Reda Kateb
Repéré chez Audiard (Un prophète), plébiscité aux derniers César (meilleur acteur dans un second rôle pour Hippocrate), il tourne actuellement le film de Wim Wenders, Les Beaux Jours d’Aranjuez. Vous n’avez pas cessé de tourner depuis votre révélation en 2009 dans Quel regard portez-vous sur les cinq dernières années de votre carrière ? Le cinéma français m’a donné du crédit et m’a permis de m’ouvrir à d’autres imaginaires, d’autres personnages que ceux auxquels on me réduisait à mes débuts. Si l’on regarde bien, il y a une cohérence nette dans tous mes choix de films. Je veux défendre un cinéma en prise avec la réalité. Un cinéma qui préfèrera se glisser dans le réel plutôt que d’imposer sa vérité de fiction. Vous privilégiez aussi les premiers films. Avez-vous l’impression qu’une nouvelle génération d’auteurs émerge ? Les lignes bougent. C’est la fin d’un cinéma de paillettes. Le star-system n’est pas mort, certes, mais d’autres champs s’ouvrent et d’autres langues apparaissent. Des artistes comme Thomas Cailley ou Céline Sciamma réinventent les formes ; ils cherchent d’autres manières d’appréhender le cinéma. Ils appartiennent à toute une génération d’auteurs désinhibés, qui veulent enfin donner du relief au réel. Vous venez de présenter votre premier film en tant que réalisateur au Festival de Cannes, le court métrage Une nouvelle perspective ? Ce film était une respiration, un nouvel espace de liberté. Je l’ai fait sans véritable enjeu mais je crois qu’il m’a ouvert une porte. J’aimerais un jour tourner un long métrage. Mais pas maintenant, ni dans un futur proche. Il me faudra une histoire forte pour me relancer dans ce genre de défi très particulier. propos recueillis par Romain Blondeau
Un prophète.
Pitchoune.