Les Inrockuptibles

Le tatouage au musée

L’exposition Tatoueurs, tatoués présente la complexité et la richesse d’une pratique en vogue, née des marges et toujours en mouvement.

-

C’ est une première européenne”, souligne Anne, fondatrice de la revue Hey ! et à l’origine de Tatoueurs, tatoués. Alors que le tatouage se démocratis­e, cette expo prend du recul et tente une approche globale : explorer un territoire mal connu du grand public et décrypter ses dimensions esthétique et artistique comme son histoire multicultu­relle. “Les gens confondent popularisa­tion du tatouage et son état d’esprit, fait d’engagement… Beaucoup le vivent comme du show- off alors qu’il est ancré dans une histoire très forte”, explique- t- elle.

A l’heure de la mainstream­isation du tatouage, cette expo insiste sur les origines marginales d’un art toujours populaire. “Longtemps, tatoueurs et tatoués occidentau­x n’affichèren­t pas une préoccupat­ion du ‘ beau’ tel qu’entendu par l’art savant. Relié aux dites ‘ basses couches populaires’, l’acte était brut, sa vertu se lisait dans l’audace du fait. Il écrivait les premiers chapitres de son histoire moderne”, précisent Anne et Julien, les commissair­es, avant d’ajouter : “Puis, à la fin du XIXe siècle, certains tatoueurs imposèrent la qualificat­ion de ‘ tattoo artists’ pour exprimer la dimension artistique de leur travail. Ce terme instinctif rejetait toutes les distinctio­ns entre ‘ art savant’ et ‘ art populaire’.”

Pour l’anthropolo­gue Sébastien Galliot, conseiller scientifiq­ue, le tatouage écrit sa propre histoire : “La diversific­ation et le mélange des savoir- faire est un des facteurs de la démocratis­ation actuelle.”

L’exposition se compose de plusieurs axes : historique ; géographiq­ue et culturel entre Japon, Amérique du Nord et Europe ; renouveau du tatouage traditionn­el d’Asie et d’Océanie. Plus de 300 oeuvres sont exposées aux côtés de treize fausses parties du corps humain tatouées par des maîtres du g enre comme le Français Tin- tin, le Japonais Horiyoshi III, le Suisse Filip Leu ou l’Américain Jack Rudy. A. L.

Tatoueurs, tatoués du 6 mai 2014 au 18 octobre 2015 au musée du Quai Branly, Paris VIIe, quaibranly. fr

 ??  ?? Photos anthropomé­triques réalisées entre 1920 et 1940 à la préfecture de police de Lyon sous la responsabi­lité du docteur Jean Lacassagne, fils du fondateur de la police scientifiq­ue moderne
Photos anthropomé­triques réalisées entre 1920 et 1940 à la préfecture de police de Lyon sous la responsabi­lité du docteur Jean Lacassagne, fils du fondateur de la police scientifiq­ue moderne

Newspapers in French

Newspapers from France