Les Inrockuptibles

Love & Mercy de Bill Pohlad

L’émouvant portrait en deux époques d’un des plus foudroyant­s mythes de la pop : Brian Wilson, illuminé période Pet Sounds, puis en casimole chimique dans les années 80.

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Quand je vivais à Los Angeles, je croisais parfois Brian Wilson dans un coffee-shop, ou chez Tower Records. Il était svelte, élégant, mais affublé de tics faciaux bizarres, d’une démarche un peu gauche, et d’une lueur d’enfant apeuré dans le regard. Il était chaque fois accompagné d’un jeune homme blond au look de surfeur (ironie noire), et parfois d’un autre homme qui semblait le couver de loin tel un père fouettard surprotect­eur. J’ai vite su que le surfeur était son accompagna­nt-garde du corps permanent et que l’autre homme était le docteur Eugene Landy, son psychiatre abusif qui le bourrait de médocs.

Pour avoir vu ces scènes étranges du purgatoire d’une icône pop absolue, je peux assurer que la partie années 80 de Love & Mercy semble assez proche de la vérité. Bien qu’elles puissent parfois paraître exagérées ou caricatura­les, l’emprise du démoniaque docteur Landy, les manières d’enfant terrorisé de Wilson, la bataille affective, psychologi­que et juridique de sa nouvelle amie, Melinda, pour l’arracher à sa prison dorée, semblent assez réalistes pour qui connaît ce pan tragique de l’histoire de Brian Wilson. Le film de Bill Pohlad alterne ce passé très récent et très bad vibrations avec la période 6667-68, celle de Pet Sounds, Good Vibrations et Smile, qui fut à la fois le début du long tunnel médico-psy et l’acmé créative de celui qui fut l’un des trois ou quatre authentiqu­es génies de l’histoire de la pop. C’est aussi la part la plus émouvante et passionnan­te du film.

Pohlad passe rapidement sur l’enfance des frères Wilson sous la coupe d’un père

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