Les Inrockuptibles

L’écran pour écrin

Avec Lagarce, Claudel et Corneille revisités par l’oeil de trois cinéastes, la collection La Comédie- Française fait son cinéma continue de séduire.

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Lumineuse idée de Muriel Mayette : confier depuis 2008 à des cinéastes la création d’un film original à partir d’un spectacle de la programmat­ion de la Comédie- Française. On le sait, rien de pire et d’antinomiqu­e que la captation cinématogr­aphique d’une pièce de théâtre, art vivant qui s’éteint quand on le réduit aux deux dimensions d’un écran… Sauf à greffer des oeuvres du répertoire théâtral au cinéma et abandonner les artifices du plateau pour le déplacer dans des décors naturels, plongeant alors les acteurs et le texte dans le coeur battant de notre temps.

Trois nouveaux titres viennent enrichir la collection. Trois pièces offertes au regard d’un cinéaste, qui en choisit le cadre et les comédiens de la troupe du Français. Juste la fin du monde de Jean- Luc Lagarce est réalisé par Olivier Ducastel et Jacques Martineau, qui travaillen­t ensemble depuis 1995, année de la mort de Lagarce, malade du sida.

C’est justement de cela que parle

avec Louis ( Pierre Louis- Calixte), venu rendre visite à sa famille après des années d’absence pour lui apprendre sa mort prochaine, et qui repart sans avoir rien dit après une journée de retrouvail­les marquée par la tension, l’incompréhe­nsion, les reproches, la joie et la tendresse aussi, et le chagrin d’un départ qu’il sait proche et définitif.

Juste la fin du monde,

Le film se déroule dans un pavillon de province baigné de la lumière du printemps et l’on y suit Louis, sa mère ( Catherine Ferran), sa soeur ( Julie Sicard), son frère ( Laurent Stocker) et sa belle- soeur ( Elsa Lepoivre) de la cave au salon, du couloir à l’escalier et des chambres à la forêt voisine, comme dans un labyrinthe dont le point central – ou l’issue – consistera­it à dire, au plus juste, ce qu’il en est des émotions causées par son retour. On y entend en voix off les monologues intérieurs des personnage­s, dans le même souffle que leurs dialogues. Tous sont justes et poignants et la langue de Jean- Luc Lagarce, répétitive, la pensée trébuchant sur les sentiments et se reprenant

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