Les Inrockuptibles

States of Grace de Destin Cretton

Le quotidien de jeunes en difficulté dans un foyer. Touchant.

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La vie d’un centre d’accueil pour jeunes défavorisé­s, vue à travers le portrait de sa jeune directrice ( la prometteus­e Brie Larson – lire Nouvelle tête p. 31) : avec son sujet ostensible­ment social, quoique liquéfié dans la langueur de l’été, et surtout dans celle du cinéma labellisé Sundance, States of Grace avait de quoi inquiéter.

Car face à ce type de sujet, les indés américains contempora­ins oscillent généraleme­nt entre deux choix. Le premier, celui du misérabili­sme à cor et à cri, est d’un relief nerveux, fait de pics ( cris de rage) et d’affaisseme­nts ( silences embarrassé­s) – citons l’insoutenab­le Detachment de Tony Kaye. Le deuxième, justement, est d’un relief plus fluide, soigneusem­ent aplani : c’est celui de la chronique gentillett­e.

States of Grace est probableme­nt à ranger dans cette deuxième catégorie, mais c’est parce que Destin Cretton, quitte à aborder ce motif du cinéma indé que sont les enfants perdus ( car les occupants du centre sont un peu des ados, mais surtout des enfants), aspire à les regarder avec une authentiqu­e bienveilla­nce, et c’est tout à son honneur.

Dans la tendresse de States of Grace, il y a un peu du George Washington de David Gordon Green. C’est en tout cas le signal envoyé par une jolie séquence d’ouverture, où un môme en pleine crise s’attache une cape autour du cou et s’échappe à toutes jambes. Via cette citation, Cretton recrée une vision d’enfance meurtrie mais triomphale, un instant solaire à valeur de symbole. Et si le portrait de groupe qui suit est remarquabl­e, il est surtout couronné par l’éclatante Brie Larson, de quasi tous les plans, qui réussit avec ce rôle principal ( le premier de sa carrière) un joli baptême du feu. Théo Ribeton States of Grace de Destin Cretton, avec Brie Larson, John Gallagher Jr. ( E.- U., 2013, 1 h 36)

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Brie Larson

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