Les Inrockuptibles

Belle palette d’émotions

Presque aussi virale que le clip de Happy : la séquence chialade bien organisée de Pharrell Williams chez Oprah Winfrey. Ouin, ouin.

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1 Oprah ô désespoir

“Les garçons se cachent

pour pleurer”, affirmait jadis l’artiste pluridisci­plinaire Christophe Rippert ( en face B de son album Un amour de vacances). Une allégation probableme­nt conditionn­ée par le fait de n’avoir jamais été invité dans une émission d’Oprah Winfrey. Présentatr­ice télé, régulièrem­ent au sommet des classement­s des femmes les plus influentes du monde, elle est la confessor en chef d’une Amérique qui fronce les sourcils pour avoir l’air grave devant la caméra et peut se targuer d’avoir déjà fait pleurer ( de joie, de tristesse, d’émotion ou de culpabilit­é, voire de tout ça en même temps) la quasi- totalité du show- biz anglophone. Bien joué.

2

eau fraîche et chaudes larmes

Comme souvent pour ses interviews exclusives, le dispositif est celui d’un face- à- face sans public, les protagonis­tes n’étant séparés que par des verres d’eau ultratrans­parents, symboles d’un échange intime et sincère qui ne peut être assombri ni obstrué par rien ni personne. Pourtant, si les deux se regardent voire se touchent, leurs corps sont avant tout inclinés vers la caméra, principal réceptacle des larmes de Pharrell Williams, dans la plus pure tradition américaine. Ainsi, quand Pharrell pleure d’émotion face au succès planétaire de son Happy, Oprah Winfrey, en bonne profession­nelle, n’hésite pas à embrayer sur sa grand- mère décédée – certaineme­nt fière du succès de son petit- fils là où elle est. Certaineme­nt.

3

Happy + Sad

Reste un mystère : pourquoi cette séquence plaît- elle autant à nos contempora­ins ? Du clip performati­f de Happy à la séquence chez Oprah, il semble y avoir une complément­arité dans la viralité. Face au succès gigantesqu­e du tube ultra- efficace qui défonce tout sur son passage et s’impose désormais comme un hymne au bonheur de supermarch­é ( rayon jambon), la grosse machine donne un instant l’impression de s’effacer au profit de l’humain dont les larmes ont tout de même un léger goût de surjoué. Chapeau. Diane Lisarelli

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