Aux frontières du réel
The Red Road s’immerge en territoire indien pour une série à l’atmosphère prenante. James Gray a réalisé le premier épisode.
Filmer un autre monde, aux frontières de l’invisible : telle est l’ambition de certaines des meilleures séries américaines d’aujourd’hui, celles qui ont appris la leçon de Twin Peaks. Les petites localités perdues et les moeurs complexes qui s’y déploient ont le vent en poupe. Après ( entre autres) la Géorgie profonde de Rectify et la Louisiane redneck de True Detective, place aux forêts denses et aux routes inquiétantes du New Jersey dans la petite nouvelle The Red Road.
De l’autre côté de l’Hudson River, à une petite heure en pick- up de Manhattan, les Indiens Ramapough vivent dans une réserve dont les habitants alentour se méfient. Des tensions débutent quand un étudiant de New York disparaît. Bientôt, un jeune Indien se fait renverser par la femme d’un flic du coin. Au milieu, un couple mixte d’adolescents tente de s’amuser un peu, une famille s’étiole…
Dans des décors assez proches de ceux d’Heavy ( 1995), le beau film triste de James Mangold, l’atmosphérique The Red Road avance avec simplicité et persévérance, sans effets de manche, tentant de démêler des fils narratifs à la fois ténus et profonds. Sur ce territoire marqué par une histoire tragique, les enjeux immédiats semblent toujours recouverts par le poids du passé. Pour la première fois, James Gray ( The Immigrant) se frotte à la télévision en réalisant le captivant épisode inaugural, dont on retient notamment une engueulade mère/ fille et une scène de baignade mémorables. Lodge Kerrigan ( Clean, Shaven) en a réalisé deux autres. Malgré son extrême discrétion, The Red Road est une des belles découvertes de l’année. O. J. The Red Road saison 1, huit épisodes à partir du 24 avril, 22 h, Sundance Channel