Les Inrockuptibles

Cadres supérieurs

Nouvelle exposition du jeune peintre Jonathan Binet où s’affirme son travail sur les limites du tableau.

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L’ accrochage est serré, les tableaux ne sont pas bord à bord ainsi que Jonathan Binet l’avait envisagé en premier lieu, mais quand même très proches, et certains s’accolent pour faire diptyque. Or, la plupart ont des formes irrégulièr­es, voire aberrantes, ce qui donne l’impression qu’ils se poussent du coude. Celui- là par exemple s’arrondit en demi- cercle, se prolonge en rectangle tronqué et finit par dessiner un triangle pointu, affublé d’un goître.

Devant ses châssis pas commodes à entoiler, Binet ne fait pas dans la dentelle : il les habille à la va- vite et la toile tireboucho­nne, pendouille, emmaillott­e deux châssis. Savoir quoi y peindre devient accessoire puisque ces assemblage­s dessinent d’eux- mêmes des lignes compliquée­s. Les toiles restent donc vierges… et beiges. Ce qui a le don d’agacer Binet, tiraillé, comme toute l’exposition, entre un travail sur les alentours et les contours du tableau et puis un travail sur son centre, sur sa surface au moins, par trop délaissée. L’artiste réclame à ses toiles et à lui- même “de se faire violence” et de mettre un peu plus de jus, d’être indépendan­tes et de défendre leur pré carré. Ce qui passe notamment par l’usage de la couleur. Ce qui saute aux yeux dans cette nouvelle expo du jeune artiste à qui tout et tout le monde sourient depuis ses débuts il y a trois ans, c’est cette volonté de densifier le travail. Comme un aveu de ce que les précédente­s exposition­s, où l’espace était occupé de manière parsemée, en pointillé, avec des échos distants entre les pièces ou des bribes de pièces, préparaien­t les terrains à une plus sûre ( plus mûre) conquête de la peinture elle- même. Judicaël Lavrador Jonathan Binet jusqu’au 25 octobre à la galerie Gaudel de Stampa, Paris VIe, gaudeldest­ampa. fr

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