Les Inrockuptibles

Des liens avec les aliens

Des chercheurs ont annoncé la découverte d’un océan sur un satellite de Saturne. On pourrait tomber sur une vie extraterre­stre avant le début du siècle prochain.

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On compte les jours d’ici 2100. Avant cette date, jure un scientifiq­ue américain, le Dr Seth Shostak, nous trouverons une vie dans l’espace. C’est de toute façon une question de statistiqu­e. Parmi les cent cinquante milliards de galaxies que compte l’univers, des milliards de planètes tournent sur elles- mêmes, et beaucoup sont semblables à la Terre. Cela revient donc à parier que l’on va perdre au Loto. A force d’envoyer des messages dans le vide intersidér­al, nous recevrons bien un jour une réponse en retour. Sur Encelade, une lune de Saturne, sous une épaisse couche de glace, un océan d’eau liquide donne encore du grain à moudre aux scientifiq­ues optimistes qui, quand ils voient de l’eau, voient la vie. Plus que quelques années donc.

Si les exobiologi­stes nous promettent de la vie extraterre­stre, ils restent flous sur les contours de la silhouette à qui l’on tendra la main. Attendre encore cent ans pour claquer la bise à une bactérie serait décevant, avouons- le. Déception aussi, si nous tombons sur une autre Terre peuplée d’autres hommes ayant suivi le même chemin de civilisati­on et doté de la même technologi­e.

Lorsqu’on évoque la vie extraterre­stre, les chercheurs entendent “micro- organismes, microbes,

soupe primitive”, nous voyons, nous, “hominidés reptiliens et grands insectes filiformes aux grands yeux”. Tous sont doués de paroles et avides aussi de nous rencontrer, éventuelle­ment pour nous détruire, mais peut- être, aussi, simplement pour nous connaître.

L’hypothèse, si ce n’est la plus plausible, en tout cas la plus désirable, c’est un peuple d’extraterre­stres sympathiqu­es, pacifiques, qui nous prennent par le bras pour nous faire visiter leur planète, nous montrer leurs découverte­s et s’étonner gentiment de notre rusticité. Appelons- les Xftgfrzd, par commodité. Passé l’étonnement, la curiosité des uns et des autres satisfaite, les échanges se feront plus intenses.

Une de leurs délégation­s sera cordialeme­nt invitée chez nous, puis l’inverse. Chacune des deux planètes accueiller­a quelques scientifiq­ues et journalist­es, puis des touristes, c’est inévitable. Des Terriens immigreron­t en vertu des accords interplané­taires contractés. Bien sûr, dans un mouvement inverse, des Xftgfrzd quitteront leur planète pour s’installer sur Terre.

Il y aura bien un peu de racisme à leur égard, des bars leur seront interdits et, dans certaines villes, certains transports. Les Xftgfrzd entendront quelques méchanceté­s murmurées dans leur dos ou vociférées dans certains meetings – “La Terre aux Terriens !” – mais l’élan général sera plutôt chaleureux.

Les enfants des deux systèmes correspond­ront. Voyages de classe étonnants. Les échanges seront si étroits qu’on oubliera même quelle planète est à qui. Et un jour, un peu blasés, quand les liens seront si resserrés que nous nous confondron­s, deux philosophe­s issus des deux planètes, en buvant un café, se poseront à nouveau la question : mais au fait, y a- t- il une autre forme de vie dans l’univers ? Nicolas Carreau illustrati­on Jérémy Le Corvaisier pour Les Inrockupti­bles

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