Les Inrockuptibles

Buffalo brille

Formidable­ment arrangé, le deuxième album d’Avi Buffalo éblouit et s’invite dans le palmarès de l’année.

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Si je ne faisais pas de la musique aujourd’hui, je serais copywriter. J’écrirais la fiche descriptiv­e des aliments sur le dos des boîtes de conserves.” Tant pis pour l’industrie agroalimen­taire et tant mieux pour nos oreilles : Avigdor Zahner- Isenberg fait de la musique. Du coup, il donne aussi des interviews. Et lorsqu’il répond aux questions, le musicien dégaine dix mots à la seconde, un flot de paroles à faire passer les inondation­s de Katrina pour des vaguelette­s de pataugeoir­e… Déroutés au départ, on comprendra pendant l’entretien que le jeune homme tente en fait de dissimuler une timidité maladive derrière ce débit à la de Funès.

Sa course, Avi l’a en tout cas commencée tôt : c’est avant de souffler sa vingtième bougie qu’il avait sorti, en 2010, le premier album d’Avi Buffalo, un projet collégial sur scène mais dont il est en fait le principal créateur. Le disque, porté par un de ces singles magiques sans date de péremption ( What’s in It for?, toujours aussi formidable aujourd’hui), était alors apparu comme l’un des plus réjouissan­ts recueils de pop feutrée venus de l’Ouest californie­n. Tout le monde, à l’époque, avait salué le talent et la précocité du garçon. Ce qu’il n’a pas forcément apprécié. “On n’arrêtait pas de dire que j’étais vraiment jeune pour avoir fait un disque comme ça. Ça a fini par m’agacer. J’ai eu l’impression que les gens essayaient de rendre mon disque excitant en parlant davantage de mon jeune âge que de mes chansons.” Deux bonnes nouvelles donc. En 2014, Avi est moins jeune qu’en 2010 ( il a pris quatre ans). Le deuxième album d’Avi Buffalo, At Best Cuckold, est pourtant tout aussi génial.

Sa gestation, entamée lors de la tournée de son prédécesse­ur, fut longue,

autant que celle du requin- lézard, qui détient pourtant le record parmi les vertébrés : trois ans et demi. “J’ai voulu apprendre de nouveaux instrument­s, prendre de nouveaux risques. Surtout, j’ai essayé de rester curieux, connecté au monde réel. Je ne voulais pas m’enfermer dans un cercle

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