Edouard Louis
Salué par Annie Ernaux, son premier roman En finir avec Eddy Bellegueule sur son enfance dans un milieu pauvre et les humiliations subies parce qu’homosexuel a été la révélation de l’année 2014. Un succès accompagné de controverses sur les rapports entre vérité et littérature. A 22 ans, il vient d’achever son deuxième livre. Renouveler la littérature, cela vous semble encore possible ? C’est d’abord la société dans laquelle on vit qui doit être transformée dans le sens de la réduction de la violence. Alors, la littérature doit trouver des formes nouvelles pour s’acharner à provoquer le renouvellement du présent dans lequel on vit. Que pensez-vous avoir apporté de nouveau ? J’ai fait de la littérature avec ce que la littérature exclut la plupart du temps pour être considérée, légitimée comme littérature : le langage des plus dominés, la violence dans tout ce qu’elle a de plus cru et laid, la sociologie, l’exigence de vérité poussée le plus loin possible, jusqu’à énoncer des réalités d’habitude renvoyées du côté de l’intime. J’espère aller encore plus loin. Je crois que tout acte de création littéraire devrait être en même temps une réflexion critique sur la littérature : qu’est-ce que la littérature bannit pour être littérature ? C’est à partir de cette question que j’ai écrit. Quel rôle attribuez-vous à la culture ? Nous émouvoir et nous révolter. propos recueillis par Elisabeth Philippe Il mène par ailleurs une réflexion sur les usages scientifiques de la littérature et sur les méthodes de l’histoire intellectuelle. Une voix forte en France, très riche dans le renouvellement de ses approches (Boucheron, Bertrand…). J.-M. D.