The Best Offer

De Giuseppe Tornatore

avec Geoffrey Rush, Jim Sturgess ( It., 2014, 2 h 11)

Giuseppe Tornatore signe un long pensum, entre love story et thriller grotesque. près le très kitsch feuilleton historique Baarìa, le champion de l’académisme italien Giuseppe Tornatore revient aux affaires avec un film en apparence plus modeste, The Best Offer. Il y est question d’un vieux marchand d’art misanthrope, respecté et craint par ses pairs ( Geoffrey Rush, infernal de cabotinage) qui, pour l’un de ses derniers contrats, doit inspecter les oeuvres d’un vaste manoir laissé à l’abandon. Au cours de ses recherches, il découvrira qu’une femme agoraphobe se cache depuis des années dans la demeure, vivant recluse derrière les murs et refusant tout contact physique.

Entre le vieil homme et la mystérieuse pensionnaire, que le film maintient longtemps hors champ, réduite à une voix sans corps, s’ébauche alors un début de romance, uniquement fondée sur de longues conversations à la faveur desquelles les deux amants se dévoilent peu à peu. Récit d’une love story incomplète, incarnée à l’image par un seul personnage, The Best Offer semble au départ être une sorte de variation de Her de Spike Jonze ou de L’Histoire d’Adèle H. de Truffaut, avec lesquels il partage un même dispositif, et une même lecture du sentiment amoureux comme pure invention fantasmatique.

Mais face au défi de mise en scène que représente un tel sujet, le cinéma platement illustratif de Giuseppe Tornatore affiche très vite ses faiblesses. Incapable de saisir tout le vertige schizophrène de sa romance hors norme, il finit par l’évacuer brutalement au profit d’un banal thriller psychologique lorgnant du côté d’Hitchcock. L’ampleur romanesque que vise alors le scénario, tout en rebondissements grotesques et digressions anecdotiques ( l’analogie pesante entre l’art contrefait et l’amour), clôt le film sur un air de démonstration de force roublard et parfaitement vain. Romain Blondeau

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