Simon Porte Jacquemus
Ce jeune homme solaire insuffle énergie pop et fantaisie dans la mode. Adopté par Lady Gaga, il s’apprête à présenter “Valérie”, une nouvelle collection inspirée par sa mère. Dans dix ans, la mode va ressembler à quoi ? Je suis un rêveur, j’espère qu’on va aller vers plus de poésie, de “vrai” et moins d’icônes fashion américaines. La mode actuelle manque d’histoires. On me parle souvent de vêtements, j’en parle très peu. Le moteur de la création se situe ailleurs. J’aimerais qu’on renoue avec l’émotion et la fantaisie palpable de la fin des années 80. Plus de 160 000 personnes te suivent sur Instagram. Tu penses que la forme du défilé est anachronique ? J’étais contre les défilés, je voulais faire des tableaux, des propositions plus artistiques. Mais je me suis rendu compte que le moment du défilé est tellement spécial pour le créateur et l’audience qu’il est irremplaçable. Plus j’ai de liberté et plus j’ai envie d’utiliser cette forme pour créer une expérience. Je m’en fiche de montrer deux looks ou dix. Ce qui m’importe, c’est ce qui se transmet et qu’on ne peut pas partager autrement. La mode, avant d’avoir le bon styliste ou le bon photographe, c’est une énergie. J’utilise beaucoup Instagram. J’adore cette époque. Dans la mode, je veux ne mettre aucune barrière entre les gens et moi. Ton idéal, c’est de rester indépendant ? Oui. Jacquemus n’est pas un pied d’appel, je n’essaie pas de me faire un CV. J’ai déjà refusé des maisons. L’excitation, c’est de faire ce que je veux et de continuer à faire exister la fille Jacquemus. Elle est brute, naïve, comme dans l’enfance, Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée ou Isabelle Adjani dans L’Eté meurtrier. propos recueillis par Géraldine Sarratia