Les femmes du littoral cauchois ont inspiré les peintres
Une conférence au cinéma Rex, à Veules-les-Roses, vendredi 12 avril, a permis de rappeler l’intérêt des peintres pour les femmes du littoral, notamment celles qui vivaient dans le pays de Caux.
Vendredi 12 avril, une conférence intitulée les Femmes du littoral dans la peinture à la fin du 19e siècle en Normandie, Bretagne et Nord de la France s’est tenue au cinéma Rex à l’initiative de l’ASPV, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine veulais et de la municipalité.
Le président de l’ASPV, Thibault Delorme, a présenté la conférencière Marie-Hélène Desjardins. Elle est historienne, conservatrice en chef du patrimoine en retraite et ancienne directrice du musée de Fécamp. À noter que cette conférence était précédée de la projection du film La jeune fille en feu de Céline Sciamma.
Les artistes sur le littoral
Grâce au développement du train, les artistes découvrent une population qu’ils ne connaissaient pas auparavant : les femmes du littoral. Il faut savoir qu’à l’époque, les femmes ne sortaient pas de chez elles.
Or, arrivés sur les plages, c’est un choc pour ces artistes : ces femmes échappent à l’enfermement domestique.
Bien que leur vie soit difficile, elles vivaient à l’extérieur. Elles devaient cette liberté à leur maîtrise des savoir-faire : elles étaient moulinières, pêcheuses de crevettes, ramendeuses (NDLR : réparer les filets de pêche) ou encore ramasseuses de goémon.
Les femmes à cette époque ne montraient pas leurs jambes. Or, les femmes du littoral, pauvrement vêtues, dévoilaient leurs mollets. Surpris, ébahis par ce genre de scène, les peintres s’emparent avec enthousiasme de ce sujet comme on l’a vu dans les nombreux tableaux montrés lors de cette conférence.
Les artistes de la fin du 19e siècle réagissaient de deux manières face au choc que leur procuraient ces femmes du littoral. Si certains artistes vont chercher à sublimer leur beauté, d’autres peintres, plus militants, étaient touchés par l’extrême pauvreté de ces femmes et par la dureté de leur condition qu’ils mettaient en avant sur leur toile.
Cette vie au grand air prenait fin avec l’apparition des sécheries et des conserveries où ces femmes étaient embauchées : leurs conditions de vie devenaient précaires et étaient rendues encore plus difficiles avec le travail de nuit.
Les bains de mer
D’autres femmes rencontrées sur les bords de mer servaient de modèles aux artistes de cette époque. C’étaient celles qui venaient prendre des bains de mer pour raisons médicales. Cette mode « des bains à la lame» venait d’Angleterre et se répandit sur les plages du littoral français.
La plage de Dieppe était une des premières plages à accueillir ces bains codifiés avec des maîtres nageurs.
Les scènes décrites par les peintres montrent alors des femmes avec de grandes robes munies de chapeaux et d’ombrelles.
Les femmes artistes
Par ailleurs, Marie-Hélène Desjardins a rappelé que se rendre sur le littoral a aussi permis à des femmes de participer à des ateliers artistiques en plein air. En effet, pour les femmes artistes, la reconnaissance a été un long chemin, car ce n’est que dans les années 1900 qu’elles ont été admises dans des écoles de Beaux-Arts. Les pionnières comme Berthe Morisot ont alors réalisé quelques toiles au bord de la mer.
■ La prochaine conférence de l’ASPV sur les sept vies du vieux château de Veulesles-Roses aura lieu vendredi 10 mai, salle Anaïs-Aubert.