Rencontres de Maroussia Dubreuil et Alexandre Zeff

Un documentaire séduisant et subtil qui enregistre une dizaine de premières rencontres amoureuses. n été, à Paris ( semble- t- il). Une table de café, ou de restaurant. Un homme, une femme, qu’il ne convient pas encore d’appeler un couple, se font face. Une caméra, posée à quelques mètres sur une table voisine, enregistre leur conversation, sans aucune intervention extérieure, sans autre coupe que celle du montage venant organiser, a posteriori, une dizaine de rencontres amoureuses offertes à notre curiosité.

C’est ainsi le dispositif, minimal et répétitif, de ce beau film réalisé par Maroussia Dubreuil et Alexandre Zeff, au titre tout aussi minimaliste : Rencontres.

UTous deux acteurs de formation ( Maroussia Dubreuil étant également journaliste à So Film et au Cercle), ils ont déniché sur des sites de drague quelques âmes esseulées, de tous âges et toutes classes sociales, et les ont convaincues de se prêter à leur petit jeu : s’attabler, équipées d’un micro- cravate, et faire connaissance comme si de rien n’était.

La fascination exercée par le film tient à l’intimité ainsi révélée ( quoi de plus privé qu’une première rencontre ?) et au statut des images qui découle du dispositif. Sans rien savoir du film, on se demande longtemps s’il ne s’agit pas d’une fiction, tant les “personnages” semblent parfaits. Presque trop écrits. Presque trop acteurs. Sauf que non : petit à petit s’accumulent les indices de réel ( brefs regards- caméra, mouvements de gêne impossibles à recréer), et l’on se souvient que les documentaires les plus réussis sont souvent ceux qui paraissent plus étranges que la fiction. Le dernier plan, lent travelling arrière à la Apatow, avec violons de comédie romantique, vient brouiller un peu plus encore les lignes, et clore superbement le film. Jacky Goldberg