Secret story
Un documentaire musclé entretient le mythe de Wikileaks à son corps défendant.
Les dés sont légèrement pipés dès le départ puisque le titre de ce film réalisé par un ponte du documentaire américain, Alex Gibney, We Steal Secrets, est une phrase qui n’est pas prononcée par un membre de WikiLeaks, organisme dont le film tente de retracer l’histoire, mais par un ancien directeur de la CIA. Le but est donc de montrer WikiLeaks et son porte- parole, l’hypermédiatisé Julian Assange, comme une organisation pirate un peu foutraque, pas comme le nec plus ultra du nouveau journalisme objectif – qu’aimerait être WikiLeaks.
Ce doc est à prendre avec une certaine précaution, mais dans les grandes lignes, malgré sa manie bien américaine de tout scénariser qui l’oblige à remplir les trous artificiellement, il apprend tout de même des choses. Par exemple sur les débuts d’Assange, star du hacking australien, célèbre dès l’adolescence dans son pays pour ses actions controversées. Ce film est tout de même préférable à la grotesque fiction de Bill Condon sur WikiLeaks, Le Cinquième Pouvoir.
Outre son portrait diffracté d’Assange, surexposé, coincé pour une affaire de moeurs suédoise clairement bidon, le film montre le rôle important de l’Islande dans la montée en puissance ( publique) de WikiLeaks, et surtout celui du soldat américain Bradley Manning, auteur de la fuite d’une énorme masse de documents américains top secret. Lequel Manning, emprisonné sans procès, devient graduellement le cosujet du doc, la cyber- Cosette de ce mélo sur les aléas du monde virtuel… Vincent Ostria