Chers Sophie Marceau et Francis Huster
Trente ans que j’attendais ça. Trente putain d’années, longues comme l’agonie de Bouteflika ou le procès Agnelet, à désespérer de voir arriver ce moment d’allégresse : la reformation du couple mythique de L’Amour braque, incommensurable nanar hustero- éthylique, avec Marceau de bravoure tête- à- gifles, signé Andrzej Zulawski.
Et puis voilà, ce que les producteurs de cinéma, pas complètement sadiques ni tout à fait masochistes, nous ont épargné pendant toutes ces années, c’est l’actualité du bla- bla permanent qui aura consenti à nous l’offrir. La même semaine à quelques jours d’intervalle, l’un et l’autre avez eu ainsi la grande idée d’ouvrir vos clapets pour déposer, tels des oeufs de Pâques, vos éclairages tellement puissants dans le jardin de nos mornes incertitudes.
Commençons par toi, Francis, jadis présenté comme un Gérard Philipe low cost, qui désormais vire Jean- Claude Van Damme, sans les stéroïdes ni l’humour belge ( quoique). Dans le JT de Delahousse, un dimanche soir où l’Ukraine n’avait jamais été si proche du chaos, tu t’invitas toi- même à donner des conseils en géopolitique et à interpeller, n’ayons peur de rien et surtout pas du ridicule, Barack Obama. “Il doit être patron du monde, t’emportais- tu, parce que si les Etats- Unis n’ont pas un patron, le monde tremble ! Des milliers de morts ! Est- ce qu’il aime vraiment ( ce monde) ? Je pense à tous ceux qui sont morts !” Tu pensais sans doute à nous qui étions, à ce moment- là, morts de rire, d’autant que tu venais de mixer dans une espèce de gloubi- boulga hallucinogène Manuel Valls, Hollande, Didier Deschamps et Poutine ! Bon, je veux pas te faire de la peine, mais Barack ne regardait pas France 2 ce soir- là, faudra songer à doubler ta requête par mail. En copie à Vladimir, ok ? Mais fort heureusement, alors que la palme d’or de la connerie outrecuidante semblait promise à tes grosses chevilles, ta partenaire d’antan vint te sauver la face avec une interview pour GQ.
L’électrice énamourée de Nicolas Sarkozy avait deux mots à dire à son successeur, à propos de ses incartades conjugales avec une concurrente de casting : “Tromper sa femme pendant un an et demi alors qu’on est président de la République !, s’insurgeait Vic de La Boum. C’est cinq ans, un mandat ! On ne lui demande pas d’être abstinent non plus, mais je me dis qu’il peut mettre ça un peu de côté.” Qualifiant l’adultérin Président de “goujat” et de “lâche”, pour qu’on lui adresse en retour un brevet de féminisme qu’elle ferait bien de conquérir ailleurs que dans Closer, l’actrice préférée des Chinois nous gratifiait ainsi de leçons de morale, oubliant que “l’abstinence” devrait aussi s’appliquer à la parole des people dont tout le monde se fout.
Je vous embrasse pas mais vous faites toujours un joli couple.