“mon travail est toujours combatif”
Depuis quelques mois, le metteur en scène Rodrigo García dirige le Centre dramatique national de Montpellier, qu’il a rebaptisé Théâtre Humain trop humain. Celui qui a semé la polémique sur son passage s’assagira- t- il ? Rien n’est moins sûr.
Né en Argentine, Rodrigo García s’installe en 1986 en Espagne, où il fonde à Madrid sa compagnie, La Carnicería Teatro. C’est avec ce noyau dur de comédiens que l’auteur et metteur en scène enflamme les scènes hispaniques et françaises avec des spectacles décapants et splendides, comme Versus ou Gólgota Picnic – vilipendée par les chrétiens intégristes lors de sa présentation au Théâtre du Rond- Point en 2011. Une oeuvre d’une inestimable nécessité en un temps qui se situe, pour paraphraser Eduardo Mendoza, deux degrés au- dessus d’affligeant et un degré en dessous d’irrespirable. Noël 2013 nous fit un beau cadeau en le nommant à la direction du CDN de Montpellier, ex- Théâtre des 13 vents. A trois jours de la présentation de la saison d’un théâtre qui s’appelle désormais Humain trop humain ( hTh), Rodrigo García détaille son projet.
Qu’est- ce qui vous a donné envie de diriger le CDN de Montpellier ?
Rodrigo García –
C’est Laurent Berger, professeur à l’université de Montpellier, qui m’a appelé pour me demander si j’avais envie de présenter un projet. J’ai pensé : oui, pourquoi pas ? Après, c’est allé très vite. La présentation du dossier avait lieu fin novembre et la commission avec le jury mi- décembre. On a commencé à travailler le 1er janvier et j’ai effectué mon déménagement en huit jours. Avant l’arrivée de Nicolas Roux, le directeur adjoint du hTh, l’important était d’établir un contact avec la ville et avec les gens, pour les connaître, voir comment fonctionnait le théâtre. C’est à partir de là qu’on a imaginé un projet pour faire de ce théâtre un lieu vivant et ludique. A commencer par le hall, complètement transformé, où les activités proposées sont primordiales pour moi : proposer des concerts, inviter des DJ, montrer des vidéos.
Pourquoi avez- vous dissous votre compagnie, La Carnicería Teatro ? Aviez- vous un lieu où travailler à Madrid ?
Ce sont deux choses distinctes. Tout d’abord, je ne viens pas ici parce que j’ai besoin d’un lieu de travail. J’étais parfaitement bien chez moi avec ma compagnie. Je pouvais travailler avec elle comme je voulais et je gagnais trois ou quatre fois plus d’argent qu’en étant directeur de ce théâtre. Il faut que ce soit très clair. Je pense que c’est le ministère qui cherchait quelqu’un comme moi pour diriger le centre. J’ai dissous ma compagnie parce que je ne peux pas m’impliquer à 100 % dans autre chose que ce que je fais ici. Depuis mon arrivée, tout mon travail créatif a porté sur la construction de ce projet, mais je n’ai travaillé à aucune création personnelle et n’ai pas écrit une ligne. Cela dit, l’équipe se constitue de telle manière que je ne pense pas que ça va me bloquer dans mon travail ultérieurement.