“le cinéma doit faire des choses insensées” Miguel Gomes
Les Mille et Une Nuits de est l’événement cinématographique de l’été, avec la sortie successive de ses trois volets. Un extravagant film-monstre sous forme de fable pour explorer la crise que traverse le Portugal.
Emergeant de la riche pépinière portugaise avec La gueule que tu mérites et Ce cher mois d’août, Miguel Gomes a ferré le grand public cinéphile international avec l’élégiaque Tabou, succès critique et commercial. Il se présente aujourd’hui armé d’un fabuleux film-monstre qui a déjà fait événement à Cannes, Les Mille et Une Nuits, enchâssement foisonnant de récits et de registres hétérogènes, généreuse coulée de cinéma absolument gomésienne où miroitent néanmoins des reflets de Pasolini, Godard, Moullet, Honoré ou Guiraudie. On pourrait méprendre Gomes pour un ludion facétieux, prompt à la provocation et au rire narquois obligatoire, mais quand on discute avec lui, c’est plutôt le jeune homme doux et mélancolique qui ressort, ayant pour moteur une croyance au premier degré dans les vertus du cinéma comme moyen de transport entre le réel et l’imaginaire. La puissance transgressive de Gomes est naturelle, dénuée de tout volontarisme, fruit de son approche libertaire du cinéma, à la seule écoute de sa curiosité et de ses intuitions.
Avant de faire des films, tu étais critique ? Miguel Gomes –
Oui, au siècle passé, pendant les années 90. J’étais connu pour écrire des méchancetés sur les autres films et c’est la raison pour laquelle j’ai commencé à faire des films. Le milieu du cinéma s’est dit “donnons à ce connard la possibilité de réaliser un film et on verra comment ça se passe. Il se rendra compte que c’est difficile de faire un film” ! En effet, mon premier court métrage était affreux. Mais personne ne s’en est rendu compte et on m’a donné la possibilité de continuer et de m’améliorer.
Tu écrivais quels types de papiers ?
J’écrivais dans Publico, un peu l’équivalent de Libération. J’ai surtout écrit sur les films que j’aimais. Je pense que l’exercice critique, c’est certes de l’analyse, mais ça dit surtout beaucoup sur l’expérience de spectateur de cinéma. Cette expérience est sous-estimée, or je pense qu’il existe de bons et de mauvais spectateurs. Désolé, mais être un bon spectateur de cinéma n’est pas donné à tout le monde.
Quelles qualités font le bon spectateur ?
Dans un film, il y a ce que disent le récit et les personnages, et il y a un récit plus secret qui est