Z’avez pas vu Mirza ?
L’artiste britannique Haroon Mirza fait résonner la Villa Savoye de Poissy dessinée par Le Corbusier. La démarche est iconoclaste : lorsqu’il s’est vu proposer de créer une oeuvre à la Villa Savoye, symbole de l’architecture moderne, Haroon Mirza a découvert les lieux les yeux bandés pour ne percevoir que leurs sons et vibrations. Depuis, l’expérimentateur londonien n’a toujours pas vu la maison. Sa démarche se veut politique et un brin provocatrice à l’égard des monuments nationaux. Il s’agit de dénoncer “la culture contemporaine qui exige que nous regardions”. Cette posture face à l’hégémonie de l’image lui avait permis d’obtenir le Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2011.
Initié par le Laboratoire artistique du groupe Bel dirigé par Silvia Guerra et Laurent Fiévet et en partenariat avec le Centre des monuments nationaux, son intervention constitue le deuxième volet d’un cycle de projets à réaliser dans des oeuvres de l’architecture moderniste. Entrant en résonance avec l’histoire de la villa – anciennement baptisée “Les Heures claires” – où la lumière est un élément architectural, son installation est un défi technologique. Réalisée dans l’atelier de Mirza, elle est composée de panneaux solaires alimentant des LED scintillantes dont les pulsations sont transformées en sons grâce à des amplificateurs.
Pendant ce temps, au Centre d’art contemporain de Saint- Nazaire, l’artiste présente Access Boot. S’inspirant du passé du Grand Café et puisant dans sa culture de DJ, il a monté un dispositif entre studio d’enregistrement et piste de danse où sont diffusés des extraits du film Le Bateau de Wolfgang Petersen. Tout en élaborant une forme propre d’écriture artistique, Haroon Mirza met en lumière les spécificités du lieu. Sophie Trelcat The Light Hours jusqu’au 29 juin à la Villa Savoye, Poissy ( 78) ; jusqu’au 4 mai au Centre d’art contemporain le Grand Café, Saint- Nazaire ( 44), www. grandcafe- saintnazaire. fr