Les Inrockuptibles

La fille du vent

Cinq ans après le tube Beautiful Tango, Hindi Zahra a appris de nouvelles danses : un deuxième album de soul mondiale comme une odyssée vertigineu­se.

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Deux rencontres à cinq ans d’intervalle, et avant même de commencer l’interview, une histoire qui se raconte sur son visage : Hindi Zahra est plus affûtée et intense, d’une beauté d’ascète ou de danseuse, grave et harmonieus­e à la fois, diffusant une sérénité sans fard. Il y a cinq ans, la Marocaine de Paris (elle est arrivée en France à l’âge de 12 ans) sortait son premier album, Handmade, dont le Beautiful Tango fait encore danser nos souvenirs. Cet album s’appelait Handmade parce qu’elle l’avait fait seule, à son rythme, à son cap, comme une déclaratio­n d’indépendan­ce.

Hindi Zahra aime annoncer la couleur : elle revient donc aujourd’hui avec un album titré Homeland. Pas en référence à la série américaine où une blonde chtarbée de la CIA affronte les barbus du Moyen-Orient, mais parce qu’elle l’a conçu et largement enregistré sur sa terre natale, le Maroc. “J’y suis allée juste après la fin des tournées du premier album. J’avais fait quatre cents concerts en deux ans et demi, j’étais fatiguée, usée physiqueme­nt. J’ai décidé de passer un an à Marrakech, seule, pour me reconstrui­re.” Avec deux chats et une connexion internet, elle se pose dans un riad de la médina, un lieu emblématiq­ue de la suite de son histoire : à la fois fermé, protégé, et ouvert sur le ciel et l’extérieur. “Ce que j’ai mis en place dans ma vie, c’est une vraie descente vers les abîmes, le silence et la solitude. L’objectif, c’était de me perdre, de lâcher prise pour libérer des choses, trouver une musique qui allierait les mélodies et la transe.”

A son rythme, elle travaille sur les fondations rythmiques de ses futures chansons.

Le percussion­niste Rhani Krija la rejoint. Un micro installé dans la cour, des instrument­s étalés partout, et un an de travail et de recherche pour mettre les chansons en condition. Une mise en route, le début d’un voyage. Quand elle sort de Marrakech, Hindi Zahra va dans des grottes entre Essaouira et Agadir, puis en haut des montagnes d’où l’on voit l’océan et l’horizon infini. Ses chansons prennent forme, la forme ample de voiles gonflées et menées par le vent d’altitude. Transports de fonds : des voyages réels (Cuba, l’Andalousie, la Jordanie, l’Egypte, l’Italie) se confondent avec son imaginatio­n et ses amours musicales (Miriam Makeba, Nina Simone, Cesaria Evora, la soul américaine, la musique brésilienn­e). “Je n’ai pas fumé du kif pendant trois ans pour rien, j’étais dans un rêve, entre la réalité et l’illusion”, dit Hindi.

Dès la première chanson de l’album, To the Forces, Hindi Zahra prend position :

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