Zadie Smith Ceux du Nord- Ouest
Gallimard, traduit de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson, 416 pages, 22,50 € Des amis se débattent avec leurs désillusions dans un quartier défavorisé de Londres. Un roman qui séduit avant de lasser.
Bien qu’installée à New York, Zadie Smith se replonge dans le quartier de Londres où elle a passé son enfance, le Nord- Ouest, loin du centre chic et friqué de la capitale. Elle y met en scène une poignée de personnages qui y vivent, ont grandi ensemble et sont maintenant à l’âge adulte : celui des choix, puis du regard que l’on porte sur la vie qu’on s’est choisie. Smith excelle à narrer ces moments où tout bascule. Le livre commence quand l’une des protagonistes, enceinte, laisse entrer chez elle une jeune paumée qui va réussir à lui extorquer quelques billets – sa naïveté donne lieu à des réprimandes de la part de son compagnon et de sa mère, et engendre chez elle doutes et culpabilité. Plus loin, un homme se rend chez son ex- girlfriend, qu’il a quittée pour une fille plus jeune. Elle erre chez elle, pathétique ; n’empêche qu’ils se retrouveront à faire l’amour – ce qu’il s’était juré d’éviter. Tout irait bien si l’écriture de Zadie Smith ne devenait agaçante à force de se vouloir expérimentale ( phrases sans points, etc.), et un peu trop gratuitement. Or, ce qui peut passer pour de la transgression aux USA passera pour de la naïveté aux yeux des Français, rompus depuis longtemps à la prose de Georges Perec, Jacques Roubaud et bien d’autres. Nelly Kaprièlian