Les visiteurs du soir
Le 8 avril, les “intermittents, chômeurs, précaires” ont occupé le plateau du 20 heures de France 2. Mais David Pujadas a rendu l’antenne avant qu’ils ne délivrent leur message. Droit de suite.
1 petit souci
La France a peur. Ce mardi 8 avril, un groupe de personnes envahit le plateau du journal télévisé de David Pujadas. Sur leurs petites pancartes, des feuilles A3 et A4, ces slogans : “Spectateurs solidaires”, “Pas de culture sans droits sociaux”, “PS, Medef, CFDT, FO, fossoyeurs de la culture”. Le présentateur, armé de son sang- froid, annonce d’une voix chaude l’interruption du 20 heures. “Voilà, petit souci, vous vous en rendez compte avec l’occupation du plateau. Nous rendons l’antenne, nous ne pouvons pas faire ce journal, bien sûr…” Bien sûr ? Cris de déception du côté des intrus venus pour lire un texte que les spectateurs du JT n’entendront pas.
2 petit accord
Le lendemain, tout le monde parle de l’interruption du journal mais personne n’évoque le fameux texte qui devait être lu à l’antenne. Les auteurs se présentent comme des “intermittents, chômeurs, précaires” et sont venus pour dénoncer l’accord du 22 mars réformant leur régime d’assurancechômage. “Nous avons sauvé le régime des intermittents, la solidarité interprofessionnelle est préservée”, s’était alors exclamée la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Depuis, d’autres se mobilisent et s’acharnent à dénoncer un système plus injuste ( concrètement, le nombre d’heures travaillées pour bénéficier de l’allocation chômage reste inchangé mais le taux de cotisation, lui, augmente), initié par le Medef pour des raisons jugées plus idéologiques qu’économiques.
3 grand soir ?
Face à ce coucher de soleil aux teintes rosées plus irréel que celui d’une fresque de Tiepolo et devant lequel se tient étrangement droit comme un piquet ce qui semble être un “monsieur de la sécurité”, le texte qui aurait dû être lu est le suivant : “Nous ne voulons pas vivre comme des esclaves. Nous voulons du temps pour penser et travailler d’autres mondes que celui de la concurrence de tous contre tous (…) Nous refusons de payer deux fois cette crise idéologique. Nous voyons la vie autrement, nous voulons vivre dignement.” Quelle prétention. Au verso d’une des petites pancartes, apparu furtivement à droite de l’écran, est inscrit en lettres capitales : “C’EST QUAND CANNES ?” Sous la plage, les pavés ? Diane Lisarelli