, à La Rochelle, dans une malle, il y avait des photos, des lettres… Je l’ai ouverte avant la mort de mon père espérant faire ressortir le passé. Il parlait parfois de la tante Dora… ».

Le père de Clément Duyck est mort en juin 2018. « Ma mère Sylvia a classé tous ces documents, poursuit-il. C’est la matière utilisée par les élèves du collège Camus de Neuvillelè­s-Dieppe pour retracer l’histoire de ma famille. La mémoire de Tsvila et Dora n’a pas disparu avec mon père… »

Il se souvient de Nora Decharnia, professeur­e de français à Camus, qui l’avait contacté l’année dernière : « Une étrangère m’écrivait sur une étrangère. Ce message était la chance de pouvoir découvrir cette histoire familiale. Je me suis alors plongé dans les archives. Les visages sur les photos prenaient vie. »

Une profonde gratitude

«Je ressens une profonde gratitude pour les élèves du collège Camus », continue Clément Duyck.

En effet, depuis un peu plus d’un an, ils mènent un formidable travail pédagogiqu­e interdisci­plinaire pour retrouver les traces des Dieppoises Tsvila Herscovici et sa fille Dora Kahana, grâce à leurs professeur­s : David Gasse en histoire et Nora Decharnia en français.

La pose de ces pavés de mémoire est la consécrati­on de leurs recherches.

Les élèves de l’option danse se sont joints à ce projet pour proposer une chorégraph­ie hommage lors de l’inaugurati­on le 8 mai 2024. Elle a été créée par Bérengère Brehier, professeur­e au conservato­ire CamilleSai­nt-Saëns.

Des collégiens ont également lu des textes dédiés à Tsvila Herscovici et Dora Kahana.

Tandis que la violoncell­iste

Sonia Wieder-Atherton a joué en préambule de la cérémonie. De renommée internatio­nale, l’artiste avait accompagné l’entrée au Panthéon de Simone Veil.

« Nous sommes en train de vivre un moment extraordin­aire », déclare Nicolas Langlois, le maire de Dieppe.

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