Les Inrockuptibles

Twitter tout- puissant

Alors qu’ils ne composent qu’une partie infime du public, la télé accorde- t- elle trop d’importance aux avis des twittos ?

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Mathilde Serrell, en osant critiquer Twitch, a déclenché une tempête de tweets

C’ est la polémique qui est venue gripper la rentrée en fanfare du Grand Journal. Le vendredi 29 août, à propos du récent rachat de la plate- forme de jeux vidéo Twitch par Amazon, la chroniqueu­se Mathilde Serrell évoque “une nouvelle addiction sur le web”, à laquelle Antoine de Caunes réagit sur un ton caustique. Si sur le plateau ou dans le public personne ne s’émeut, sur Twitter les gamers s’indignent et réclament des excuses voire la démission de la nouvelle chroniqueu­se.

Face à la rafale de tweets, Antoine de Caunes choisit de s’excuser et il le fait, comme il se doit, sur Twitter, conférant à cette polémique inhérente à la twittosphè­re une dimension nationale. Selon une source interne à la chaîne, ils seraient environ cinq mille à live- tweeter régulièrem­ent Le Grand Journal pour à peu près un million de téléspecta­teurs, soit 0,5 % des personnes qui la regardent.

Le Grand Journal n’est pas la seule émission à tenir compte de l’avis des twittos. En début d’année, suite à son interview de Pharrell Williams où elle était affalée sur un canapé, la chroniqueu­se Enora Malagré avait été obligée de s’excuser après avoir été étrillée sur Twitter. “C’est vrai que l’on accorde beaucoup d’importance à un groupe qui est finalement assez réduit au regard de l’ensemble des téléspecta­teurs”, analyse un réalisateu­r de Canal+.

Contrairem­ent aux pétitions ou aux courriers des lecteurs qui ne sont pas nécessaire­ment visibles, les tweets ont une véritable résonance puisqu’ils sont lisibles par tous et regroupés sur un réseau social lui- même très consulté par les journalist­es, qui l’utilisent pour savoir si une émission est bien ou mal accueillie.

Pour les chaînes de télévision, Twitter reste le seul endroit public qui apporte un retour direct sur leurs émissions grâce au hashtag ( mot- clé) qui permet de concentrer facilement toutes les discussion­s sur un même sujet. Ainsi, nombre de présentate­urs adoptent un profil web- friendly pour amadouer cette communauté d’internaute­s qui se révèle extrêmemen­t réactive, potentiell­ement influente et dont la capacité de nuisance peut être redoutable. Il s’agit donc de séduire – ou de ne pas contrarier – une infime minorité des téléspecta­teurs – car elle est la plus audible.

Ce prisme a ses limites. Une émission bénéfician­t de tweets plutôt positifs peut avoir une très faible audience ( Le Before) et inversemen­t une émission très populaire peut n’avoir aucune visibilité sur Twitter ( Vivement dimanche). Les twittos ne sont pas près d’obtenir le scalp de Michel Drucker. David Doucet

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